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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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Il faut faire le nécessaire pour la délivrer sans plus attendre.
    – Vous me la baillez belle, monsieur le maréchal ! Auriez-vous un plan ? J’en doute...
    – Douter, sire, c’est condamner Jeanne. La solution la plus raisonnable serait de payer une rançon. Moi et mes compagnons pourrions y aider, de même que la population, comme elle l’a fait lorsque Du Guesclin est tombé aux mains des Anglais. Vous pourriez...
    Un rire grinçant l’interrompit. Charles s’écria :
    – Prétendez-vous que nous n’ayons rien fait ? On nous a proposé une somme telle pour racheter Jeanne que toutes les finances du royaume n’y eussent pas suffi. Les Anglais ne permettront à personne d’autre qu’à eux-mêmes de racheter cette pauvre enfant. Cessez de nourrir des illusions !
    – Soit... Il reste que vous pourriez rassembler une armée, entrer en campagne, courir sus aux ravisseurs.
    – Ce serait inutile. Jeanne est bien cachée. Après Beaulieu et Beaurevoir on a perdu sa trace.
    – Il reste une dernière solution : repérer l’endroit où l’on a conduit Jeanne, mettre sur pied un détachement d’hommes décidés, forcer les portes de sa prison...
    – Folie ! Ce serait risquer inutilement votre vie et celle de vos compagnons.
    – C’est pourtant ce que je vais tenter. Aucun des compagnons de Jeanne n’a oublié ce qu’il lui doit et donnerait sa vie pour elle. La plupart étaient des brigands ; elle en a fait des soldats. Elle les a nourris d’amour et de foi.
    Charles, d’ordinaire placide, laissa échapper sa colère :
    – Je puis vous interdire ce projet contraire aux lois de la guerre. Dites-vous bien que Jeanne a cherché ce qui lui est arrivé. Elle est demeurée sourde à mes avis et à ceux de mes conseillers. Elle n’écoute même plus ceux qu’elle appelle ses frères du Paradis. Elle n’est victime que de son orgueil et de son entêtement. En outre elle constituait un danger dans les négociations que nous avons entreprises avec Philippe de Bourgogne. Nous ne parviendrons à chasser les Anglais que s’il penche de notre côté. Aller l’attaquer sur ses terres n’est pas le bon moyen pour le rassurer sur nos intentions.
    Il se versa un gobelet de jus de limon, poursuivit sur un ton plus calme :
    – À supposer que vous parveniez à délivrer Jeanne, qu’en ferions-nous ? Un nouveau chef d’armée ? Moi et mon Conseil y sommes opposés. La renverrions-nous à sa famille ? Elle refuserait. À mon avis elle est à cette heure là où Dieu a jugé bon de l’envoyer...
     
    Gilles quitta Mehun dans une grande confusion d’esprit : il avait l’impression d’avoir prêché un indifférent et un ingrat, d’avoir avancé des idées auxquelles lui-même avait de la peine à croire. En revanche, il avait acquis une certitude : Charles était bien décidé à défendre son royaume, mais ses méthodes différaient de celles de Jeanne. Il se dit, en cheminant vers Machecoul, qu’en dépit de l’opposition de Charles il mettrait à exécution son double projet : repérer le lieu d’incarcération de Jeanne et rassembler une compagnie pour tenter un coup de main.
    Il finit par croire à ce plan avec une telle conviction qu’à peine arrivé il se mit en quête de quelques compagnons aussi décidés que lui. À peu de temps de là il apprit par Dunois qui revenait de Louviers que Jeanne serait sans doute jugée à Rouen.

Rouen, Noël 1430
    Cette neige de Noël n’est pas celle des jours précédents : elle ne suscite pas le même silence, elle ne réfracte pas avec la même intensité la lumière du matin, elle ressemble à un tapis que l’on aurait déroulé durant la nuit pour la visite d’une légion d’anges et de psalmistes, elle suscite une impression d’attente.
    Noël à Domrémy... À peine descendu de sa mule, l’oncle Laxart se livrait à des contorsions et à des propos qui mettaient la maisonnée en joie. On savait qu’avec lui, passé la messe de la Nativité, on ne s’ennuierait pas : il apportait dans ses fontes des victuailles, du vin de sa vigne, des jouets de bois qu’il avait lui-même confectionnés et une sorte de crincrin dont la musiquette faisait hurler le chien Brutus et pleurer la petite Catherine. C’était un temps de douceur, d’amour et de joie, traversé pour Jeanne par des concerts de voix célestes.
    Noël au château de Bouvreuil... Jeanne a mal dormi, comme la nuit précédente. Ses chevilles et ses poignets la font souffrir, le fer des

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