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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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jeune, belle, digne de pitié… il la saisit rudement et l’entraîna…
    – Taisez-vous !… Taisez-vous !…
    – Il l’entraîna !… vous dis-je. L’infortunée suppliait, gémissait !… Mais l’infernal postillon était sans doute sans pitié, puisqu’il la porta jusqu’au gibet et qu’il lui passa la corde au cou !…
    – Grâce ! bégaya le bourreau.
    – Un instant plus tard, le corps de la malheureuse se balançait dans le vide !… Alors l’homme remonta dans la voiture, le postillon sur son siège, et la voiture s’éloigna dans la direction du village de Montmartre… Or, savez-vous qui était cet homme ?…
    – Non ! je ne le sais pas ! hurla maître Ledoux.
    – C’était Ferron, honnête bourgeois. Et la femme, c’était sa femme !… Et le postillon, savez-vous qui c’était ?…
    – Non ! Non !… Je ne veux pas entendre !
    – C’était vous, maître Ledoux ! C’était vous, bourreau-juré, qui commettiez un crime abominable, un monstrueux assassinat !…
    Maître Ledoux tomba sur ses genoux.
    – Grâce ! râla-t-il… Si vous saviez comme j’ai souffert depuis cette affreuse nuit !… Oui… C’est vrai ! Pour la première fois, je me laissai tenter… Stupide que j’étais !… Comme si j’étais capable de dépenser de l’or, moi !… Le présent que je reçus… présent royal !… Je ne sus qu’en faire !… C’était une boîte en argent ciselé… je la brisai à coups de hache… C’était aussi un collier de perles qui eût fait ma fortune… J’ai donné toutes les perles… Depuis, je ne dors plus. Dès que je ferme les yeux, je vois cette femme qui se balance au bout d’une corde, j’entends ses cris… Et pourtant, que de femmes, que d’hommes j’ai pendus dans ma vie sans en éprouver de remords !…
    Alors Manfred se pencha vers lui :
    – Et si je te rendais le sommeil ? Si je te rendais la paix de la conscience, que ferais-tu pour moi ?…
    – Que voulez-vous dire ? balbutia le bourreau.
    – Réponds d’abord : où est Lanthenay ?
    – A l’hôtel de la grande prévôté ! dit maître Ledoux, inconscient à force de terreur.
    – Maintenant, réponds encore : veux-tu m’aider à le sauver ?
    Le bourreau se releva et secoua la tête avec angoisse :
    – Si c’est à ce prix-là que vous devez me rendre mon bon sommeil de jadis, tout est inutile !
    – Pourquoi ?…
    – Parce que je ne puis rien ! Si je refuse de pendre Lanthenay, un aide s’en chargera à ma place…
    – Oh ! rugit Manfred, n’existe-t-il donc aucun moyen au monde !…
    – Ecoutez, fit le bourreau… Vous me promettez de…
    – Oui, te dis-je ? D’un seul mot, je puis t’enlever tes remords…
    – Oh ! si cela était possible !…
    – Cela sera, je le jure !…
    – Eh bien ! je ferai l’impossible pour vous donner le temps d’agir… Comment je m’y prendrai ? Je n’en sais rien ! Mais je vous jure que l’exécution sera retardée jusqu’à 10 heures. C’est tout ce que je puis faire… et nul au monde n’en pourrait faire autant !
    – Et tu te charges de dire à Lanthenay que je suis là, que je travaille à sa délivrance ?
    – Je m’en charge ! dit résolument le bourreau. Et après un instant de silence, il ajouta avec une terrible anxiété :
    – A votre tour, maintenant !
    – Bourreau, dit Manfred, tu as un cœur puisque tu souffres, puisque tu pleures, puisque tu te repens ! Bien des hommes qui marchent dans la vie, honorés, respectés, n’en pourraient dire autant… Sois donc rassuré sur le sort de la malheureuse que tu pendis au gibet de Montfaucon… elle est vivante.
    Rien ne saurait donner une idée du bouleversement qui se fit au visage de maître Ledoux.
    – Vivante ! murmura-t-il, tandis qu’une buée humide voilait son regard sanglant.
    – Oui, dit simplement Manfred, je suis arrivé à temps pour la sauver…
    – Vous !…
    – Moi.
    – Vous l’avez sauvée…
    – J’ai tranché la corde et ranimé la pauvre femme…
    – Et vous êtes sûr qu’elle vit ?
    – Très sûr ; je l’ai vue il y a quelques jours.
    Le bourreau poussa un profond soupir, et tout ce que cette âme obscure pouvait contenir de joie et de reconnaissance remonta jusqu’à son visage et se traduisit par une sorte d’admiration farouche.
    Au surplus, il ne manifesta par aucune parole les sentiments qui l’agitaient.
    Mais il regardait Manfred avec une douceur

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