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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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Pucelle du lieu de sa capture, l’idée de Jean de Luxembourg était de lui ôter toute tentation de s’enfuir. Il décida de la faire conduire à Beaurevoir, un de ses domaines situé dans le nord du royaume, au centre approximatif d’un triangle formé par Saint-Quentin, Cambrai et Péronne. Il avait hérité cette place d’un parent, Walleran II de Luxembourg, et, dans les premières années du siècle, s’était attaché à lui donner une allure martiale sans renoncer à en faire une résidence agréable.
    Il y fit conduire Jeanne à la fin du mois de juillet.
    Elle s’était insurgée lorsqu’on avait voulu la séparer de son intendant et avait obtenu satisfaction. Quant à Pierre, qui n’envisageait pas avec plaisir cette nouvelle équipée, il demanda et obtint de rester à Beaulieu, où la vie lui était agréable et où il s’était fait des relations amicales avec ses gardiens et sentimentales avec une servante. Jeanne ne fit rien pour l’en dissuader.
    À Beaurevoir elle eut la surprise d’être accueillie non comme une prisonnière, mais comme une visiteuse attendue avec impatience.
    Deux dames régnaient sur ce château qui dominait un paysage aimable, où alternaient d’opulentes cultures et des forêts giboyeuses.
    Jeanne de Béthune, une demoiselle presque septuagénaire, tante du comte Jean, lui dit à son arrivée :
    – Nous n’avons rien des geôliers que tu t’attendais peut-être à trouver ici. Nous allons veiller à te rendre la vie agréable en attendant de connaître la décision qui sera prise à ton sujet.
    La dame Jeanne de Luxembourg, épouse du comte Jean, ajouta :
    – Tu auras tout loisir de vaquer dans l’enceinte du château et de faire tout ce que bon te semblera. Tu pourras même effectuer quelques promenades dans les environs. Sous bonne escorte, cela va de soi...
    Elles tenaient ces consignes du maître des lieux qui les leur avait exposées par écrit. Jeanne se dit que ces propos avaient de quoi la rassurer quant aux conditions de sa captivité. Elle confia à Jean d’Aulon :
    – Cette demoiselle et cette dame sont de charmantes personnes, mais à la première occasion favorable, je prendrai la clé des champs sans le moindre scrupule. Aussi bien traités que nous puissions l’être, je préfère ma liberté.
    Jeanne se montra sensible à l’affection que la vieille demoiselle lui témoignait. Grisâtre, d’une santé précaire mais vive de nature, elle confia à la prisonnière qu’elle s’ennuyait un peu dans cette forteresse, malgré la présence de sa parente. Par les soirs chauds de juillet, sous le tilleul de la cour, elle se laissait volontiers aller à des confidences.
    Marraine du roi Charles et jadis dame d’honneur de la reine Isabeau, elle avait connu tous les grands personnages du royaume. Elle n’aimait guère Madame Yolande en raison de sa propension à tout ramener à ses intérêts ou à ceux de sa famille ; son comportement ingrat envers la Pucelle l’avait choquée. Elle n’avait que mépris pour la tourbe de favoris qui, profitant de la faiblesse du pauvre Charles mettaient les finances du royaume en coupe réglée. Elle ne cacha pas à la prisonnière que l’abandon apparent dans lequel on la laissait lui paraissait le comble de l’ingratitude.
    – Je fais confiance au Seigneur et à mes voix, répondait Jeanne. Elles me répètent de tout prendre en gré, me reprochent même ma tentative de m’évader de Beaulieu en me disant que je n’en avais pas licence de leur part. Déjà, à Domrémy, mes parents me jugeaient remuante et rebelle...
     
    La vieille demoiselle vouait un culte à la mémoire de son frère, le cardinal Pierre de Luxembourg, mort en Avignon à moins de vingt ans, en odeur de sainteté. Des pèlerins se rendaient en foule sur son tombeau, en l’église des Célestins, à Villeneuve-lès-Avignon, où, disait-on, on avait assisté à des miracles. Elle avait obtenu sa canonisation. Chaque année, pour l’anniversaire de la mort du frère chéri, elle se rendait sur le lieu de sa sépulture, en dépit des fatigues et des dangers de ce long voyage.
    Elle nourrissait une autre passion pour son neveu Jean, sans être payée de retour. Ce godelureau, comme elle l’appelait par plaisanterie, n’avait qu’un souci en tête : l’argent. Petite fortune mais grandes dépenses, principalement pour le prestige.
    – Comment, disait-elle à Jeanne, ne pas aimer et plaindre ce pauvre garçon qui s’est conduit en

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