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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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qui se superpose à la lumière tombant des vitraux des formes floues, si elle perçoit un murmure confus, comme si ses voix se concertaient pour lui délivrer un message qui ne vient pas. Ses saints et ses saintes l’auraient-ils abandonnée ? Va-t-elle tomber dans la condition méprisable des fausses pythonisses que le frère Richard promène de ville en ville comme une troupe de baladins ?
    Parfois, par un escalier en colimaçon taillé dans la chair de pierre du donjon, elle monte jusqu’aux galeries des grands et petits galetas, qui ouvrent d’une part sur l’étendue du parc et de l’autre sur d’immenses greniers aux charpentes en forme de carènes. Là, dans le silence de la pluie et le roucoulement des pigeons, elle savoure un moment d’éternité qui dissipe, comme une rafale de vent le fait de la brume, ses soucis, ses colères et jusqu’à ses espoirs.
     
    C’est là, dans le petit galetas, qu’un matin de mars elle a retrouvé Barthélemy Baretta. Le Piémontais lui avait fixé ce rendez-vous par l’intermédiaire de Jean d’Aulon.
    Il l’attendait, assis entre deux colonnettes, vêtu d’un sarrau de plâtrier, près d’une auge et d’une truelle. Il s’était glissé dans le château mêlé à une équipe de tâcherons convoqués pour quelques travaux de réfection. Ni vu ni connu. Installé à Sully depuis quelques jours, il avait pu observer les allées et venues de la Pucelle.
    – Hier, dit-il, dans le village, tu es passée si près de moi que j’ai failli t’interpeller. Je ne l’ai pas fait de crainte d’éveiller la suspicion de tes valets. Tu avais belle allure dans ta robe de velours grenat, et...
    – Que fais-tu ici et que me veux-tu ?
    – Parler un peu, te donner quelques nouvelles que peut-être on te cache.
    – Quelles nouvelles ?
    – Par exemple : Philippe vient de se faire attribuer par les États de Dijon des subsides destinés à lever une armée, et tu sais pourquoi ? Il ne tardera pas à partir en campagne pour occuper les provinces de Brie et de Champagne que Bedford lui a offertes, peut-être en cadeau de mariage.
    – D’où tiens-tu ces nouvelles ?
    – Des grandes oreilles que je laisse traîner un peu partout. Je paie très cher quelques agents pour me renseigner, et ils le font aussi bien, sinon mieux que ceux de La Trémoille. Ce traître ! Je pourrais t’en raconter sur lui des vertes et des pas mûres. Il faut reconnaître qu’il manifeste un sacré talent pour endormir les gens, et le roi en particulier.
    Il se leva, prit sous son bras l’auge qui attestait de ses fonctions et s’excusa de la brièveté de cet entretien.
    – Je ne veux pas risquer de donner des soupçons par une trop longue absence. De plus j’ai deux mots à dire à quelques bourgeois des Bordes, de l’autre côté de la Loire. Ils ont pissé dans mes houseaux, ce qui ne me plaît guère. J’en aurai tout au plus pour deux ou trois jours. D’ici peu, si tu le permets, je t’apporterai des nouvelles fraîches. Es-tu toujours décidée à reprendre les armes ?
    – Dès que je le jugerai nécessaire.
    – Alors nous sommes faits pour nous entendre. Comme on dit chez moi : Addio, bellissima...
     
    Charles ne pouvait rester dans l’ignorance des récentes menées du cousin Philippe. Il n’était bruit que de cette menace de guerre, des subsides accordés par les États de Dijon, de l’imminente entrée en campagne de Jean de Luxembourg.
    Décision du Conseil royal en guise de riposte : l’envoi d’un émissaire au duc de Bourgogne pour lui rappeler que la trêve ne s’achevait qu’en avril et que, d’ici là, il eût à garder l’arme au pied.
    L’envoyé du roi Charles revint avec des menaces à ses trousses : l’armée de Philippe était sur le pied de guerre. Sur la fin du mois de février, Jean de Luxembourg s’était mis en campagne avec quelques compagnies d’Anglais et de Bourguignons. Objectif prioritaire : Compiègne. Philippe supportait mal l’insubordination manifestée par cette ville et n’acceptait pas la semonce du cousin Charles. Eh quoi ! il opérait sur les territoires que lui avait cédés Bedford ; il était maître chez lui, et qu’on ne vienne pas lui chercher des poux dans la tête !
    Au-delà de cette opération limitée et qui, somme toute, ne constituait pas un acte d’agression caractérisé se dessinait le grand dessein des Anglo-Bourguignons : dégager les environs de Paris à l’est, le long de l’Oise, de manière à faire

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