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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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de Charles et de son épouse, était une nature passionnée, dotée d’une stature imposante. Elle s’attacha très vite à la Pucelle, non, comme La Touroulde, pour pénétrer ses secrets, mais portée par un sentiment fait d’admiration respectueuse et d’un brin d’amitié. Elle se montrait avec Jeanne discrète et attentionnée, faisait en sorte de ne pas paraître s’accrocher à elle, de la laisser libre d’aller et venir à sa guise, sans contrainte d’aucune sorte. Son mari, pourtant, avait dû lui dicter certaines consignes car elle ne manquait aucune occasion de la faire renoncer à ses élans belliqueux, de lui donner à entendre qu’une bonne trêve valait mieux qu’une guerre incertaine.
    Jeanne, ayant percé à jour cette manoeuvre, finit par en prendre ombrage et par répondre :
    – Sachez, madame, quel que soit votre avis sur ce sujet, que je me considère toujours comme mobilisée au service du roi et de la France. Quand on a reçu une mission du Seigneur, on ne la trahit pas, quoi qu’en pensent les hommes. Si vous vous obstinez à me convaincre, sachez que vous prêchez une sourde. À bon entendeur...
    La dame encaissa ce blâme sans broncher et se le tint pour dit. Sans se départir de son amitié toute fraîche pour la Pucelle elle la surveillait, de crainte que, prise d’une inspiration subite, elle ne décidât de prendre le large.
     
    Il vint, au début de février, un redoux sensible : la Loire retrouva son cours naturel, les douves leur eau profonde et sombre, mouchetée par des nuées de silures, sillonnée par des escadres de canards, le parc et la garenne leur première toilette de printemps.
    Madame Catherine, informée par son époux des dernières nouvelles de Bourgogne, en fit part à sa protégée.
    – Ma fille, dit-elle, grande nouvelle ! Le duc Philippe vient de convoler pour la troisième fois. Un mariage tel qu’on n’en vit jamais, avec trois semaines de réjouissances...
    Philippe le Bon venait d’épouser à Bruges l’infante Isabelle de Portugal, anglaise par sa mère, proche parente de Jean de Lancastre, duc de Bedford.
    – Peut-être, ajouta la dame, cette union mettra-t-elle un terme à la vie dissolue de Philippe. Savez-vous que ce satrape a eu, en plus de ses premières épouses, vingt-cinq maîtresses qui lui ont donné seize bâtards ? Il est vrai que c’est peu de chose comparé aux soixante bâtards du comte de Clèves et aux trente-six de l’évêque de Cambrai qui en a fait ses enfants de choeur !
    Dans la lettre adressée à son épouse, le Gros Georges s’était étendu sur les détails concernant ces noces qui avaient ébloui toutes les cours d’Occident : les fêtes avaient tenu la ville en éveil durant près d’un mois, jour et nuit ; on banquetait dans les lieux publics, on dansait sur les places, le vin coulait à flots pour la populace, on distribuait de l’or à poignées...
    Philippe présidait ces fêtes vêtu de noir comme à son ordinaire, en signe du deuil consécutif à l’assassinat de son père, Jean sans Peur, par les Armagnacs, sur le pont de Montereau, dix ans auparavant. Philippe avait souhaité, à l’occasion de son union avec Isabelle, créer une distinction réservée aux grands seigneurs d’Occident : la Toison d’or. Cette décision lui avait été inspirée par une de ses ardentes favorites, une Flamande rousse et frisée comme un mouton. Aux premiers récipiendaires il avait fait distribuer, outre l’insigne du nouvel ordre, des colliers de pierre à briquet comportant cette devise sibylline gravée sur une plaque de métal précieux : Il frappe avant que la flamme ne brille. L’un et l’autre s’enflamment...
     
    Une nouvelle autrement importante parvint à Jeanne à la mi-février : Philippe venait d’obtenir de Bedford la cession des comtés de Brie et de Champagne, ce qui faisait de son duché un véritable royaume. Cadeau fastueux ! Encore fallait-il conquérir les armes à la main ces territoires demeurés fidèles au roi Charles. Qu’à cela ne tienne ! Philippe réunit une armée qu’il plaça sous la conduite de Jean de Luxembourg, son féal.
    Lorsque La Trémoille et le roi arrivèrent à Sully, Jeanne laissa libre cours à sa colère :
    – Philippe a laissé tomber le masque ! Sire, vous ai-je assez répété qu’il ne fallait rien attendre de bon de ce traître ! Convenez-en : vous avez été dupé. Il est temps d’ouvrir les yeux et de réagir, et vous savez comment...
    Le roi parut

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