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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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d’insécurité. On y conservait d’ordinaire le vin et les vivres. Jeanneton s’y était aventurée par jeu avec Jeanne lors de parties de cachette et le jeune Aimond de Macy l’y avait un jour serrée de si près qu’elle avait eu du mal à lui échapper. Dans ce boyau froid et sombre, qui rappelait à Jeanne ceux du château de l’Île, on avait aménagé une cellule fermée par une grille, dans laquelle se morfondait pour l’heure Jean d’Aulon.

10
    Délivrer Jeanne ?

Chinon, octobre 1430
    Il a tourné un long moment au-dessus du jardin et de la grosse tour du Coudray puis a plané, presque immobile, comme porté par un souffle d’air, avant de se laisser tomber comme une pierre au milieu d’un groupe de colverts somnolant au soleil, près du bassin. Saisissant l’un d’eux dans ses serres, il l’a emporté, pantelant et se débattant, dans les hautes ramures d’un arbre dépouillé de ses feuilles.
    « Un faucon, songe Charles. Peut-être un milan ou un épervier... »
    Le festin sanglant a débuté. Alors que le rapace a commencé à le disséquer, le canard continue à battre des ailes et à pousser des cris déchirants. Bientôt, dans le silence du jardin désert il ne reste de perceptibles que les protestations des autres volatiles qui se sont réfugiés sous un buisson de lauriers.
    Fin du drame.
     
    Charles se retourne vers le visiteur que La Trémoille et l’évêque Regnault poussent devant lui.
    – Ton nom ? dit le roi. Je ne m’en souviens plus.
    – Guillaume, messire.
    – Guillaume... comment ?
    – Guillaume, messire.
    Le jeune visiteur, maigre, noiraud, mal attifé, lance un regard suppliant vers le chambellan qui répond à sa place :
    – Guillaume, sire, comprend mal ce que vous lui dites. Il ne parle guère que le patois de son pays, le Gévaudan. C’est une âme simple, un coeur pur, un élu sous ses apparences de rustre. Il est sale et il pue, mais lorsque nous l’aurons fait passer aux étuves et parfumé, que nous lui aurons donné des vêtements décents, il sera fort présentable.
    Le chancelier lui lance d’une voix rude :
    – Avance tes mains, enlève ces sabots et montre tes pieds !
    Le petit berger replace son bonnet de laine sur sa tignasse hirsute, ouvre ses mains calleuses, grises de crasse : la paume porte deux cicatrices. Il ôte de ses socques ses pieds nus couleur de terre : ils portent les mêmes blessures cicatrisées. Le roi marque un recul, se frotte le menton d’un air perplexe. On dirait...
    – ... des stigmates, sire, dit Regnault.
    – ... comparables à ceux que portait Notre-Seigneur sur la croix, ajoute La Trémoille, sauf qu’il ne devait pas puer le bouc comme ce sauvage. Ces stigmates saignent chaque année au temps de la Passion. Guillaume les portait à sa naissance, n’est-ce pas, mon enfant ?
    Le berger opine du chef sans avoir rien compris au discours de cet imposant personnage. L’air soudain semble traversé d’un souffle d’Évangile ; un orgue bourdonne sous le haut plafond armorié ; la colombe qui roucoule sur la bordure de la fenêtre vient peut-être du paradis.
    Charles s’ébroue comme au sortir d’un bain, chasse ces drôles d’idées qui tournaient dans sa tête.
    – Eh bien, dit-il, que sais-tu faire à part garder ton troupeau ? Fais-nous un tour de ta façon...
    La Trémoille fait s’avancer le prêtre qui a escorté son jeune paroissien jusqu’à Chinon et qui sert d’interprète. Il est maigre, brun de peau comme un Sarrasin, aussi sale que son protégé, mais il parle, outre un peu de latin, un français convenable.
    – Votre Majesté, marmotte-t-il d’une voix tremblante, Guillaume est un brave petit mais un innocent, un fadart , comme on dit chez nous de ceux qui ont vu les fées et en ont gardé l’esprit dérangé. Lui, ce n’est pas les fées qu’il a vues, comme la bergère de Domrémy, mais la Vierge Marie. Elle vient le visiter souvent pendant qu’il garde son troupeau, et elle lui parle, à ce qu’il dit, sans qu’il comprenne, forcément, puisque la Vierge ne doit pas s’exprimer dans le patois du Gévaudan... Il a pourtant cru comprendre qu’il était marqué du sceau divin, appelé à une grande destinée, et qu’il peut vous aider à sauver votre royaume...
    – J’ai déjà entendu cette chanson de quelqu’un d’autre... fit rêveusement le roi. Votre protégé s’est-il signalé par des actes hors de la commune nature, par des prodiges, des miracles ?
    – Pas encore,

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