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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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ambitions. Son idée fixe : avoir pignon sur rue à Alessandria. Alors qu’il émergeait de l’adolescence il avait suivi une sorte de condotierre de Turin qui allait franchir les Alpes pour une belle aventure en France avec quelques compagnons. Ils avaient battu les alentours d’Avignon avant de se faire solder par un seigneur du Dauphiné rallié au dauphin Charles.
    – Brigand j’étais, brigand je suis resté, dit-il avec un air fataliste, mais je suis devenu indépendant dans une partie où il est difficile de le rester. Le Dauphinois m’a proposé du galon et même une petite seigneurie pour mes vieux jours, mais j’ai ma fierté qui fait trop bon ménage avec mon goût de la liberté pour que je me résigne à les séparer. C’est là ma petite gloire .
    Jeanne protesta avec vigueur :
    – Tu oses parler de gloire alors que tes exploits consistent à piller les pauvres !
    Il soupira, l’air penaud :
    – Que veux-tu, Jeanne, il faut bien vivre. Détrompe-toi si tu me prends pour une canaille du genre de Perrinet Gressart – encore un qui aurait bien voulu m’avoir à son service pour un ou deux pouces de galon ! Même si tu as de la peine à l’admettre, je tiens à mon honneur. Mon épée est au service du roi de France que j’ai naguère aidé à se tirer quelques épines du pied, et je pisse sur Bedford et ses Godons, que le diable les emporte ! Mon grand regret, Jeanne, c’est de n’avoir pas été avec toi à Orléans...
    – Tu aurais été le bienvenu, mais ça ne me dit toujours pas ce que tu attends de moi.
    – Des oreilles qui sont à ma solde traînent un peu partout. J’ai appris que ce pauvre Charles se conduit mal avec toi, bien qu’il te doive tout. Il fallait vraiment qu’il veuille se débarrasser de toi pour t’envoyer assiéger en plein hiver La Charité avec deux mille pauvres bougres aux pieds gelés !
    – Trois mille, rectifia Jeanne.
    – C’est tout comme ! Ce que je voulais te dire, Jeanne, c’est que tu peux me considérer comme un des tiens, si tu ne m’en juges pas indigne. Ce que tu vois là derrière, ce n’est qu’une patrouille. Je dispose au total d’environ un millier d’hommes, et pas des enfants de choeur. En cas de besoin tu pourras faire appel à nous. Ne me remercie pas : de temps à autre j’aime m’offrir une bonne action, pour le plaisir et pour l’honneur.
    – J’accepte, dit Jeanne. Pour l’heure j’ai l’arme au pied et cela risque de durer. Mais sait-on jamais ?
    – Je le sais. Je sais même que tu supportes mal cette situation. Tu es une femme de guerre et cette ambiance de paix pourrie t’est insupportable. Alors, le jour où tu décideras de bouger, fais-moi signe : je suis ton homme.
    – À quelles conditions ?
    – Bah ! nous nous arrangerons toujours...
    Il précéda l’escorte de la Pucelle jusqu’au village d’Arlon. Il avait pris ses quartiers d’hiver dans une gentilhommière délabrée, en attendant de se remettre en campagne, en liaison avec Gilles de Rais, qui opérait dans les campagnes prospères d’entre Touraine et Vendée, où il y avait de beaux coups à faire. Comme Jeanne s’étonnait qu’il connût Gilles, il poursuivit :
    – Il est même devenu pour moi un compagnon de route à l’occasion et j’ose dire un ami, bien qu’il soit maréchal de France et moi chef de bande. On peut dire qu’il n’est pas fier. Il n’y a qu’une distance entre nous : c’est celle qui sépare nos chevaux.
    Les gens de la Pucelle n’eurent pas à se plaindre de cette halte imprévue : la bande de Baretta ne manquait de rien, pas même de belles garces, consentantes ou non à assumer ce service militaire.
    Le lendemain, lorsque Jeanne remonta en selle, le Piémontais lui dit en embrassant son gant :
    – Réfléchis à ma proposition et fais appel à moi quand l’occasion s’en présentera : tu n’auras pas à le regretter. Tu me trouveras facilement : entre Sologne et Berry je suis connu comme le loup blanc...

Mehun, Sully, février-mars 1430
    Le roi Charles se plaisait à Mehun-sur-Yèvre au point d’en faire sa résidence favorite.
    La forteresse dressait ses hautes tours au-dessus d’un vaste espace de jardins et de pelouses traversé par une rivière qui, disait-on, prenait sa source en paradis. On y voyait passer de temps à autre des pêcheurs à la ligne debout à l’avant de leur bachot, des ménagères venant laver leur linge, des enfants qui jouaient avec des cerfs, des chevreuils et des biches

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