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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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parfaite ! Tu as voulu voir si je suis bien condamné à la plus effroyable des morts ! Eh bien, ribaude, tu mourras avant moi !
    Il fit un violent effort pour la repousser, pour saisir son poignard.
    Mais déjà la passion le brûlait et le paralysait.
    Il voulait tuer cette femme, et un furieux désir lui venait de l’étreindre une fois encore… Il leva le bras… le poignard jeta un éclair…
    – Meurs ! râla-t-il, meurs comme une gueuse !
    – Oui, bégaya-t-elle, tue-moi, mon François ! Tiens, tue-moi !
    En même temps, elle se détacha de lui, et d’un geste rapide fit tomber sa robe ; elle apparut dans son éclatante nudité, le sein soulevé, les lèvres frémissantes, les bras tendus.
    – Tue-moi donc, acheva-t-elle, mais tue-moi d’amour ! François I er poussa un rauque soupir, jeta violemment le poignard qu’il tenait à la main, et tomba sur ses genoux, délirant lui-même, la tête en feu, brisé de désirs et de volupté.
    Elle eut un léger cri de triomphe ; elle le saisit, le releva, sa bouche se colla à la sienne, et balbutia :
    – Nous sommes damnés, soit ! Mais damnée avec toi, c’est le paradis… O mon François, avant de descendre à l’enfer… une nuit d’amour… une nuit de délices et de volupté surhumaine !
    Et ce furent vraiment des heures d’ivresse insensée. François I er et Madeleine Ferron éprouvèrent cette sensation qu’ils en étaient à leur premier rendez-vous. Mortellement atteints tous deux, frappés d’un mal dont le nom seul est un poison, ils eurent la nuit d’amour de deux nouveaux épousés…
    Mais lorsque vers trois heures du matin, François s’apprêta à se retirer, ni l’un ni l’autre ne prononça la parole du charmant « revoir », si douce aux amoureux.
    Ils demeurèrent pâles, sombres et glacés, vraiment pareils à deux damnés qui n’osent se regarder… Une étrange pudeur lui était venue à elle. Se voyant nue, elle rougit ! Et elle se hâta de se vêtir.
    Alors, pendant cinq mortelles minutes, ils restèrent en présence l’un de l’autre, silencieux, absorbés par l’idée que la mort avait présidé à leurs violentes amours…
    Une sorte de rage rétrospective montait en François I er . En acceptant cette nuit d’amour, il s’était interdit toute représaille contre la Belle Ferronnière… ou du moins, toute représaille immédiate…
    – Adieu ! fit-il tout à coup d’une voix sourde.
    Ce fut là la fin des amours de François I er et de la Belle Ferronnière.
    Elle ne répondit pas, mais prit le flambeau pour accompagner le roi.
    Elle ouvrit la porte. L’escalier fut vaguement éclairé.
    Et dans le bas de l’escalier, enfoncé en une sombre encoignure, Jean le Piètre attendait, secoué de frissons de fureur, son poignard à la main.
    Au moment où François I er , renvoyant son escorte, s’était approché de la maison, Jean le Piètre, posté près de Madeleine Ferron, l’avait vu venir.
    Il tenait encore à la main l’arme que la Belle Ferronnière venait de lui remettre.
    A la vue du roi, Jean le Piètre parut reconquérir soudainement tout son calme.
    Il se contenta de toucher du bout du doigt la pointe du poignard, comme pour l’éprouver.
    Puis, d’une voix qui ne tremblait plus, il dit :
    – Je vais ouvrir au roi…
    Madeleine eut la perception très nette que François I er allait être poignardé.
    – Non, non, fit-elle vivement, je vais ouvrir moi-même.
    L’homme eut un geste de contrariété, mais n’émit pas d’objections.
    – Où attendrai-je ? demanda-t-il d’un ton bref.
    – Viens !
    Elle l’entraîna, le fit entrer dans une pièce voisine de la chambre, mais sans communication avec elle.
    – D’ici, tu peux m’entendre crier, dit-elle à voix basse, et alors…
    – Bien, interrompit Jean le Piètre d’un ton rude.
    Alors elle descendit rapidement et se trouva contre la porte d’entrée à l’instant même où le roi frappait…
    Jean le Piètre, l’oreille aux aguets, les entendit monter.
    Il entendit la voix du roi qui plaisantait.
    Lorsqu’ils arrivèrent au haut de l’escalier, il fut sur le point d’apparaître.
    Il se contint.
    – Tout à l’heure ! gronda-t-il.
    Quelques minutes se passèrent.
    Un profond silence régnait dans la maison.
    Certain que Madeleine Ferron lui livrerait François I er , il se disait :
    – Plus que deux minutes à souffrir… une peut-être…
    Et cependant, ces quelques instants qu’il passa

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