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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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épais silence lui répondit.
    1 Médecin perse, 865-932, on lui doit également la première description de l'asthme allergique et sa relation avec certaines fleurs.
    2 Chargé des inscriptions en couleur, souvent rouges, dans les chartes ou les manuscrits.
    3 Ou merderon. Grande fosse ouverte creusée à l'écart des bâtiments d'habitation dans laquelle arrivent les détritus organiques et les déjections.
    4 Consiste à faire tomber de tout son poids le condamné, attaché par les pieds au bout d'une corde, à plusieurs reprises.

Abbaye de femmes des Clairets,Perche, février 1308, ce même jour
    Ils s'étaient tassés dans la resserre où le chapitre leur avait permis de s'installer. La modeste remise flanquait les étables dont elle n'était séparée que par un mur de hauteur d'homme. La chaleur des bêtes leur parvenait, leur odeur apaisante les environnait.
    Éloi sauçait avec soin le fond de son écuelle, reprochant :
    – Par c't'froid, l'temps qu'on r'vienne des cuisines avec not'manger et tout a figé !
    – Toujours à s'plaindre çui là, le rabroua Sidonie avec tendresse. Estime-toi donc heureux que nos ventres soient bien remplis, et avec des mets autrement plaisants qu'les ragoûts de racines que nous r'filait c'te verrue de montreur !
    – Cette jeune dame marque un point, arbitra Évrard en terminant son repas. Songe, Éloi. Il nous reste même du pain alors que nous crevions de manque avant. La sœur organisatrice des cuisines n'a pas omis de nous offrir ces délicieuses oublies. Je me souviens d'en avoir mangé un jour. Il y a longtemps, ajouta le jeune homme d'un ton désespéré.
    – Avant qu'y t'balancent dans la forêt pour qu't'y crève comme un rat ? lança Éloi qui savait que tel n'avait pas été le sort d'Évrard. Mais le jeune homme avait tant besoin de se raconter que tous prétendaient avoir oublié son histoire pour l'entendre à nouveau.
    – Avant, en effet. Toutefois, ils ne m'ont pas abandonné en forêt, contrairement à Urdin. Ils m'ont offert à un montreur de foire, un autre, qu'ils ont en plus rétribué d'une belle bourse, tant leur soulagement était grand.
    – Et comment qu'tu vivais ? s'enquit Sidonie.
    – Je vous l'ai déjà raconté.
    – Tout juste, l'ami. Mais j'aime bien écouter ton histoire, mentit la jeune fille.
    – Je ne sortais jamais de la chambre de la tour est. La porte en était verrouillée. C'était une jolie pièce, bien chauffée à l'hiver. Cette femme, une très jolie dame, montait souvent afin de m'enseigner la lecture et l'écriture. J'avais ordre de remettre mes gants à cinq doigts avant qu'elle n'entre et de ne les retirer qu'après son départ. Elle s'installait toujours de l'autre côté de la petite table de travail, pour ne pas risquer de m'approcher trop…
    Tous avaient déjà entendu cent fois l'histoire d'Évrard. Pourtant, tous lui prêtaient attention, feignant de boire chacune de ses paroles, lui posant des questions parce qu'ils savaient qu'il s'agissait du seul moyen qu'avait trouvé le jeune homme d'atténuer un peu son chagrin.
    – Et quand c'est que t'as compris qu'c'était ta mère ? demanda Urdin.
    – Au fur et à mesure des semaines, j'ai vu son ventre s'arrondir. J'ignorais la raison de ce phénomène et m'en suis informé. Elle m'a expliqué de ce ton plat dont elle usait avec moi : « Je suis grosse, enfin. De ton frère, j'espère. Je prie chaque soir afin que Dieu ne nous éprouve pas une seconde fois. » Les mois passèrent. Un jour, ma mère ne vint plus.
    – C'était la délivrance ? l'encouragea Éloi.
    – En effet. Je ne l'ai jamais revue. Une vieille servante, dont j'appris qu'il s'agissait de son ancienne nourrice et de sa femme de confiance, la remplaça et me porta mes repas, déposant mon écuelle en me scrutant tel un animal dangereux. Quelques jours plus tard, comme je lui demandais pour quelle raison elle semblait soudain rayonner d'allégresse, elle me lança avec méchanceté : « C'est un mâle, bien vif et pas tordu, celui-là ! C'est pas trop tôt. » Je ne sais pas… à sa mine tout à la fois réjouie et mauvaise, je compris que quelque chose de terrible allait m'échoir.
    – Et ton père ? demanda Urdin.
    – Je ne me rappelle pas l'avoir jamais vu, sauf le dernier soir. Un homme très grand, puissant, qui ne m'a pas dit trois mots. C'est lui qui m'a pris en croupe de son destrier. Lui qui m'a conduit à la ville voisine où s'était installée une

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