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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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Le répit serait de courte durée.
    On avait annoncé après vêpres à l'abbesse le retour de monsieur de Villanova, qu'elle avait aussitôt fait sommer de se présenter devant elle.
    D'humeur saumâtre, elle détailla le médecin. Il semblait exténué et, pourtant, une sorte de joie sauvage brillait dans ses prunelles sombres.
    – Je suis bien heureuse de vous revoir enfin, monsieur, puisque vous n'aviez pas jugé souhaitable de m'avertir de votre départ, attaqua Plaisance d'un ton qui trahissait assez son mécontentement.
    – Ma grossièreté me fait honte, madame, soyez-en assurée. L'urgence du moment, la neige dont je redoutais qu'elle ne me coupe la route d'une minute à l'autre… Mon nécessaire périple jusqu'à Dame-Marie. Bref, autant d'excuses que je vous supplie d'accepter.
    – Je me contre-moque de vos excuses, Villanova ! Outre que nous nous sommes inquiétées de vous, votre désinvolture à mon égard est à tout le moins surprenante. Aviez-vous oublié que nous étions confrontées à un meurtre effarant ? Deux autres, de même facture, sont survenus après votre départ, et rien ne dit que cette sinistre liste se terminera là !
    Villanova, peu ébranlé, considéra la jeune fille un moment avant de rétorquer d'un ton d'apaisement :
    – Vous avez eu la sagesse de confier l'en… les enquêtes à des mains expertes. Celles de madame de Baskerville. Je doute d'être d'un plus grand secours qu'elle dans leur résolution. Cependant, je vous promets, pour vous plaire et me faire pardonner, que je ne m'en retournerai pas auprès de notre très Saint-Père tant que ces odieux mystères ne seront éclaircis. Ma parole, sur mon honneur, madame ma mère.
    L'engagement parut satisfaire Plaisance qui demanda, un peu radoucie :
    – Et, si je puis, qu'alliez-vous faire de si pressant à Dame-Marie ?
    – Les simples, madame, ou du moins les admirables ouvrages préservés dans la bibliothèque de l'abbaye qui leur sont consacrés.
    Le juvénile visage se ferma. Elle lança, très sèchement :
    – Me prenez-vous pour une sotte, à la fin ! Je préférerais mille fois que vous me fassiez comprendre que vous ne souhaitez pas répondre à ma question.
    – Vous, sotte ? Oh, non, madame ma mère. Bien au contraire. Je vous prends pour une belle et noble âme et certaines choses doivent lui être épargnées. Voyez-vous, fort peu est à gagner dans la connaissance des pires tréfonds de l'esprit humain. Tout juste y apprend-on à les combattre, à les vaincre parfois.
    – Je perçois une terrible aventure sous cette dérobade.
    – Elle l'est, l'était. Avec tout mon respect, je vous supplie, madame, de vous contenter de ce que je puis vous narrer. Certes, vous avez éventé mon piètre prétexte de prétendu amoureux de la botanique. Croyez-le : tel était mon souhait. J'ai l'outrecuidance de me croire homme d'intelligence. Pensez-vous véritablement que je n'aurais su concocter menterie plus convaincante qu'une frénésie de simples au plein de l'hiver si j'avais cherché à vous duper tout à fait ?
    – Alors, pourquoi ce malhabile mensonge ?
    – Afin que vous perceviez toute la nécessité d'obéir à l'ordre du pape : me laisser libre de mes mouvements, en toute circonstance, ce que vous fîtes et dont je vous rends grâce.
    – S'agissait-il d'une mission d'espionnage – disons d'examen, le terme est moins offensant – à Dame-Marie ? insista Plaisance dont la curiosité était piquée.
    – Que nenni, malheureusement. C'est une très ancienne histoire qui vient de s'y terminer. Une très laide histoire. Elle a commencé il y a cent ans et n'a cessé de gagner en venin, tel un monstrueux abcès qui n'en finirait pas de gangrener un organisme. La folie d'un homme s'en est mêlée et le mal allait se propager à tant d'autres organismes sains qu'il fallait y mettre un terme brutal.
    – La folie d'un homme ? Le mal ?
    Monsieur de Villanova hésita. Cette très jeune fille méritait une réponse qu'il ne pouvait lui donner. Toutefois, se cantonner dans le silence eût été un inacceptable affront à son intelligence et à sa force d'âme. Il livra ce qu'il se sentait autorisé à révéler :
    – L'esprit humain est si complexe, capable de tant de merveilles et de tant de vilenies. Il parvient à se leurrer lui-même avec une telle efficience que rien ne peut alors le détromper, le détourner du mensonge dont il se délecte. Voilà résumée cette vilaine et au

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