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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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savait où !
    En arrivant à la Cour des Miracles, il eut pourtant une minute de joie. Une ribaude lui apprit que Manfred, blessé au bras, était soigné chez Margentine la folle.
    – Celui-là du moins est sauvé !
    Ils coururent chez Margentine où ils trouvèrent Manfred, comme nous l’avons raconté.
    q

Chapitre 21 MAITRE LEDOUX
    I l y avait autour du Petit Châtelet une foule de petites rues qui, croisées, enchevêtrées, formaient une sorte de toile à mailles serrées au milieu de laquelle la célèbre prison était placée comme une monstrueuse araignée.
    L’une de ces ruelles s’appelait, nous ne savons pourquoi, la
ruelle aux chats.
    C’était la plus triste, la plus sombre, la plus déserte.
    Cette précipitation due à une sourde terreur s’accentuait encore lorsque les mêmes passants arrivaient devant une maison située vers le milieu de la ruelle.
    Cette maison, où nos lecteurs se souviendront peut-être d’avoir accompagné le révérend père Ignace de Loyola, était protégée par une solide porte toute ferrée sur laquelle s’ouvrait un judas défendu lui-même par une grille épaisse.
    C’est là que demeurait le bourreau-juré de Paris, personnage considérable qui était en relations directes avec le grand prévôt et commandait à une véritable petite armée de valets, aides et ouvriers.
    Il s’appelait Ledoux, nom qu’il portait avec modestie et qui lui convenait assez.
    Les voisins, toutes les fois qu’ils voyaient s’ouvrir la porte de chêne bardée de fer, disaient entre eux :
    – Qui va mourir aujourd’hui ?
    On ne lui connaissait ni domestique, ni servante, ni femme, ni maîtresse, ni famille quelconque. Il était dans toute l’acception du mot, et dans son double sens, « un solitaire ».
    Dans la nuit qui précéda la matinée où Lanthenay fut, comme nous l’avons vu, entraîné vers le gibet du Trahoir par les gardes qu’escorta Loyola, dans cette nuit-là, au moment où maître Ledoux s’apprêtait à se coucher, on heurta à la porte de chêne.
    En entendant, le bourreau grogna quelques mots inintelligibles et parut hésiter s’il irait ouvrir. Tout de même, il se décida et alla tirer le judas.
    Il vit trois hommes.
    – Qui êtes-vous ? demanda-t-il.
    – Trois truands de la Cour des Miracles, répondit hardiment l’un des trois hommes.
    La réponse, en effet, ne laissa pas que d’étonner le bourreau. Cette franchise lui imposa un vague respect. Toutefois, il grommela :
    – Vous êtes donc bien pressés de faire ma connaissance ! Allez, cela viendra bien assez tôt ! Que me voulez-vous ?
    – Vous dire quelque chose qui vous intéresse au plus haut point… dans l’espoir que vous récompenserez notre zèle de quelques écus.
    – Hum ! Et quelle est cette chose ?
    – Nous ne pouvons la dire qu’après avoir discuté le paiement. Sachez seulement que vous êtes menacé de perdre votre fonction… Faute de savoir ce que nous avons appris par hasard, demain, Paris aura un autre bourreau.
    Sans doute celui qui parlait ainsi savait l’effet que ces paroles produiraient sur maître Ledoux. Le bourreau, en effet, qui n’était ni coureur, ni buveur, ni paillard, qui avait réellement toutes les vertus qui constituent ce qu’on appelle un honnête homme, le bourreau, disons-nous, avait un point faible : il s’était pris de passion pour ses fonctions. Il caressait de la main sa collection de haches comme un avare peut caresser de l’or. Le jour où maître Ledoux ne serait plus bourreau-juré, il mourrait !… Lorsqu’il marchait dans le cortège d’un condamné, sa hache à l’épaule, et que, du coin de l’œil, il surveillait le frisson de terreur qui agitait la foule, il éprouvait au fond de lui-même une jubilation qui ne se traduisait par aucun signe extérieur, mais qui n’en était pas moins intense.
    Les paroles prononcées par l’inconnu firent pâlir maître Ledoux.
    Que risquait-il, après tout ? Il n’y avait rien à voler chez lui. Et puis la franchise, l’accent de sincérité de celui qui lui parlait l’avaient vivement impressionné.
    – Entrez… dit-il.
    Les trois hommes obéirent à l’invitation. Le bourreau referma sa porte et leur jeta encore un coup d’œil soupçonneux.
    – Je vous préviens, dit-il, qu’il n’y a rien de bon à prendre chez moi, sinon quelque bon coup de dague au cas où vous seriez venus en de mauvaises intentions.
    – Rassurez-vous, maître, répondit celui des

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