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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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campagne de Jeanne pour mener le dauphin à Reims avait incité les habitants de Beauvais à l’expulser.
    Promoteur et spectateur des grands massacres de Paris, Cauchon apprit à haranguer la plèbe, à manipuler l’opinion, à s’imposer aux notables. Les bouchers Caboche et Capeluche avaient été ses hommes de main ; il avait respiré en leur compagnie l’odeur du sang et connu l’ivresse du meurtre en série. Il aurait pourtant, taraudé par sa conscience ou la crainte d’un retour de flamme, aimé oublier ce carnaval monstrueux, mais ces souvenirs l’obsédaient.
    Il conçut un jour qu’il y avait davantage de profit et d’honneur à gagner dans le cadre de l’Université que dans les activités annexes de la Grande Boucherie. En quelques années, grâce à son entregent, à son intelligence et à son absence de scrupules, il parvint à accumuler bénéfices et prébendes. Rien de ce qui pouvait accroître sa notoriété et sa fortune n’échappait à cette pieuvre qui avait noué des complicités jusque dans les cabinets des cardinaux et du Saint-Père.
    Et voilà, alors que la route du cardinalat s’ouvrait devant lui, que cette fille de ferme, cette sorcière, cette créature qui se disait pucelle et Fille Dieu, lui barrait la route !
     
    Pierre Cauchon se présenta à Jean de Luxembourg devant Compiègne, porteur d’une lettre de l’Université réclamant la Pucelle afin de procéder à son jugement. Les clercs de cette vénérable institution, soutien inconditionnel de la chrétienté, demandaient que cette fille communément nommée Jeanne la Pucelle , soit envoyée au roi Henri pour être remise à l’Église en vue de son procès, soupçonnée qu’elle était d’avoir commis plusieurs crimes, sortilèges, idolâtrie, invocation des démons et autres cas touchant la foi et contre cette foi ...
    Le comte Jean faillit éclater de rire en lisant ce courrier : c’était tirer à boulets rouges sur un pinson !
    – J’ajoute, dit Cauchon sans se démonter, que nous nous montrerons généreux. Le roi Henri est tout disposé à offrir six mille francs à ceux de vos hommes qui ont procédé à la capture et une rente de trois cents livres au bâtard de Wandronne à qui cette fille fut remise pour vous être ensuite confiée. Comme nous en étions convenus, la rançon destinée au rachat de la prisonnière sera de dix mille écus, en vertu des droits et coutumes de France.
    Le comte fit grise mine, convertit dans sa tête les francs en écus, les écus en livres et marmonna :
    – Ce n’est pas cher payé, monseigneur ! Nous risquons gros en vous livrant la Pucelle. Le roi Charles vient d’écrire à Philippe de Bourgogne qu’il tirerait vengeance d’un tel acte sur les prisonniers qu’il détient, et notamment l’un des meilleurs capitaines anglais : sir John Talbot, que Jeanne a pris à Patay. De plus je le sais fort capable, sur un coup de sang, de lever une nouvelle armée.
    Un sourire dubitatif s’esquissa sur les lèvres charnues de l’évêque.
    – Rassurez-vous ! dit-il. Nous n’avons rien à craindre de ce pauvre Charles : il crache des menaces et se rendort. C’est dans ses habitudes. Il ne fera rien pour tenter de sauver celle à laquelle il doit tout. Il est d’ailleurs fort bien conseillé par ses proches, et notamment le Gros Georges, qui déteste la Pucelle.
    Le comte Jean suivait son idée.
    – J’attendais, soupira-t-il, plus de générosité de la part de nos amis anglais. Enfin, je me contenterai de cette somme. Mais... où vont-ils la trouver ?
    – Comme nous l’avons prévu, mon cher : en Normandie ! Voyez l’astuce : nous allons faire payer à des Français la rançon d’une fille de France qui sera remise aux Anglais !
    Jeanne toujours à Beaurevoir, la tante de Béthune dans son cercueil plombé, plus rien ne s’opposait à ce que l’on mît un terme à la transaction. Jeanne serait livrée aux Anglais à Arras où le comte Jean la ferait conduire, puis dirigée vers une direction encore inconnue.
    – Nous la ferons juger par un tribunal ecclésiastique, dit l’évêque, et par un représentant de la Sainte Inquisition. Pas à Paris où les Armagnacs ont encore des partisans qui pourraient profiter de cette circonstance pour susciter des troubles, mais à Rouen. Je me porte garant de la fidélité de cette ville au roi Henri...
     
    Charles ne dormait que d’un oeil.
    Au jour le jour, pour ainsi dire, il se tenait au courant du siège de

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