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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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Charlotte se précipita vers elle : elle était coiffée, tout comme Jeanne, très court, à la manière des soldats. Jeanne la pressa contre elle.
    – Charlotte, ma chérie ! comme je suis heureuse de te revoir. Tu as grandi en quelques mois et je ne t’aurais pas reconnue.
    – Chaque soir, dit Charlotte en essuyant ses larmes d’un revers de poignet, j’ai prié pour que tu nous reviennes saine et sauve. Dieu m’a entendue ! Dis, Jeanne, à présent que la guerre est finie et que tu as fait sacrer le roi, tu vas rester parmi nous, dans ta maison ?
    – Ce n’est pas si simple, Charlotte. La guerre n’est pas finie. Nous en parlerons ce soir dans ta chambre, si tu veux toujours de moi.
     
    Le lendemain, au cours du dîner en famille, Jeanne confirma à Jacques Boucher son intention d’acquérir une demeure à Orléans. Il l’y encouragea et son épouse s’en réjouit. Quant à Charlotte, elle délirait de bonheur en faisant des sauts de cabri. Le chapitre possédait quelques immeubles inoccupés ; il se ferait un plaisir de lui en céder un à bas prix.
    Au retour de la campagne du sacre, après la dispersion de l’armée à Gien, Charles avait fait don à la Pucelle d’une somme qui lui avait permis de renouveler son harnois et ses armes, de s’acheter un bon cheval, de distribuer des aumônes. Il lui en restait suffisamment pour acquérir une modeste maison.
    Elle porta son choix sur une demeure à colombages, avec avancée, rue des Petits-Souliers, près de la boutique d’un marchand d’huile. Du grenier la vue portait au-delà des remparts sur les ruines des bastilles anglaises et les chantiers de reconstruction des anciens faubourgs. Elle donna son accord pour le prix que le chapitre demandait.
    – Quand comptez-vous vous installer ? demanda maître Boucher.
    – Dès que ma mission sera terminée et si Dieu me prête vie, dit-elle, mais si j’en crois mes frères du Paradis, je ne durerai guère. J’ignore comment il faut prendre cette prophétie.
    Elle versa un acompte, promit de s’acquitter du complément dès que possible. Puis elle se prépara à retourner à Mehun.
    – Si je n’écoutais que mon agrément, dit-elle à Charlotte éplorée, je ne repartirais pas, mais mon doux sire, le roi Charles, pourrait bien devoir recourir à mes services. Je ne puis le laisser attendre plus longtemps. Il y a encore tant à faire... Tu demanderas à ton père les clés de ma maison. Tu t’y rendras quand tu voudras et tu prieras pour moi.
    Elle ôta de son cou l’amulette à l’image de saint Michel, présent du novice de Neufchâteau, dont elle ne s’était jamais séparée, et l’offrit à Charlotte.
    Le retour à Mehun-sur-Yèvre fut moins paisible que l’aller.
    Alors que le détachement de Jeanne se trouvait dans les parages d’Arlon, il trouva en travers de sa route une trentaine de brigands vêtus pour la plupart de fourrures, les armes au poing, encadrés par une dizaine de cavaliers aux mines patibulaires. L’un d’eux s’avança vers Jeanne, la main levée en signe de bonnes intentions.
    – Qui es-tu et que veux-tu ? lança la Pucelle.
    – Mon nom t’est peut-être connu, fit le brigand : Barthélemy Baretta pour te servir. Je ne te veux pas de mal. Au contraire. Toi, tu es Jeanne la Pucelle, si je ne me trompe ? Tu peux descendre de cheval. Je ne te mangerai pas !
    Imitée par Jean d’Aulon et quelques autres cavaliers elle mit pied à terre. Baretta la prit par le bras pour la conduire à l’écart en lançant à Jean d’Aulon :
    – Dis à ceux qui te suivent de ne pas bouger. J’ai à causer avec votre capitaine , et sans témoin.
    Lorsqu’ils se furent éloignés de quelques pas il lui dit :
    – Ça fait belle lurette que je souhaite te rencontrer. Depuis que je suis au courant de tes exploits. Il faudrait être sourd pour ne pas entendre parler de toi. Partout où je passe, et je voyage beaucoup, j’entends les mêmes chansons. Tu es plus connue que le pape de Rome et plus aimée.
    – Peut-être... répondit Jeanne d’un air indifférent, mais ça ne me dit pas ce que tu veux.
    Baretta était un bel homme aux cheveux longs, noués sur la nuque d’un lien de cuir, au visage tailladé de balafres, au regard limpide et franc. Il expliqua qu’il était originaire d’un village proche de Pinerolo, au pied des Alpes italiennes. Sa famille y vivait d’un champ d’oliviers et du fromage de ses chèvres. La misère. Lui, Barthélemy, avait eu d’autres

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