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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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trois qui avait jusqu’ici parlé, nous n’avons aucune mauvaise intention.
    Le bourreau, alors, fit passer ses nocturnes visiteurs dans la grande salle où brûlait une torche de résine en guise de flambeau.
    Ces trois truands, c’étaient Manfred, Cocardère et Fanfare.
    Que venaient-ils faire chez le bourreau ?
    Cocardère avait raconté à Manfred l’entretien qu’il avait eu avec le valet de maître Ledoux. Lorsqu’il fut question du moine, dont cet homme n’avait pas voulu dire le nom, Manfred devina aussitôt qu’il s’agissait de Loyola.
    Il comprit dès lors que rien ne pouvait sauver son ami.
    Mais telle était l’énergie de ce caractère qu’il n’en résolut pas moins de tenter quelque chose.
    Quoi ? Il ne savait.
    Le soir arriva.
    Quelques heures, maintenant, séparaient Lanthenay du moment où il serait conduit au supplice…
    Ce fut alors que Manfred songea au bourreau.
    Oui, si quelqu’un au monde pouvait lui donner un renseignement positif, c’était le bourreau !…
    Manfred ne perdit pas de temps à discuter cette pensée lorsqu’elle lui vint. Il en fit part à Cocardère et à Fanfare qui ne le quittaient pas.
    Et ce fut ainsi que, vers le milieu de la nuit, tous les trois frappèrent à la porte de maître Ledoux.
    A peine entré dans la grande salle, Manfred se tourna vers le bourreau.
    – Maître, lui dit-il, je dois tout d’abord vous dire que j’ai menti pour vous obliger à nous ouvrir votre porte. Votre situation n’est pas menacée ; ou, si elle l’est, je l’ignore complètement…
    – Que voulez-vous, alors ? grogna-t-il.
    – Si vous aviez un cœur, je vous dirais que je viens essayer de le toucher… mais j’aime mieux en appeler à votre intérêt… Je puis, en deux heures, rassembler un millier d’écus. Je vous les offre.
    – Pourquoi ?
    – Pour savoir en quelle prison se trouve l’homme que vous devez pendre demain matin… c’est-à-dire tout à l’heure.
    – Lanthenay ?
    – Oui, Lanthenay.
    Le bourreau demeura grave.
    – Je n’ai pas besoin d’argent, dit-il sourdement ; je ne dépense pas le quart de ce que je gagne.
    Manfred pâlit.
    Il comprit que le bourreau était incorruptible.
    – Ainsi, balbutia-t-il, vous ne consentiriez pas…
    – Vous êtes un plaisant personnage, fit brusquement le bourreau. Vous cherchez à savoir où se trouve un homme qu’on va pendre. C’est pour tenter de le sauver. Et c’est à moi que vous vous adressez pour cela !
    Manfred regarda le bourreau avec des yeux égarés.
    Ledoux alla sans se hâter décrocher une de ses haches et dit :
    – Quand vous seriez dix, je me chargerais de vous expédier tous. Et quand même vous seriez parvenu à me lier, quand vous me mettriez sur le chevalet, je ne parlerais pas si je veux me taire… Une seule fois je me suis laissé tenter par le gain ! Une seule fois je suis sorti de mon devoir !… Et j’en ai trop souffert pour que je recommence…
    Et Manfred l’entendit qui murmurait :
    – Oh ! mes nuits sans sommeil !… Oh !… le cauchemar de cette femme que j’ai pendue… sans en avoir le droit… puisqu’elle n’était pas condamnée !…
    Si bas que ces mots eussent été prononcés, Manfred les entendit.
    Un éclair illumina sa pensée et l’éblouit.
    Dans une rapide vision, il revit la scène du gibet de Montfaucon, la lourde voiture qui marche devant lui, la femme qui se débat dans les bras du bourreau en jetant des cris d’horreur…
    – Maître, dit-il à brûle-pourpoint, depuis quand n’avez-vous pas été à Montfaucon ?
    – Qui parle de Montfaucon ici !…
    – Moi ! dit Manfred. Moi qui me suis trouvé à Montfaucon par une glaciale soirée du début de l’hiver… Tenez, maître, il était à peu près cette heure-ci…
    Le bourreau poussa un sourd grognement qui, chez lui, devait être sans doute une sorte de plainte. Il regarda Manfred d’un air effaré…
    – La nuit était bien noire, reprit Manfred, mais j’ai de bons yeux… Une voiture arriva, montant péniblement la côte… elle s’arrêta enfin au pied du gibet… Un homme sortit de la voiture, traînant après lui une femme…
    – Elle ! gronda le bourreau.
    – En même temps, continua Manfred, le postillon de la voiture sauta à terre et reçut la femme dans ses bras… Alors, maître, savez-vous ce qu’il fit, ce postillon :
    – Non, je ne le sais pas ! Je ne veux pas le savoir !…
    – Il saisit la femme… une femme

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