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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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car, Jeanne absente, le ressort est brisé, comme il le fut pour elle, naguère, devant Paris. Présente, elle l’aurait subjugué, entraîné comme dans un tourbillon, lui aurait ouvert la voie d’une victoire définitive.
    Jeanne avait échoué devant Paris, La Charité, Compiègne ? Elle n’était pas responsable de ses revers : on lui avait confié ou permis des opérations impossibles en lui mesurant les forces nécessaires. On avait brisé son élan. On ? qui on ? Les conseillers de Charles, ces parasites, ces hypocrites qui n’avaient jamais voulu croire en elle, pas plus qu’en lui. Ils ne croyaient qu’à leur carrière et à leur fortune. Se débarrasser d’eux ? Il lui arrive d’y penser, mais il ne le veut ni ne le peut vraiment, leur astuce étant de s’être rendus indispensables. Rappeler son connétable, Richemont, le seul capable de nettoyer les écuries d’Augias ? Il y songe aussi, parfois, puis y renonce dans la crainte que ce butor ne substitue son autorité à la sienne.
    Certain matin il se réveille en se disant que la journée ne finira pas sans qu’il ait décidé d’un coup d’éclat pour tenter de délivrer Jeanne, son bras armé, son âme flamboyante. Et la journée s’achève sans qu’il ait rien décidé.
    Il a pensé alerter Madame Yolande ; il lui a rappelé que ses bonnes relations avec Philippe, la nuée d’agents qu’elle entretient entre Anjou et Lorraine, une province dont son fils, René, a hérité, pourraient lui permettre d’agir utilement. Devenue une montagne d’indifférence, elle n’a pas daigné répondre à ses courriers.
    Qui d’autre aurait pu intervenir en faveur de Jeanne ? La demoiselle de Béthune, tante de Jean de Luxembourg ? Elle était morte en Avignon. L’évêque Regnault qui, depuis des lustres, nourrit d’excellents rapports avec Pierre Cauchon ? Il a marqué tant de réticences que le roi n’a pas insisté. Les anciens compagnons de la Pucelle ? Ils sont prêts à entrer en action, à lancer une ou plusieurs expéditions pour délivrer Jeanne ; Charles ne les a ni encouragés ni découragés, persuadé que ce n’est pas un coup de main organisé par ces chefs de bande qui pourrait obtenir le résultat souhaité. Lever une armée, aller assiéger Paris ou Rouen, mettre le couteau sur la gorge à Bedford et à Cauchon ? Certes, ce serait la solution la plus efficace, mais on ne lève pas une armée de dix mille hommes en frappant la terre du talon, comme César. Il a parlé de cette éventualité à son Conseil : ses ministres ont poussé de hauts cris et lui ont fait comprendre que c’était une folie et que, si la Pucelle en était là, c’est qu’elle l’avait bien cherché.
    Il sait désormais qu’il ne pourra rien pour Jeanne : elle est perdue.

Beaurevoir, mi-novembre 1430
    Personne n’avait daigné prévenir Jeanne du départ de Jean d’Aulon. Lorsqu’elle en demanda la raison, la dame de Beaurevoir lui répondit :
    – C’est tout simple, ma fille : les proches de votre intendant ayant réglé sa rançon, il est libre. Il doit être à l’heure qu’il est auprès de Charles. Il aura beaucoup à lui raconter...
    Comme Jeanne se déclarait surprise qu’on ne l’ait pas prévenue, la châtelaine ajouta :
    – Le capitaine venu lui annoncer sa libération s’y est opposé, sans donner de raison. Peut-être voulait-il vous éviter à l’un comme à l’autre une de ces scènes déchirantes dignes des romans de chevalerie. Quant à vous, ma fille, votre propre départ ne tardera guère. J’ignore où l’on va vous transférer : à Paris, à Rouen ? Je pencherais plutôt pour l’Angleterre...
    Jeanne blêmit et sentit son coeur battre la chamade. C’était le pire qu’elle pût redouter ! Elle se voyait promenée en triomphe dans une cage, au milieu d’une foule haineuse, à travers cette ville de Londres qu’elle imaginait dans ses cauchemars comme une métropole monstrueuse. On allait la transporter dans la sinistre Tour de Londres dont Dunois lui avait parlé naguère en évoquant la longue captivité de son demi-frère, Charles d’Orléans.
    – L’Angleterre... Londres... dit-elle d’une voix blanche. Plutôt mourir tout de suite.
    – On ne vous demandera pas votre avis, ma fille ! répliqua la dame avec un sourire aigre. Vous mourrez peut-être sans tarder, mais pas avant d’avoir été jugée. Je ne vous cache pas que l’intention de vos juges sera de démontrer que le soi-disant roi Charles a

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