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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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l’exception des assesseurs.
    – Cette garce, dit-il, nous tient tête avec une assurance désarmante ! Ou elle est inspirée par le diable, ou conseillée par des adversaires de notre cause. Je n’ose croire qu’il s’est glissé parmi nous un personnage capable d’une telle trahison. S’il en est ainsi, qu’il se dénonce !
    Un silence de plomb lui répondit. Il demanda quels avaient été les derniers visiteurs de la Pucelle. La Fontaine s’avança.
    – C’est moi, monseigneur, assisté de frères de mon ordre, et à votre requête, pour informer la prisonnière des modalités du procès. Ce que j’ai fait en mon âme et conscience.
    – Et vous en avez trop fait, je suppose ! Vous, les frères prêcheurs, vous laissez attendrir trop aisément. Seriez-vous tombé dans les enchantements de cette diablesse ? Retrouvez-moi, vous et vos frères, dans mon cabinet, à six heures de relevée !
    À l’heure prévue l’évêque attendit la visite du frère La Fontaine et de ses acolytes, prêt à exercer sur eux, sans indulgence, la rigueur de sa justice. Il attendit en vain : les trois religieux avaient disparu.
    Changement de décor, le lendemain, pour la seconde audience. Le tribunal siégeait dans la salle du Parement, un local de dimensions modestes, dans le prolongement des appartements royaux.
    Le ciel avait pris les couleurs du printemps. Tandis que Jean Massieu et les gardes lui faisaient traverser la cour où subsistaient des franges de neige boueuse mêlée de crottin, Jeanne marqua un arrêt, les yeux levés vers un joli nuage naviguant dans l’azur, aussi frêle, aussi léger que les flocons de laine que ses moutons laissaient aux ronces. Elle rêva de s’accrocher à lui, de le suivre dans sa course pour retrouver les doux pays de Loire où devaient déjà bourgeonner les saules.
    – Eh bien, Jeanne ! dit Massieu, tu rêves ? Ne faisons pas attendre les juges.
    Le soleil avait chauffé la pièce éclairée par de hautes fenêtres ouvertes sur la cour. Le tribunal était conforme à celui de la veille mais accru de quelques personnages inconnus de Jeanne. Elle eut un haut-le-coeur en constatant que le vicaire du Grand Inquisiteur siégeait à côté de l’évêque. Avait-il obtenu les pouvoirs qu’il attendait en espérant qu’ils ne lui seraient pas donnés ? L’évêque précisa d’entrée de jeu que Lemaître n’était présent qu’à titre d’observateur.
    – Jeanne, dit Pierre Cauchon, nous allons de nouveau vous demander de prêter serment. Nul ne peut s’y soustraire. Vous pouvez vous asseoir.
    Elle resta debout pour répondre, avec cette insolence que lui reprochait d’Estivet :
    – Dois-je vous rappeler, monseigneur, que j’ai prêté hier ce serment que vous attendez. Vous me chargez trop !
    Elle consentit néanmoins à le renouveler mais avec la même restriction : elle ne dirait la vérité que sur les problèmes concernant la foi. Comme Beaupère, un théologien amputé d’une main, émettait des doutes sur la fiabilité de sa parole, elle répliqua avec colère :
    – Je le répète : je promets de dire la vérité sur telle chose et non sur telle autre.
    Elle ajouta une menace :
    – Si vous étiez bien informés à mon sujet, vous souhaiteriez ne pas avoir à me juger car tout ce que j’ai fait et que vous me reprochez l’a été par révélation, Dieu m’en est témoin !
    L’évêque eut du mal à faire cesser la vague de murmures indignés qui soulevait l’assistance. Il entendit la voix aigre du promoteur lancer :
    – Que de subtilités pour une gardeuse de brebis !
    Beaupère se le tint pour dit et, à la demande de l’évêque, passa à un autre sujet : l’enfance de Jeanne, ses rapports avec sa famille, ses premières visions... Détendue, Jeanne répondit à tout ce qu’on lui demandait, jusqu’à son équipée vers Chinon, en habit d’homme...
    – En habit d’homme ! s’écria Beaupère en brandissant son moignon. Qui donc vous a donné ce conseil ?
    – Je ne vous le dirai pas, mais vous pouvez bien imaginer que je ne pouvais voyager en cotte au milieu de ces soldats !
    Lorsqu’on lui demanda d’évoquer le siège d’Orléans elle répondit de bonne grâce. Au mépris de toute logique, Beaupère revint sur ses voix et voulut savoir si une lumière les accompagnait.
    – Passez outre ! répondit-elle. Je n’ai pas licence de vous répondre. Croyez-vous que toute lumière vienne de vous ?
    La réflexion fut accueilli par des rires

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