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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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château, nous allons devoir nous séparer. John Berwoit va prendre la tête de cette colonne pour te conduire à Rouen. Si la tempête se calme ce sera pour après-demain. Tu peux préparer ton bagage.
    – Mon bagage, dit Jeanne, il ne pèse pas lourd.
    – Je te regretterai. Les premiers temps après ton arrivée je craignais que tu ne cherches à nous fausser compagnie. Tu n’en as rien fait. Je t’en remercie.
    – Moi de même. Vous êtes un brave homme et je vous regretterai moi aussi.
    Il ajouta à voix basse :
    – À propos de Berwoit, je tiens à te prévenir : il s’est montré accommodant avec toi durant ce séjour, mais tu risques de le voir se transformer en dogue en cours de route. Il faudra être sur tes gardes, suivre la consigne si tu ne veux pas qu’il te punisse. Il est persuadé qu’il va rencontrer tes compagnons en cours de route. S’il te laissait échapper, ce serait la corde. Alors tu comprends, il n’aura guère envie de te faire des risettes...
     
    Le lendemain, le temps était toujours d’une confusion extrême, mais avec quelques rémissions au cours desquelles un large soleil s’écarquillait entre des écharpes de nuées folles. John Berwoit avait malgré tout réussi à réunir quelques barques pour faire traverser l’estuaire aux hommes et aux chevaux.
    Au jour prévu, dès neuf heures du matin, le moment le plus favorable pour la traversée, la petite garnison et les domestiques se trouvaient réunis dans la cour pour assister au départ. Le prêtre serra Jeanne dans ses bras ; elle pleura dans son épaule. Il monta jusqu’au chemin de ronde pour la regarder embarquer avec un groupe de soldats, les mains liées dans le dos. Malgré les vagues qui agitaient l’esquif elle resta debout à l’arrière, le regard fixé sur la petite tache sombre, entre deux merlons, qui était Nicolas de Gueuville. À travers ses larmes mêlées aux embruns, elle le vit lever la main pour un ultime salut.
     
    Il fallut une couple d’heures à la flottille pour rallier le petit port de Saint-Valéry. Berwoit aboya quelques ordres pour disperser les groupes de curieux venus assister au débarquement de la prisonnière, lui tendre crucifix et médailles. Il fit réquisitionner la vaste demeure délabrée d’un patron pêcheur, donnant sur un chenal envasé.
    Sans un mot, peut-être par mesure de sécurité, il fit enfermer Jeanne dans un appentis encombré de vieux filets, de nasses et de couffins, où flottait une odeur de poisson gâté et d’algues mortes. Elle dormit sur un monceau de filets, deux gardes en permanence devant la porte.
    La colonne repartit le matin par la porte Guillaume, au milieu d’une foule silencieuse et immobile sur laquelle Berwoit fit courir un regard méfiant.
    Étape suivante, la ville d’Eu. Le château était campé au bord de la Bresle, un petite rivière qui séparait la Normandie de la Picardie. Jeanne reçut là un traitement plus décent et put se reposer dans une vraie chambre et un bon lit.
    La colonne repartit sous une bordée de neige malgré le temps relativement doux, en direction de Dieppe, située à huit lieues de là. Alors qu’on passait sous Notre-Dame-de-Bon-Secours, Jeanne s’arma d’audace pour demander au capitaine la permission d’y aller faire ses dévotions. Cette faveur lui fut refusée :
    – Ordre du cardinal de Winchester, ma belle, lui dit Berwoit. Toute halte à caractère religieux est interdite. Va savoir pourquoi...
    Après une halte de nuit dans le puissant château d’Arques, proche de la ville, deux autres longues journées furent nécessaires avant que l’on pût pénétrer dans les faubourgs de Rouen. Deux jours à chevaucher sous des rafales de neige qui affolaient les chevaux, aveuglaient les hommes et donnaient au paysage un aspect fantomatique. L’escorte avait pressé le train deux ou trois lieues avant d’apercevoir la Seine. Comme disait Berwoit, redevenu bon enfant, ça sentait la soupe !
    Alors que l’on entrait dans Rouen endormie sous la neige, Berwoit délia les mains de Jeanne, couvertes d’engelures et qu’elle ne sentait plus tant elles étaient engourdies. Il lui demanda de lui pardonner sa rudesse, mais ajouta qu’il avait des consignes très strictes la concernant.
    – Tu as été sage. Bravo ! Avec une diablesse de ton acabit je m’attendais au pire.
    Elle lui demanda quel jour on était.
    – La veille de Noël, ma fille. Je serais surpris que tu sois conviée à fêter la Nativité

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