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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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où l’enfant roi venait s’agenouiller pour écouter la messe et communier. Elle se sentait par moments les jambes molles et l’esprit embrumé, au point de vaciller.
    Charitable, l’évêque lui dit qu’elle pouvait s’asseoir.
    Elle écouta d’une oreille plus attentive la relation des circonstances de sa capture, la trouva longue et ennuyeuse. Elle sourit lorsqu’elle vit un pigeon se poser sur une branche de la croix, faillit s’endormir lorsque le notaire Machon donna lecture des résumés de l’enquête préparatoire qui lui semblait concerner quelqu’un d’autre qu’elle. Elle sursauta en entendant l’évêque lui lancer :
    – Nous vous admonestons, Jeanne, de ne rien nous cacher de la vérité. Pour cela, vous allez jurer sur les Évangiles.
    Massieu s’approcha d’elle avec le Livre qu’elle regarda intensément avant de murmurer :
    – La vérité, monseigneur, la vérité...
    – Parle plus fort ! s’écria d’Estivet. On n’entend rien de ce que tu dis !
    – Je dis, monseigneur, que j’ignore sur quoi vous allez m’interroger, mais je vous préviens : il pourra vous arriver de me poser des questions auxquelles je ne répondrai pas.
    D’Estivet sursauta, s’avança vers elle, l’index pointé, en criant :
    – Tu n’es qu’une insolente ! Nous n’en attendions pas moins, il est vrai, d’une garce qui forniquait dans les auberges en se disant élue du Seigneur. Ordure !
    L’évêque dut rappeler à la décence ce forcené, puis il reprit en s’épongeant le front :
    – Au moins, Jeanne, jurerez-vous de dire la vérité sur ce qui vous sera demandé en matière de foi ?
    – Je jurerai volontiers, dit-elle, pour ce qui est de mes parents et de ce que j’ai fait depuis mon départ de Domrémy. En revanche, jamais je n’ai confié à personne, sauf à Charles, mon roi, les révélations qui m’ont été faites de par Dieu, dût-on me trancher le col ! Je les aie eues par visions ou par conseils secrets. Attendez une semaine et je saurai si je dois vous le dire.
    – Assez de palinodies, ma fille ! Allez-vous jurer, oui ou non ?
    La réponse qu’elle avait faite lui paraissait si lumineuse qu’elle ne daigna pas répondre. L’évêque renouvela sa demande sans plus de succès. Comme des murmures s’élevaient de l’assemblée qui s’impatientait, il proféra quelques menaces qui la laissèrent de marbre. Un regard de La Fontaine, paupières baissées puis relevées, la convainquit d’obtempérer. Ses mains posées sur le Livre elle jura de dire la vérité sur ce qu’elle saurait être vrai : un demi-serment dont l’évêque, par lassitude, parut se contenter.
    Elle se trouva sur un terrain plus solide lorsqu’il fut question de ses origines, de sa famille, de ses proches. L’évêque lui demanda de confirmer qu’elle avait dix-neuf ans ; elle n’en était pas très sûre. Oui, elle avait été baptisée, et elle donna les noms de ses parrain et marraine. Oui, sa mère lui faisait réciter le Pater noster , l’ Ave Maria, le Credo ...
    – Pouvez-vous réciter le Pater noster ? demanda l’évêque.
    – Je puis le faire mais il faut d’abord que vous m’entendiez en confession.
    L’évêque parut embarrassé. Il essuya ses bésicles d’un geste nerveux.
    – Jeanne, dit-il, vous avez tenté de vous suicider. C’est un comportement hérétique.
    Jeanne se leva pour protester d’une voix ferme :
    – Ceux qui vous ont dit cela ont menti. En voulant m’évader, et non me suicider, je faisais usage de mon droit. Comme je n’ai donné ma foi à personne, personne ne peut me le reprocher, pas même vous !
    D’Estivet se dressa d’un bon en s’écriant :
    – Insolente ! Perturbatrice ! Fabulatrice !
    L’évêque le remit vivement à sa place : qu’il garde ses arguments et ses griefs pour son réquisitoire ! Jeanne poursuivit avec véhémence :
    – Je proteste, monseigneur, contre les conditions de mon emprisonnement. Elles sont indignes de ma condition de femme ! On m’a enchaînée comme une criminelle, je suis gardée par des hommes qui m’injurient et me harcèlent. C’est dans une prison d’Église que je devrais être !
    – Si nous faisons preuve de rigueur envers toi, riposta l’évêque, c’est pour t’empêcher de tenter le suicide ou l’évasion.
     
    Pierre Cauchon déclara la séance close sur le coup de midi.
    Tandis que Pierre Massieu raccompagnait la prisonnière, il réunit un conseil secret composé de son tribunal, à

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