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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ouvrit doucement la porte et entra.
    La chambre était solitaire Elle était faiblement éclairée par la lueur d’un flambeau de cire odorante.
    D’un coup d’œil circulaire, le roi embrassa l’élégant décor de meubles et de tentures où il se trouvait transporté.
    – Décidément, songea-t-il en admirant en connaisseur, la dame de céans est peut-être plus experte que je ne croyais…
    Mais, peu à peu, ses sourcils se froncèrent.
    Lentement, pièce à pièce, il reconnaissait le décor.
    Les parfums, tout d’abord, le frappèrent… les parfums favoris de celle qu’il avait aimée, puis le lit qu’il reconnut… puis les sièges… tous les détails d’ameublement… Il se crut le jouet d’une hallucination et pâlit.
    Machinalement, il voulut rouvrir la porte par laquelle il était entré… et cette fois, il frissonna de terreur : cette porte était fermée !
    François I er avait la bravoure physique d’un reître. Mais ce silence profond, cette lueur triste du flambeau, cette reconstitution exacte de la chambre d’amour qu’il connaissait bien, tout cela produisit sur lui la sensation d’un cauchemar. Ses yeux hagards se fixèrent sur une tenture du fond de la chambre.
    – C’est par là
qu’elle
entrait ! murmura-t-il en essuyant la sueur d’angoisse qui perlait à son front… Elle entrait toute blanche et rose dans sa robe flottante de soie légère… de soie bleue d’où ses bras de marbre sortaient nus… Elle entrait en disant : « Me voici, mon seigneur »
,
et venait se suspendre à mon cou… Oh ! cette vision d’enfer ! Ah ! ça… où suis-je ? Est-ce elle qui va entrer ? Oh ! pourvu que ce ne soit pas elle ! pourvu que tout ceci ne soit qu’un rêve !
    Au même moment, la tenture du fond se souleva et Madeleine Ferron parut. Instinctivement, le roi porta là main à son poignard.
    Elle était vêtue de la robe même qu’il venait de décrire, et s’avançait, souriante, en disant de cette voix charmeuse qui bouleversait les sens des hommes :
    – Me voici, mon cher seigneur !
    François I er , très pâle, recula d’un pas.
    Mais une seconde plus tard, elle était contre lui. Elle nouait autour de son cou ses bras nus, ses beaux bras d’une impeccable pureté de ligne, et elle tendait vers lui ses lèvres humides, tandis que ses yeux pâmés d’amour plongeaient dans les yeux du roi. Et elle se collait à lui, l’enlaçait, l’échauffait de son haleine tiède.
    – Comme tu as tardé à venir, méchant ! soupira-t-elle. Il y a si longtemps que je ne t’ai eu tout à moi comme en ce moment… Ah ! mon François, comme je t’aime !… Et toi… m’aimes-tu ?
    Une étrange folie avait d’abord envahi l’esprit du roi…
    Mais maintenant, la folie qui faisait battre ses tempes, c’était la folie d’amour. Madeleine l’avait reconquis de sa caresse enveloppante…
    – Femme ou spectre, songea-t-il en frémissant, elle est adorable… et dût-elle m’entraîner en enfer, je suis à elle !
    Pourtant les dernières paroles de la Belle Ferronnière brisèrent un peu le charme d’épouvante et de passion…
    – C’est vous ! prononça-t-il sourdement. C’est bien vous ! Avez-vous donc oublié l’affreuse scène de la maison de la Maladre ?
    Il fit un effort pour se dégager. Mais plus souple, plus féline, plus robuste encore, elle s’enlaça à lui plus étroitement.
    – Tais-toi ! murmura-t-elle ; ce que j’ai fait, je l’ai fait par amour, ô mon François ! ce rêve me hante de mourir dans tes bras, d’expirer sous un de tes baisers… Ecoute comme mon cœur palpite…
    Il voulut lutter encore, fit appel à ce qu’il pouvait éveiller en lui-même de haine et de fureur…
    – Vous m’avez tué ! gronda-t-il… Vous avez été pour moi la hideuse ribaude dont le baiser est mortel…
    – Tais-toi ! Je t’aimais trop !
    Cependant, elle l’étudiait attentivement ; elle détaillait son visage, ses yeux, sa bouche ; avide, elle cherchait à surprendre les traces visibles du poison… Oui, oui… il n’y avait pas de doute possible… le roi était empoisonné, le roi était condamné… le poignard de Jean le Piètre devenait inutile !
    Ces marques affreuses, ces honteux stigmates d’un mal contre lequel on ne connaissait pas de remède, elle les voyait, délirante !
    François I er surprit dans ses yeux l’éclair de joie…
    – Damnation ! rugit-il, tu as voulu t’assurer que ton œuvre était

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