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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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hais-moi si tu veux, mais pense aussi que je n’exécutai jamais ma promesse de te martyriser… Jamais je ne consentis à te taire mal… et puis, songe aussi que la vieille femme qui t’écrit a beaucoup souffert… oui, beaucoup !
    Adieu, Manfred !
    Telle fut l’étrange lettre dont Manfred, en tremblant, recommença plusieurs fois la lecture.
    Elle prouvait que si la Gypsie avait commis un crime abominable, elle n’était peut-être pas pour cela entièrement pervertie. Les romanciers ont l’habitude de présenter des personnages qui sont tout à fait mauvais. En cela, ils se trompent : il n’y a rien d’absolu, pas plus dans l’esprit que dans le cœur des humains, et la vie se compose d’oppositions souvent incompréhensibles. N’avons-nous pas vu le grand prévôt se transformer sous nos yeux ?…
    Manfred, en faisant cette lecture, était trop agité pour remarquer que pas une fois la Gypsie n’avait parlé de Lanthenay que cependant elle avait toujours semblé préférer à lui-même.
    L’état d’esprit où se trouva le jeune homme après avoir lu et relu cette lettre fut une sorte de ravissement.
    Il cherchait à se représenter la princesse Béatrix qu’il n’avait fait qu’entrevoir dans la maison de la rue Saint-Denis, mais dont la beauté et la dignité l’avaient vivement frappé.
    Puis son imagination le ramenait auprès du chevalier de Ragastens, et il serrait ses mains avec force, tandis que ses yeux se mouillaient de larmes.
    – Voilà donc, songeait-il, le sens des questions qu’il me posait dans la Cour des Miracles, la nuit de l’attaque ! Il cherchait son fils… Et ton fils était devant toi, ô mon père !…
    A ce moment, la folle s’approcha de lui.
    – Ecoute-moi, dit-elle.
    Manfred, arraché soudain à sa rêverie, tressaillit.
    – Que me veux-tu ? demanda-t-il doucement.
    – La Gypsie m’a dit que tu me ferais retrouver ma fille. Oh ! je n’ai pas oublié, c’est bien cela qu’elle a dit…
    – Ta fille, pauvre femme !
    – Oui, une petite fille, six ans à peu près, des cheveux blonds… tu l’as donc vue ?
    Et Manfred, ému, se trouvait assez embarrassé lorsque des pas précipités retentirent, la porte s’ouvrit. Cocardère et Fanfare, toujours inséparables, apparurent.
    – Enfin, on te retrouve ! s’écria Cocardère. Sais-tu ce qui se passe ?
    – Comment le saurais-je ? Depuis hier, je me débats contre la fièvre…
    – Eh bien, il se passe que Lanthenay va être pendu ! Es-tu en état de marcher ?…
    – Allons ! gronda Manfred qui, à cet instant, eût oublié le monde entier.
    Tous les trois s’élancèrent au dehors.
    – Oh ! sanglota Margentine. Il s’en va !… Il ne reviendra plus !…
    q

Chapitre 19 NOUVELLE APPARITION DE FRERE THIBAULT ET FRERE LUBIN
    N ous prierons le lecteur de bien vouloir se reporter au moment où les truands, ayant franchi la Seine à la nage, essayaient de sauver Etienne Dolet.
    On sait qu’ils furent accueillis par une forte arquebusade.
    Au moment de la décharge, Cocardère vit tomber Fanfare qui était près de lui.
    Fanfare gémissait sourdement.
    Donc il n’était pas mort.
    Cocardère le chargea sur ses épaules, car pour rien au monde il n’eût abandonné son compagnon. D’autre part, il ne voulait pas non plus abandonner Lanthenay et Manfred dans leur audacieuse tentative.
    Le truand se proposait donc de mettre son ami à l’abri, puis de rejoindre aussitôt les assaillants.
    Ayant chargé Fanfare sur ses épaules, il regarda autour de lui et aperçut quelques ribaudes qui lui faisaient signe d’un air très apitoyé.
    Cocardère, sourit, attribuant à sa bonne mine et à ses moustaches conquérantes la pitié de ces femmes. Il se hâta d’entrer dans la pauvre maison où elles l’appelaient.
    La porte refermée, Cocardère déposa le blessé sur un matelas et s’agenouilla près de lui pour juger de la gravité de son état.
    Fanfare, qui revenait à lui, porta la main à sa tête. Cocardère se hâta de défaire le casque de fer de son ami.
    Délivré de cette armure gênante, Fanfare respira plus librement, et ne tarda pas à se mettre sûr ses pieds. On s’aperçut alors qu’il n’avait d’autre mal qu’une contusion au crâne et qu il avait été simplement étourdi par le choc de la balle sur le fer.
    – Courons ! dit alors Cocardère.
    – Inutile ! fit l’une des ribaudes qui, penchée à la fenêtre, regardait ce qui se

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