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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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petite terrasse qui surplombe les berges de la Seine ?…
    – Tout cela est bien vrai, mais qu’est-ce que cela peut vous faire ?
    Lanthenay poussa un cri déchirant et s’affaissa.
    La commotion qu’il venait d’éprouver était si violente qu’une cervelle moins froide que la sienne n’y eût pas résisté.
    Il ne savait plus s’il était arrêté, enchaîné, pourquoi…
    Il n’y avait plus rien au monde que ce fait exorbitant :
    C’est qu’il reconnaissait,
comme s’il l’eût habité,
l’intérieur de l’hôtel du grand prévôt !
    Pourquoi ces souvenirs qui s’éveillaient en lui ?
    Lanthenay essaya d’abord de se persuader qu’il se trouvait en présence d’une simple réminiscence.
    – Voyons, je serai entré un jour ici… j’aurai traversé la cour… j’aurai franchi la porte à la lanterne de fer… j’aurai franchi le jardin dans toute sa longueur… Quand ai-je fait cela ? Je l’ai fait sûrement, puisque la seule vue de la cour m’a rappelé une foule de détails… Voyons… ne perdons pas la tête… Quand et à quelle occasion suis-je entré dans l’hôtel ?… Remontons le cours des années… Non… oh ! non… je ne retrouve pas ! Jamais je ne suis entré dans l’hôtel… jamais !… jamais !…
    Il voulut prendre sa tête à deux mains, et s’aperçut alors qu’il était enchaîné. Il s’accroupit, ferma violemment les yeux… Pourtant il était dans la nuit noire… mais cette nuit même gênait son effort…
    – Jamais je ne suis entré !… Voyons… peut-être quelqu’un qui est entré m’a-t-il exactement dépeint l’intérieur… et cette description m’est restée dans la tête ? Qui m’a dépeint ce que je vois ?… Qui ? Oh ! personne ! personne !
    Il haletait, sentait craquer en lui ses nerfs…
    – Si je remonte le cours des années, aussi loin que j’aille, je me vois à la Cour des Miracles… Là… peut-être quelque truand qui aura été arrêté m’aura raconté… Mais non ! Oh ! ces éclairs qui traversent mon cerveau ! Oh ! Est-ce que le truand m’aurait raconté ce que je vois ! Je vois ! Je vois !… L’escalier de pierre qui conduit là-haut… là… le vaste vestibule… puis le cabinet où travaille un homme jeune et souriant… puis la chambre où je suis… oh ! voyons… comment suis-je ?… je suis debout… près d’une jeune femme… et quelqu’un devant nous travaille… Qui est ce quelqu’un ?… Je vois !… c’est un peintre… il fait notre portrait… mon portrait à moi… et celui de la jeune femme… ma mère… ma mère !
    Ce mot « 
ma mère ! »
fît, pour ainsi dire, explosion dans la pensée de Lanthenay en même temps qu’il jaillissait de ses lèvres en une rauque clameur discordante.
    Si rien n’avait été changé à la disposition de l’hôtel, il pouvait en retracer les moindres détails, depuis la grande salle de réception jusqu’à l’office, depuis la chambre où se trouvait son lit, un petit lit en forme de bateau, avec rideaux de mousseline, jusqu’aux écuries où il allait parfois regarder les chevaux, jusqu’au corps de garde où les soldats lui faisaient toucher les immenses hallebardes et le prenaient dans leurs bras…
    Il avait habité l’hôtel. Sa première enfance s’y était écoulée. Il y était né !
    Alors, la conclusion se dressa devant lui, effrayante, horrible :
    C’est qu’il était le fils du grand prévôt !
    Il essaya d’abord de se convaincre que cette conclusion n’était pas absolument rigoureuse. Il pouvait être né dans l’hôtel, au moment où il était habité par quelque autre.
    Mais il était notoire que M. le comte de Monclar avait toujours occupé l’hôtel de la prévôté depuis qu’il avait été investi des terribles fonctions dont il s’acquittait avec une si froide et si constante cruauté.
    Il était non moins notoire que M. de Monclar était grand prévôt depuis plus de trente ans.
    Lanthenay, convaincu qu’il était bien le fils du grand prévôt, ne songea pas une minute que cela pouvait le sauver. Cette conviction ne lui apporta qu’une nouvelle douleur.
    L’acharnement de Monclar avait tué Dolet.
    Voilà, surtout, ce qui surnageait de sa méditation : il était le fils de l’assassin d’Etienne Dolet !
    La nuit avançait.
    Un peu de calme revenait lentement dans l’esprit du jeune homme.
    Il n’avait pris aucune résolution en ce qui concernait Monclar.
    Il n’était pas probable

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