Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
supplice d’Etienne Dolet !
    Elle le reconnut, poussa un cri d’horreur :
    – L’assassin de mon père ! le grand prévôt de Paris ! Ici ! Près de cette morte ! près de cette victime !
    Plus doucement encore, Lanthenay la ramena.
    Et grave, avec une infinie tristesse, il prononça :
    – Avette… cet homme est mon père !
    Elle frissonna. Et le jeune homme continua :
    – Oui, Avette… mon père ! Ceci vous sera expliqué… Il suffit que vous sachiez cette chose terrible… cet homme… un de ceux qui ont tué Etienne Dolet… eh bien ! c’est mon père… Avette… mon Avette… grâce pour lui… Je vous l’ai dit… ce fut le moins coupable… et c’est le plus cruellement puni… sa raison s’est effondrée… Mon pauvre père n’est plus qu’un corps sans âme…
    Ce regard de pardon qu’avait sollicité Lanthenay, ange de miséricorde, elle le laissa tomber sur le malheureux… Elle s’approcha de lui. Sans répulsion, sans haine, elle prit ses deux mains.
    Elle le baisa au front.
    Et tandis que le grand prévôt de Paris souriait de son inconscient sourire, la fille d’Etienne Dolet murmura :
    – Soyez pardonné… mon père !
    q

Chapitre 25 LA BELLE FERRONNIERE
    N ous nous transportons maintenant à Fontainebleau, dans cette maison que Jean le Piètre avait si hâtivement aménagée pour Madeleine Ferron.
    Nous y arrivons à la nuit tombante.
    Et nous pénétrons dans une chambre du premier étage.
    Cette chambre est la reproduction exacte de la chambre où, au début de ce récit, nous avons introduit le lecteur, dans la petite maison d’amour de l’enclos des Tuileries.
    Ce sont les mêmes tentures. Ce sont les mêmes meubles. La même immense glace se dresse, prête à refléter quelque douce scène de passion comme celles que vit jadis l’enclos des Tuileries… ou peut-être quelque terrible scène de meurtre, comme le meurtre de Ferron !
    La Belle Ferronnière est là…
    Et elle a revêtu le costume de soie, la robe lâche et flottante qui plaisait autrefois à son royal amant.
    Au fond de la chambre, c’est comme là-bas, comme à Paris… un lit large, profond et bas… le lit des étreintes délirantes…
    A demi renversée dans un vaste fauteuil, la Belle Ferronnière fixe, à travers ses paupières à demi closes, un regard incisif sur Jean le Piètre, qui, debout devant elle, la contemple avec une admiration furieuse.
    L’infortuné tremble et grelotte.
    Le mal qui l’a atteint a ravagé son organisme… Peut-être n’a-t-il plus que quelques jours à vivre. Mais l’indomptable passion qui brûle sa poitrine le soutient.
    – Jean, mon cher Jean, murmura l’enchanteresse.
    – Maîtresse ? interrogea-t-il.
    – Racontez-moi bien comment les choses se sont passées…
    Une expression de sombre souffrance s’étendit sur le visage blêmi du malheureux.
    – Je vous ai tout dit !…
    – Qu’importe !… Peut-être, d’ailleurs, as-tu oublié quelque détail qui m’intéressera…
    – Je n’ai rien oublié, fit-il sourdement.
    – Je le veux ! reprit-elle avec impatience. N’es-tu donc pas mon fidèle ?…
    – Fidèle jusqu’à la mort ! haleta Jean le Piètre.
    – Eh bien, obéis donc !…
    – A quoi bon revenir sur ces choses qui me font souffrir cruellement !… Je n’aurai donc pas à souffrir assez tout à l’heure !…
    – Je te dis, Jean, que cette nuit tes souffrances vont finir d’un coup !…
    – Oh ! si cela était ! gronda-t-il, les dents serrées par l’angoisse…
    – Tu disais donc, reprit Madeleine Ferron, que tu avais été dans la forêt ?
    – Puisque vous l’ordonnez !… Oui, maîtresse, j’ai eu ce courage… j’ai fait ce que vous me disiez… mais je vous jure que j’aimerais mieux mourir mille morts que de recommencer à souffrir ainsi…
    – Mon bon Jean !…
    Elle lui sourit avec cette suprême coquetterie dont elle avait l’art. Bouleversé par ce sourire, le malheureux continua :
    – Oui, j’ai été dans la forêt… Oui, j’ai attendu le passage de la chasse royale… Oui, j’ai vu le roi… Oui, je lui ai remis le billet que vous m’aviez donné…
    – Et qu’a-t-il dit ?… L’a-t-il lu tout de suite ?…
    – Oui !… fit Jean le Piètre en crispant les poings.
    C’était vraiment une abominable torture de jalousie que Madeleine infligeait à cet homme. Mais elle ne s’en apercevait même pas. Toute à sa pensée, attentive, à la fois caressante,

Weitere Kostenlose Bücher