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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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cauchemar. Vous ne pouvez tenir rigueur aux autres de préférer le joli rêve de l'aveuglement.
    – Et passer sa vie dans un assoupissement d'esprit mensonger ?
    – Quelle importance, si on ne s'éveille jamais ! Ce sont les réveils qui meurtrissent.
    Mary de Baskerville digéra ces paroles en silence. Puis, elle tapa dans ses mains, soudain allègre :
    – Bon ! Récapitulons. Qu'avons-nous ? Deux nains, trop petits pour atteindre l'arrière du crâne de Blanche, Anne, enfin peu importe, ou de Rolande avec cette force, à moins que les victimes n'aient consenti à s'agenouiller. Éloi, qui fait la preuve avec Agnès qu'il est assez brave pour attaquer de face. On peut supposer la même chose d'Urdin. En conclusion, il est, en effet, très probable qu'ils n'aient rien à voir avec les deux premiers meurtres. Toutefois, analysons plus précisément les circonstances. Je dois réfléchir à mes prochains actes. Prévenir ou ne pas prévenir l'abbesse ?
    – Mais… vous avez offert votre inconditionnelle parole ! s'insurgea Hermione avec véhémence.
    – Ah, pouffa madame de Baskerville. Que vous disais-je ? Votre aveuglement, votre crédulité. Pourquoi tiendrais-je une parole que vous m'avez extorquée avant que je sache à quoi elle m'engageait au juste ? Il faudrait que je sois bien stupide. Cependant, si je ne vous l'avais point donnée, je n'aurais rien appris. L'efficacité et l'intelligence commandaient donc que je feigne de plier à votre exigence. Toutefois, vous allez voir comme la lucidité n'est pas toujours le cauchemar que vous décrivez et peut au contraire se révéler d'une belle aide. J'ai pu moi-même constater qu'Agnès Ferrand était un être odieux, envieux, fielleux. Je suis confortée en cela par les confidences à demi-mots des unes et des autres. En d'autres termes, sa mort n'est pas une perte. Au contraire, ce serait presque une faveur d'être débarrassées d'un tel simulacre de bernardine. En conclusion, vos nouveaux amis, les contrefaits, nous ont rendu une sorte de… service. Puisque nous sommes presque certaines qu'ils n'ont rien à voir avec les deux premiers assassinats – celui de Blanche étant également une juste punition de ses actes passés –, laissons-les donc en discuter directement avec Dieu, le moment venu.
    Hermione retint un soupir de soulagement et s'enquit :
    – Comment expliquer alors le trépas de la portière ?
    – Rendons grâce à Aristote 1 et appliquons la magnifique logique. Débarrassons-nous de notre mièvrerie et jugeons en esprit.
    Hermione retint un sourire, certaine que Mary de Baskerville avait fait un effort de courtoisie en évoquant « leur » mièvrerie quand elle ne parlait que de celle de sa consœur.
    – Donc, poursuivit l'Angloise, le meurtre de Blanche est à peine un péché puisque, si nous avons vu juste, elle aurait mérité de terminer sur le bûcher. En revanche, celui de Rolande, une belle âme, est inexcusable. Son auteur doit être châtié. Il ou elle mérite la mort pour ce crime odieux, et je ne doute aucunement qu'il ou elle l'obtienne. (Vivement amusée, elle déclara alors :) Toutefois, on ne peut le ou la tuer deux fois, n'est-il pas ? Pourquoi, en ce cas, ne pas faire germer le soupçon selon lequel il ou elle serait également coupable du trépas d'Agnès ? Du coup, vos compagnons d'aberration auraient la vie sauve, et, à moins d'une décision contraire de l'abbesse, pourraient demeurer protégés en l'abbaye.
    – Ce serait menterie, protesta faiblement Hermione.
    – Et alors ? Si la ruse et la duperie servent la logique et la justice en même temps, que pourrait-on leur reprocher ? Croyez-vous que Dieu soit si benêt qu'Il ne puisse juger des intentions qui animent les uns et les autres ?
    – Comme vous y allez !
    Sautant du coq à l'âne, Mary de Baskerville jeta un regard joyeux à Hermione en déclarant :
    – Quelle bizarrerie, ne trouvez-vous pas ? Je vous connais de bien peu et nous voilà liées par de si pesants secrets qu'on pourrait nous dire sœurs de sang. Vous avouerai-je, ma chère, que je n'ai confiance qu'en moi-même ? Cela étant, le moment vient toujours du pari. Se départir de sa défiance. Parier que l'autre en est digne. Le moment est arrivé. Topons là, voulez-vous ? proposa l'Angloise en tendant la main.
    Sans hésitation, Hermione la serra entre les siennes, concluant, assez satisfaite :
    – Nous voilà donc complices à vie.
    Alexia de Nilanay,

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