Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
Vom Netzwerk:
admirèrent son harnois, sa huque de soie brodée de vermeil, l’épée offerte par les bourgeois de Clermont. Elles lui proposèrent des pains mollets sortant du four et des massepains.
    Le frère Richard lui dit en aparté :
    – Si cela t’agrée tu coucheras dans la chambre voisine en compagnie de la Pierronne et de Catherine. Elles ont eu des mots pour obtenir ce privilège.
    Jeanne déclina cette proposition : quitte à dormir aux écuries avec son escorte elle souhaitait échapper à cette promiscuité ; elle était lasse, voulait dormir et non entendre caqueter ces péronnelles ou attendre des apparitions hypothétiques.
    – Je te dois un aveu, ma fille, dit-il. Pas plus que toi je ne suis dupe des dispositions surnaturelles de ces garces, sauf peut-être en ce qui concerne la Pierronne. Elle ne jure que par toi et sa foi est sincère. La plupart des autres sont inspirées par je ne sais quels démons. Si je pratiquais sur elles un exorcisme dans les règles j’en ferais sortir des couleuvres et des crapauds.
    – Alors pourquoi ne pas vous en séparer ?
    – Parce qu’elles peuvent m’être utiles. Ce sont les fantassins de la foi, même si la plupart n’en ont guère.
    Il ajouta en l’entraînant vers l’embrasure d’une fenêtre aux bancs de pierre tapissés de coussins de cuir :
    – J’ai fait recopier le texte d’un clerc de la Faculté des Décrets, en réponse à l’apologie que Gerson a faite de toi avant sa mort. Il y est écrit : Il ne suffit pas que quelqu’un nous affirme bonnement qu’il est envoyé de Dieu. Il importe qu’il prouve cette mission invisible par une opération miraculeuse... Pour ce qui te concerne, Jeanne, nul besoin de chercher les preuves de ta mission divine : les miracles que tu as semés sur ta route en témoignent éloquemment...
     
    De dimensions modestes et dépourvue de riches ornements, l’église de Jargeau n’avait rien d’une basilique byzantine. Les messes célébrant la naissance du Sauveur attirèrent autour de Jeanne et de ses compagnes une affluence telle qu’une foule de fidèles dut écouter la messe depuis le parvis, à la lumière des lanternes de corne, prosternée dans la neige.
    Au cours de la matinée précédant l’office nocturne, le frère Richard avait donné à trois reprises la communion à la Pucelle et à deux reprises à ses compagnes, ce qui était contraire à la coutume.
    Jeanne n’eut avec Catherine de La Rochelle qu’un échange de propos brefs et biseautés : elles étaient de natures et d’ambitions trop différentes pour qu’il pût se dégager de leur entretien quelque lumière sur les problèmes de la foi et de la politique, Catherine persistant dans sa fidélité au duc de Bourgogne et donc aux Anglais. En revanche la Pucelle eût aimé s’entretenir longuement avec la Pierronne, mais cette fille ne parlait guère que la langue de sa province : la Bretagne.
    Lorsque Jeanne lui offrit l’un de ses anneaux portant gravés le nom du Seigneur et trois étoiles, la petite Bretonne fondit en larmes, s’agenouilla, baisant les mains de la donatrice en articulant à travers ses sanglots quelques mots que le frère traduisit :
    – La Pierronne te dit qu’elle croit en toi comme elle croit en Dieu, qu’elle et toi menez le bon combat et que les Anglais seront bientôt chassés hors de France...
     
    Jeanne ne resta que trois jours à Jargeau. Elle avait refusé les honneurs et distribué les présents aux pauvres. Elle eût aimé pousser jusqu’à Orléans, distante d’à peine huit lieues, refaire le chemin de sa campagne de Loire, retrouver la petite Charlotte qui lui adressait de temps à autre des billets chargés de passion, mais un courrier du roi l’avertit qu’il l’attendait dans sa résidence de Mehun-sur-Yèvre. Elle reprit la route aussitôt.
    Charles s’avança vers elle, la prit dans ses bras. Elle ne tarda pas à comprendre que cette effusion n’était pas seulement motivée par le plaisir de la revoir : il y avait de la solennité dans l’air.
    Il la prit par la main pour la conduire jusqu’à sa table de travail derrière laquelle se tenaient, immobiles, pareils à un alignement de statues, trois favoris : La Trémoille, Regnault de Chartres et Raoul de Gaucourt. Ses mains tremblaient en déroulant un parchemin dont il donna lecture d’une voix enrouée d’émotion.
    – Jeanne, mon enfant, il s’agit là des lettres de noblesse que nous te délivrons, ainsi qu’à ta famille...
    Il

Weitere Kostenlose Bücher