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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qu’il le revît, pensait-il.
    Nous devons ajouter que Lanthenay ne savait pas son supplice si proche. Il s’attendait à passer en jugement et ignorait la résolution que le grand prévôt avait prise.
    Toute cette partie de la nuit s’écoula donc sans qu’il eût arrêté son esprit sur son supplice.
    Cela ne lui apparaissait que comme une chose vague et lointaine.
    Il songeait seulement qu’il venait de retrouver son père, et que loin d’en éprouver une joie, il n’en ressentait qu’une sorte d’horreur dont il n’arrivait pas à triompher.
    Ce fut à ce moment qu’il entendit le bruit des verrous de son cachot.
    La porte s’ouvrit : M. de Monclar apparut.
    Le grand prévôt s’était levé de son fauteuil en disant :
    – Il faut que je descende voir cet homme !
    A ce moment-là, il était quatre heures du matin.
    Il y avait au rez-de-chaussée, un corps de garde où dormaient quelques geôliers. C’est à cette salle que commençait l’escalier qui descendait vers les cachots.
    – Venez m’ouvrir la porte du prisonnier, dit Monclar.
    Le geôlier auquel il s’adressait prit les clefs.
    – Monseigneur descend seul ? demanda-t-il.
    – Oui, Pourquoi cette question ? fit le grand prévôt.
    L’homme s’arrêta, embarrassé. Car ce lui était en effet une grande audace que d’interroger le grand prévôt, même quand la question lui était dictée par un bon sentiment.
    – Monseigneur me pardonnera, bredouilla-t-il.
    Au bas de l’escalier, il y avait un caveau en forme de rotonde. Autour de cette rotonde, cinq ou six portes massives, bardées de fer, munies de verrous énormes.
    Le geôlier se dirigea vers l’une des portes.
    Mais Monclar l’arrêta par le bras.
    – Tu m’as posé une question, là-haut ? demanda-t-il.
    Question bien simple pourtant et à laquelle, en tout autre moment, le comte de Monclar n’eût prêté qu’une médiocre attention… Mais il était dans une situation d’esprit telle que les choses les plus insignifiantes prenaient un relief extraordinaire.
    – Oui, monseigneur, répondit le geôlier tremblant.
    – Répète-la…
    – Puisque monseigneur l’ordonne !… Je demandais à monseigneur s’il descendait seul dans le cachot du prisonnier.
    – Seul !… Qu’entends-tu par là ?
    – Je voulais savoir si monseigneur ne se ferait pas escorter de quelques gardes…
    – Ah ! ah ! fit Monclar avec un sourire. Tu avais peur pour moi… Merci, mon brave !
    – C’est que, monseigneur… fit le geôlier enhardi.
    – Parle franchement, je te l’ordonne.
    – Eh bien, monseigneur, le prisonnier est devenu fou !
    – Fou !… Allons donc !…
    – Oui, monseigneur, fou ! Tout ce qu’il y a de plus fou ! Et on dit que les fous acquièrent une force extraordinaire… je pouvais donc croire…
    Monclar demeura un moment tout songeur.
    – Et comment sais-tu que cet homme est devenu fou ? demanda-t-il alors. En quoi consiste sa folie ? A-t-il crié, menacé ?…
    – Non, monseigneur…
    – Alors ?…
    – Alors, voilà, monseigneur. Lorsqu’il est arrivé, ou plutôt lorsqu’on l’a transporté dans l’hôtel, au moment où la charrette s’arrêtait dans la cour, il est revenu de son évanouissement, il a ouvert les yeux, regardé autour de lui… Les soldats qui l’entouraient l’ont vu pâlir comme s’il eût reçu sur la tête un autre coup aussi bien asséné que celui qui l’avait mis en cet état…
    – Achève donc !
    – Eh bien, les soldats l’ont donc vu pâlir, et l’ont entendu s’écrier :
Je deviens fou :…
Et il est certain qu’il avait l’air très singulier, monseigneur.
    Monclar haussa les épaules.
    – Mais ce n’est pas tout, monseigneur, fit le geôlier qui tenait à donner à son chef une preuve de sa sagacité et peut-être par la même occasion préparer son avancement.
    – Qu’y a-t-il encore ?
    – Ce qui me reste à dire est encore plus curieux, monseigneur… Vous saurez donc que vers la fin de la journée, je suis descendu voir le prisonnier. C’était l’heure où je devais lui porter à manger. Je me suis donc muni d’un pain réglementaire et d’une cruche d’eau et je suis descendu.
    – Continue ! dit Monclar d’un ton bref.
    – J’y arrive, monseigneur. Me voilà donc descendu. Je pose la cruche dans un coin, près du prisonnier. Bon. Je lui montre le pain. Bon. Je reprends ma lanterne et je me dispose à me retirer. Alors, monseigneur, voilà

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