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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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là, lui parurent d’une longueur effroyable… Au bout d’une minute, il eut la sensation qu’il attendait depuis une heure.
    – Sur le palier, je serai plus près, murmura-t-il.
    Il s’y transporta aussitôt sans bruit, et se trouva devant la porte de la chambre.
    Mais là, il comprit qu’il ne pouvait attendre plus longtemps… Il allongea la main vers le loquet.
    A ce même instant, le loquet fit entendre un bruit sec, comme si de l’intérieur on essayait d’ouvrir.
    Jean le Piètre demeura immobile, sa main étendue, sans respiration, comme foudroyé… puis son bras se leva…
    Mais la porte ne s’ouvrit pas !
    On a vu que le roi avait constaté qu’elle était fermée, et c’est lui qui venait d’agiter inutilement le loquet.
    Une sueur froide inonda Jean le Piètre.
    – Elle a fermé la porte à clef ! murmura-t-il.
    Et tout aussitôt il reprit :
    – Mais alors, comment vais-je entrer moi !…
    Il demeura d’abord stupéfait, comme lorsqu’on constate une trahison à laquelle on ne s’attendait pas.
    – Par l’autre porte, dit-il tout à coup. Doucement, Jean le Piètre essaya de l’ouvrir… Il étouffa un grondement de fureur.
    Cette porte là aussi était fermée !… Alors, il revint sur le palier.
    Il se mordait le poing jusqu’au sang pour ne pas crier.
    Dans les hallucinations rapides qui se succédaient dans son cerveau, il se vit frappant d’abord Madeleine avant de frapper le roi.
    Il colla son oreille à la porte…
    Puis, peu à peu, il se laissa tomber sur les genoux, et ce fut ainsi, à genoux, l’oreille contre la porte, qu’il passa ces heures, qui, par un singulier phénomène inverse, lui parurent durer quelques minutes seulement.
    Il n’entendit pas toutes leurs paroles…
    Mais il les devina, il comprit les intonations, nota les soupirs… Ce fut horrible.
    Tout à coup il comprit que c’était fini… que le roi allait sortir… En deux bonds, il fut au bas de l’escalier, et se blottit dans l’encoignure de la cage, redevenu très maître de lui.
    Le roi sortit le premier.
    Madeleine suivit, son flambeau à la main.
    D’un rapide regard elle s’assura que Jean le Piètre n’était pas sur le palier. Le roi commença à descendre.
    Madeleine déposa le flambeau sur la plus haute marche, et descendant avec rapidité, passa devant le roi en murmurant :
    – Je vais ouvrir.
    Comme elle le frôlait, le roi eut, à son contact, un frisson qui était presque un frisson d’horreur. La fièvre d’amour tombée, le délire calmé, toute sa haine lui revenait contre la femme qui l’avait empoisonné…
    Au moment où Madeleine dépassa le roi, elle aperçut Jean le Piètre raidi, dans l’attitude de l’assassinat.
    Par un furieux effort de volonté, elle se força à ne pas le regarder, et à continuer de descendre comme si elle ne l’eût pas aperçu…
    Maintenant elle était sûre que le roi était atteint par le mal.
    Le coup de poignard supprimait sa vengeance. Ou du moins c’est ce qu’elle se dit. Et elle conclut :
il ne faut pas qu’il meure ainsi !
juste au moment où le roi atteignait le bas de l’escalier et où Jean le Piètre, avec une sorte de hurlement étranglé, se ruait sur lui.
    Le hurlement de rage se termina par un râle épouvantable.
    Avant d’avoir pu abaisser son bras, Jean le Piètre était tombé, foudroyé, dans une large flaque de sang qui s’échappait de sa gorge entr’ouverte…
    Madeleine, d’un geste foudroyant, lui avait planté dans la gorge une petite dague qu’elle tenait à la main, au moment même où le malheureux s’élançait…
    Madeleine Ferron, éclaboussée de sang, livide, regarda un instant Jean le Piètre qui se débattait dans les soubresauts de l’agonie.
    Il voulut se soulever, fixa sur elle un regard épouvantable, puis retomba inerte.
    La Belle Ferronnière, souriant d’un sinistre sourire, se tourna vers François I er qui, pâle de stupéfaction et de terreur, regardait sans comprendre.
    – Sire, dit-elle, vous l’avez échappé belle…
    Alors le regard du roi alla du cadavre à Madeleine, tous deux sanglants et livides…
    Et il comprit que cet homme était là pour le tuer !
    Il comprit qu’elle l’avait attiré vers l’assassinat et que, s’il échappait au poignard, c’est qu’elle était bien sûre qu’il n’échapperait pas au poison !
    Et comme la Belle Ferronnière venait d’entr’ouvrir la porte, il se glissa au dehors et s’enfuit, bouleversé

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