Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
Fontainebleau. Bientôt l’une des dames d’honneur de la « petite duchesse » arriva.
    – Que fait M me la duchesse de Fontainebleau ? demanda le roi.
    – Elle dort, sire.
    – Depuis longtemps ?
    – M me la duchesse vient de se coucher il y a un quart d’heure…
    – Qu’a-t-elle fait aujourd’hui ?
    – M me la duchesse n’a pas voulu quitter son appartement de la journée.
    – Il faut pourtant qu’elle sorte, qu’elle se récrée…
    – Nous avons vainement insisté, sire.
    – Et qu’a-t-elle fait dans son appartement ?
    – Rien, sire. Elle n’a voulu ni écouter la lecture, ni permettre qu’on lui parle…
    – Et son rouet ?
    – Ah ! j’oubliais, sire, dit la dame d’honneur d’un air pincé. M me la duchesse a, en effet, filé du lin toute la sainte journée…
    – Et qu’a-t-elle dit ?…
    – Rien, sire.
    – Elle n’a pas parlé de moi ?
    – Non, sire ; ni de Votre Majesté ni de personne.
    – Et vous dites qu’elle dort ?
    – Ou du moins, sire, elle est dans son lit et a les yeux fermés.
    – C’est bien, vous pouvez vous retirer…
    La dame d’honneur fit la révérence et disparut.
    Le roi, très sombre, demeura rêveur pendant quelques minutes. A quoi songeait-il ?
    Il y eut dans ses yeux un éclair ; puis il haussa les épaules, et transformant tout à coup la physionomie de son visage avec cette facilité qui faisait de lui un comédien achevé, passa de sa chambre, où avait eu lieu cette conversation, dans son cabinet où l’attendaient quelques gentilshommes.
    Il apparut souriant.
    Et les gentilshommes se dirent entre eux :
    – Sa Majesté est en bonne fortune…
    Le roi fit signe à deux ou trois d’entre eux, honneur dont les autres se montrèrent fort jaloux, et, en cette compagnie, sortit du palais.
    Il allait être dix heures.
    Il faut rendre cette justice à François I er que rarement il avait fait attendre une femme.
    Commettre quelque bonne petite infamie dans le genre de celle qu’il avait commise envers Ferron, cela oui. Faire jeter dans un cachot quelque mari récalcitrant, oui encore ; écraser d’un mot de mépris la femme dont il avait assez, oui encore. Mais faire attendre la femme qui s’offrait… non !
    Donc, il allait être dix heures, et le roi pressa le pas.
    Parvenu devant la maison dont Jean le Piètre lui avait soigneusement indiqué l’emplacement, le roi renvoya son escorte.
    Il n’avait pas peur. L’idée ne lui venait pas qu’on pût l’attirer un jour dans un guet-apens.
    Il frappa à la porte, en caressant d’un geste qui lui était familier sa barbe où des fils d’argent se montraient.
    La porte s’ouvrit à l’instant même, et François I er sourit de cet empressement qui lui prouvait qu’on l’attendait avec impatience.
    – Entrez, dit une voix féminine que le roi prit pour la voix de quelque soubrette.
    En réalité, c’était Madeleine Ferron. Sans doute, elle avait craint que Jean le Piètre ne le frappât aussitôt ; elle avait vu arriver le roi, et était descendue aussitôt se poster derrière la porte.
    Une fois le roi dans la maison, la porte se referma lourdement. François I er se trouva plongé dans l’obscurité et tressaillit, pris d’une vague inquiétude. Madeleine Ferron, qui venait de lui prendre la main, perçut ce tressaillement.
    – Auriez-vous peur ? dit-elle. Il est encore temps de reculer…
    – Peur ! Quand on tient une main douce et parfumée comme celle-ci ! Par Notre-Dame, ma belle enfant, ce mystère me plaît, au contraire… Hâte-toi de me conduire auprès de ta maîtresse…
    Madeleine Ferron ne dit plus rien, et entraînant doucement le roi, lui fit monter marche à marche un escalier plongé dans la plus complète obscurité.
    – Si c’est le chemin du ciel, il est bien noir ! plaisanta le roi.
    – Nous y voici… murmura Madeleine, vous n’avez qu’à ouvrir cette porte… tenez, voici le loquet.
    Elle plaça la main de François I er sur le loquet de sa chambre, et disparut silencieusement.
    Le roi demeura un instant le cœur battant devant cette porte. Non qu’il eût peur… Au contraire, comme il l’avait dit, il adorait ces mystères qui donnaient du « montant » et un charme spécial à ces expéditions amoureuses. Et il songea :
    – A en juger par ces précautions, je dois être tombé sur quelque bourgeoise bien timide qui en est à son premier rendez-vous. Jour de Dieu, la bonne aubaine !
    Alors il

Weitere Kostenlose Bücher