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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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se rendre à Gien, base précédente de ses campagnes. On se dit dans son entourage qu’il allait convoquer le ban et l’arrière-ban de ses sujets, foncer vers Compiègne, battre les Anglo-Bourguignons, exiger la restitution de la Pucelle.
    Il resta quelques jours dans la ville, sans but exprimé qui eût justifié ce déplacement. Il poussa jusqu’à Sens, hésita encore, renonça à se rendre à Reims qui réclamait sa présence à grands cris : cette ville était trop éloignée de ses résidences favorites, située dans une zone dangereuse de surcroît.
    Frileusement, il reprit la direction de la Loire.
     
    Jeanne captive, d’autres qu’elle poursuivaient sa mission.
    Sur la fin du mois de juin, Charles apprit avec surprise que les troupes du prince d’Orange, affilié au duc de Bourgogne, avaient subi une lourde défaite en Dauphiné : elles avaient été attaquées, à Anthon, par les routiers d’un célèbre chef de bande espagnol, Rodrigue de Villendrando, qui les avaient écrasées. En quelques heures ce brigand de haute volée avait sauvé deux provinces demeurées fidèles au roi de France : le Dauphiné et le Languedoc.
    À Compiègne, la garnison de Guillaume de Flavy, renforcée par les contingents de soldats et de routiers qui avaient suivi la Pucelle, résistait avec acharnement aux assauts, si bien que Jean de Luxembourg songeait à lever le siège.
     
    Alors qu’il se reposait de ses fatigues et de ses émotions à Mehun-sur-Yèvre, Charles reçut un courrier de Jacques Gelu, évêque d’Embrun, un de ses compagnons de jeunesse avec lequel il avait gardé des rapports distants mais courtois. Le prélat était de ceux qui avaient mal toléré les prétentions de Jeanne à opérer des miracles et mis le dauphin en garde contre, disait-il, cette sibylle de village élevée sur le fumier. Depuis le siège d’Orléans il avait changé d’avis et tenait Jeanne pour une envoyée du Seigneur.
    Il écrivait à son ancien compagnon : Je vous conseille que, pour recouvrer cette fille et racheter sa vie, vous n’épargniez ni moyens ni argent, à quelque prix que ce soit, sinon vous risqueriez d’encourir le blâme indélébile d’une coupable ingratitude...
    Le prélat demandait en outre à son souverain de faire ordonner dans tout le royaume des prières publiques et des processions pour la délivrance de la Pucelle.
    Dans le Conseil royal on faisait grise mine en s’efforçant d’éviter quelque allusion que ce fut à l’événement auquel chacun pensait. On n’avait que de rares nouvelles de Regnault, mais La Trémoille, Gaucourt et les autres conseillers faisaient leur examen de conscience avec le sentiment que, s’ils n’avaient pas manigancé, comme certains le leur reprochaient à mots couverts, la capture de Jeanne, ils n’avaient pas estimé cette fille à sa juste valeur ni soutenue comme elle l’eût mérité. Ils s’efforçaient de brider le sentiment de culpabilité qui les effleurait parfois en se disant que la Pucelle n’en avait jamais fait qu’à sa tête et ne devait qu’à elle-même ce qui lui arrivait. Ce en quoi ils n’avaient pas tout à fait tort.
    De bonnes âmes prièrent le souverain d’intercéder auprès du Saint-Siège pour que la pape Martin intervînt auprès de Jean de Luxembourg et de Philippe de Bourgogne. Excellente idée ! se dit Charles. Et qui ne coûtait rien. Il passa quelques jours à remuer dans sa tête les termes qu’il pourrait employer pour émouvoir le Saint-Père, se demanda si Martin avait un coeur assez charitable pour daigner accueillir avec faveur une telle requête. Comme il trouvait beaucoup de doutes dans cette démarche il y renonça.
    À la mi-juillet, alors qu’il se reposait à Chinon des ardeurs de l’été, il apprit que Jeanne, après une tentative d’évasion de la forteresse de Beaulieu, avait été transférée avec ses deux compagnons dans celle de Beaurevoir, non loin de Cambrai.
    Peu de temps après cette nouvelle qui avait suscité en lui de nouveaux remords, d’ailleurs sans conséquence, le Gros Georges lui dit :
    – Sire, nous allons vous présenter un personnage singulier, une sorte de thaumaturge champêtre, un berger des environs de Mende, dans le Gévaudan, au pied des monts Lozère. Il se prénomme Guillaume. Nous pensons avoir découvert en lui un substitut de la Pucelle, mais, lui, nous pourrons le manier à notre guise...

9
    Le saut de l’ange

Beaurevoir, juillet 1430
    En éloignant la

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