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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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t’aurait-il abandonné ? Tes frères du Paradis...
    – Ils ne m’abandonneront jamais car ce sont eux qui dictent ma conduite. Si je vous dis que Marguerite, Catherine ou Michel m’apparaissent presque chaque nuit, me croiriez-vous ?
    – Je te crois, Jeanne, de toute mon âme. Et que te disent-ils ?
    – Toujours la même chose ou presque : que je dois prendre tout en gré de ce qui m’arrive. Pourtant je leur ai désobéi, à Beaulieu et à Beaurevoir, en tentant d’échapper à mon sort, mais je recommencerai à la première occasion. J’en doute, pourtant. On ne s’évade pas du Crotoy.
    – Ce pays, dit le prêtre, j’ai appris à l’aimer, l’été surtout, avec ses horizons sereins, ces nuées d’oiseaux dont je connais les noms, ces pêcheurs qui me sont familiers et me saluent au passage, ces étendues d’herbes sauvages... Parfois je parle avec lui et j’ai l’impression qu’il fait écho à ma voix par le cri des oiseaux et la rumeur du vent. En apparence c’est un paysage mort, mais regarde bien : la vie grouille dans les eaux comme sur la terre. Le Golgotha, Jeanne, peut avoir du charme quand on n’y voit pas se dresser de croix.
    – Mon Golgotha... soupira Jeanne.
    Nicolas de Gueuville montra à Jeanne la masure qu’on lui avait affectée : un galetas à moitié ruiné, à la porte dégondée, aux ouvertures bouchées par des paquets d’herbe sèche à cause du froid.
    – Je ne m’y ennuie pas, dit-il. J’ai mon missel, un tome de L’Imitation et quelques ouvrages en latin que j’ai découverts dans le grenier. Cela me permet de garder le contact avec la foi. En revanche je n’ai rien pour me chauffer et le climat est rude.
    – Je jouis d’un régime de faveur, dit Jeanne : une cheminée. Il est vrai que ce n’est pas sans raison que le capitaine prend soin de moi : si je mourais faute de soins, ce pauvre Berwoit aurait des comptes à rendre.
     
    Surprise de Jeanne, un matin de soleil qui semblait préluder au printemps. Nicolas lui lança joyeusement :
    – Suis-moi : nous avons de la visite.
    Il l’entraîna dans la cour où venait de déboucher un groupe d’hommes et de femmes qu’on aurait pu prendre pour des pèlerins.
    – Jeanne, dit Berwoit, ces gens viennent d’Abbeville pour te voir et te parler. Rien ne m’oblige à les chasser. Tu peux donc les rencontrer, mais nous t’avons à l’oeil.
    Radieuse, Jeanne se mêla à la foule, laissa ces braves gens l’entourer, caresser ses mains et ses vêtements ; elle accepta à contrecoeur de toucher les médailles qu’ils lui présentaient et répondit aux questions que lui posaient des religieux de Saint-Fulcran et du Saint-Sépulcre sur sa conduite en matière de foi.
    Un notable venu en chariot avec sa famille lui dit :
    – Après le sacre du roi Charles à Reims, notre ville était prête à l’accueillir comme un sauveur. Pourquoi n’a-t-il pas daigné venir jusqu’à nous ? Il avait pourtant une belle armée et, avec vous à sa tête, Abbeville et quelques autres cités des alentours lui auraient ouvert leurs portes.
    – Il y avait trop de danger, répondit Jeanne, à pousser plus loin cette expédition. Nous aurions risqué d’être pris à revers par les Anglais d’une part et les Bourguignons de l’autre, mais sachez que notre bon roi pense à vous benoîtement et qu’il viendra un jour prochain vous délivrer.
    Elle s’amusa de voir un jeune peintre crayonner son portrait sur son genou. Elle lui lança :
    – C’est à Sully que tu aurais dû venir me prendre comme modèle. Je menais un train de comtesse alors qu’aujourd’hui je ne suis qu’une pauvresse mal fagotée à qui l’on donnerait l’aumône.
    Les visiteurs obtinrent du capitaine la permission de visiter la cellule où le duc d’Alençon avait séjourné quelques années auparavant comme prisonnier de guerre. Ils obtinrent également de visiter la cellule de Jeanne. Un bourgeois s’approcha d’elle et, profitant d’un moment d’inattention des gardes, glissa dans sa ceinture une petite bourse en lui confiant au creux de l’oreille que c’était de la part des gens de Tournai qu’elle avait rencontrés peu de temps avant.
    – On ne vous oublie pas, dit-il. Depuis votre capture toutes les villes de France organisent des prières publiques et des processions pour demander à Dieu votre délivrance. Tout le peuple de France pleure votre captivité.
    Il lui demanda ce qu’elle comptait faire de cet argent.
    – Je comptais

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