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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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en compagnie des autorités, mais je serai là pour te tenir compagnie. À défaut de volaille rôtie il y aura bien un petit extra...
    Berwoit la déposa dans la cour de la forteresse qui flanquait la ville : le château de Bouvreuil, un nom qui donnait une idée de nid douillet. Il en allait tout autrement. Bouvreuil était en fait le nom de la colline surplombant la cité enveloppée d’un gros serpent de Seine et de forêts. Édifié à mi-pente dans les temps anciens par le roi Philippe Auguste, la forteresse était protégée par une enceinte de sept tours. Au nord-est, entouré d’un fossé, se dressait le donjon. Le petit roi Henri et le comte de Warwick, gouverneur de la place, logeaient dans ce périmètre bien protégé.
    Discrétion ou pudeur ? l’arrivée de la Pucelle n’avait provoqué aucun mouvement de curiosité, mais des badauds l’observaient aux fenêtres des logis accotés aux remparts. Un petit groupe de religieux, capuche rabattue sur le nez, se tenait devant la chapelle Saint-Gilles, une basilique de modestes dimensions détachée des remparts, un autre devant la chapelle castrale incluse dans les appartements royaux. Des gardes grelottaient sous le vent glacé, devant chaque issue.
    – Tu seras logée dans le donjon, dit Berwoit. La vue sur la colline est agréable. Au printemps tu pourras entendre chanter les oiseaux. Si tu es encore de ce monde...
    Ce ton persifleur déplut à Jeanne ; elle se garda de riposter, trop heureuse qu’elle était d’avoir enfin trouvé, sinon un havre de grâce, du moins un logis où elle serait à l’abri des intempéries.
    Passé la salle voûtée située au-dessus des caves et qui faisait office de salle des gardes, un escalier pris dans l’épaisseur de la muraille menait au premier étage, situé sous ce qu’on appelait la chambre haute. L’étage réservé à Jeanne était suffisamment vaste mais très froid. Deux meurtrières sur trois avaient été bouchées avec de la paille, si bien que le galetas baignait dans la pénombre.
    – Tu seras là comme un coq en pâte, lui dit Berwoit. Un bon lit, un coin pour les nécessités, des chaînes pour que tu ne sois pas tentée de prendre le large, et ce petit retiro au cas où tu ne serais pas sage.
    Le retiro dont parlait le capitaine provoqua chez Jeanne un sursaut de terreur : il était meublé d’une cage de fer.
    – Son Excellence le gouverneur, expliqua Berwoit, l’a fait assembler et forger récemment par un fabre de Rouen, Étienne Castille. Tu y seras un peu à l’étroit mais tu t’y feras vite.
    Jeanne se souvint de ce que Jean d’Aulon lui avait raconté du siège de Château-Gaillard par La Hire, quelques mois auparavant. Le chef de bande avait enlevé la place et délivré un de ses vieux compagnons, le chevalier gascon de Barbazan, qui était enfermé dans une cage semblable. Barbazan, dignement, avait refusé de quitter sa prison de fer en prétextant qu’il avait donné sa parole de ne pas s’évader avant que sa rançon ne soit payée. Il avait fallu l’en extraire de force.
    Par jeu Berwoit se plia en deux, s’introduisit dans la cage et en ressortit en faisant la grimace.
    – Je dois reconnaître, dit-il, que, plus grande et plus costaude que moi, tu aurais du mal à t’y faire, et avec des chaînes en plus. Ça devrait t’inciter à te tenir tranquille.
    Pour la condition ordinaire d’incarcération, le gouverneur avait prévu un grabat doté de chaînes, de colliers de fer et, au fond, d’un madrier pourvu d’anneaux destinés à immobiliser les pieds.
    Jeanne protesta avec véhémence : ce n’était pas un traitement, compatible avec sa situation de prisonnière de guerre. Était-elle une criminelle dangereuse pour qu’on lui impose ce martyre ?
    – Je veux rencontrer le gouverneur ! S’il refuse de m’écouter je me laisserai mourir de faim !
    Berwoit se gratta le menton.
    – Ma foi, dit-il, je veux bien essayer de lui parler, mais sir Richard n’est pas enclin à s’apitoyer sur le sort de ses prisonniers. Suis mon conseil : ne le prends pas de front quand tu le verras !
    – Je veux voir aussi le jeune roi Henri, et les clercs de l’Inquisition, et monseigneur Cauchon, tous ceux qui ont en charge mon procès, et...
    Berwoit s’inclina avec un sourire ironique.
    – À votre service, majesté ! En attendant, je vais te faire servir du vin chaud. Nous en avons tous besoin.
    – ... et je veux voir aussi les femmes qui seront chargées de me

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