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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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rien fait que de songer à la Gypsie.
    Pas un instant, devant cette rêverie qui fut profonde, il ne pensa à Lanthenay.
    Lanthenay ne comptait pas, n’existait pas. Mais la Gypsie prenait dans son esprit une importance énorme.
    Minutieusement, il se retraçait les rares incidents où il s’était trouvé en contact avec elle et il cherchait à se rappeler avec précision ses paroles, ses gestes, sa physionomie, la signification de son regard.
    Or, toutes ces choses se rattachaient, s’enchaînaient à deux faits :
    Le premier… la bohémienne venant lui demander la grâce de son fils.
    Le deuxième… la bohémienne le suppliant pour Lanthenay.
    Quant au mystérieux rapport qui pouvait exister entre ces deux événements, il ne le saisissait pas.
    Il se leva plein de colère et se mit à se promener avec agitation. Longtemps après, il se retrouva à sa table, réfléchissant toujours à la bohémienne.
    Quatre heures du matin sonnèrent.
    Il tressaillit et se leva en disant :
    – 
Il faut que je descende voir cet homme dans son cachot…
    q

Chapitre 16 LE FILS DU GRAND PREVOT
    P endant ce temps, quelque chose de singulièrement important se passait dans l’esprit de Lanthenay. C’est donc à lui que nous allons maintenant nous attacher, sans quoi la suite de notre récit serait incompréhensible.
    On a vu qu’au moment où, près du bûcher de Dolet, Lanthenay tournait la tête vers la Gypsie, un soldat lui avait asséné un coup violent, et qu’il était tombé évanoui.
    On le jeta tout ligoté sur une charrette qui prit aussitôt le chemin de l’hôtel du grand prévôt.
    Lanthenay revint à lui au moment même où on le faisait entrer dans la cour de l’hôtel dont la grande porte se referma.
    Or, au moment où il ouvrait les yeux dans cette cour, il lui parut d’une façon précise, d’une façon évidente et irréfutable, il lui parut, disions-nous, qu’il se trouvait en présence d’un paysage familier.
    On connaît la force irrésistible de ce singulier phénomène d’esprit qui s’appelle une association d’idées.
    Lanthenay éprouva une de ces violentes surprises qui déroutent d’abord l’imagination et la laissent affolée.
    Tout cela, d’ailleurs, dura une seconde.
    – Je suis fou ! dit-il.
    Les soldats qui étaient près de lui l’entendirent et se mirent à rire. Mais il n’y prêta aucune attention et referma brusquement les yeux.
    – Voyons, réfléchit-il avec cette intensité et cette rapidité que l’esprit acquiert à certains moments de paroxysme, si je ne suis pas fou, si je ne suis pas le jouet d’un cauchemar ou d’une hallucination, il doit y avoir à ma gauche une porte à laquelle on accède par trois marches, et au-dessus de cette porte, une lanterne de fer…
    La porte, les trois marches, la lanterne de fer lui apparurent. Lanthenay demeura comme épouvanté.
    On le descendit dans le cachot, on l’enchaîna, on ferma la porte sans qu’il s’en fût aperçu.
    Il fut comme hébété pendant quelques heures et ne se réveilla que lorsqu’il entendit la porte de son cachot s’ouvrir. Un geôlier lui apportait à manger.
    – Mon ami, fit Lanthenay avec une anxiété qui faisait trembler sa voix, voulez-vous me rendre un immense service… Oh ! un service qui ne touche en rien votre consigne…
    La voix de Lanthenay était suppliante.
    Le geôlier hocha la tête et songea :
    – Voilà donc ce terrible truand qui a tenu tête aux armées du roi ! Le voilà abattu, faible comme un enfant ! Ce que c’est qu’un bon cachot !
    Et, à haute voix, il demanda rudement :
    – Quel service ?
    – Dites-moi seulement ceci… Est-ce que la porte qui est à gauche dans la cour, là-haut, ne communique pas avec un jardin ?
    Le geôlier jeta un regard de défiance sur son prisonnier.
    – Ne craignez rien ! s’écria celui-ci. Que pouvez-vous craindre !… Enchaîné comme je suis, je ne puis rien…
    – C’est tout de même vrai… Oui, la porte communique avec le jardin de monseigneur le grand prévôt !
    – Le jardin de monseigneur le grand prévôt… Dites-moi… oh ! dites-moi… est-ce qu’il n’y a pas dans ce jardin, de chaque côté de la porte, deux jeunes ormes ?
    – Ma foi, il y a bien deux ormes… je ne sais s’ils sont jeunes.
    – Encore une question, brave homme, une seule… Est-ce que, à partir de la porte, il n’y a pas une longue allée bordée de rosiers ?… Est-ce que cette allée n’aboutit pas à une

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