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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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foire. Lui qui a versé la bourse et disparu aussitôt. (Évrard secoua la tête et avoua :) Mes bons amis, je sais bien que je vous rase les oreilles à ressasser cette histoire, et vous sais gré de l'écouter à nouveau en prétendant la découvrir. Toutefois, hormis vous, à qui pourrais-je confesser que ces gens de haut ont attendu de produire un second fils, sans difformité, pour se débarrasser de moi ?
    – Et tu n'les hais point ? s'indigna Sidonie. Nous deux avec l'Éloi, on les noierait volontiers dans leur merde, nos vieux ! Parce que, ces histoires de fées, c'est des balivernes ! D'abord, les fées, ça existe pas et, même dans le cas contraire, j'suis une fille 1  ! Elles m'auraient pas intervertie avec une rejetonne d'humaine si j'avais été une des leurs, parce que les filles des fées sont toujours belles. Y a que leurs garçons qu'elles changent, parce qu'y sont laids et mal fichus à dégorger.
    – Je ne les déteste pas. Ce ne sont pas eux qui sont responsables. C'est ce vilain tour du sort. Bah, ce qui est fait ne peut se défaire. Changeons de sujet. Je vous ai assez assombris. Mille grâces pour votre attention amie.
    Si, ce qui était fait pouvait parfois se défaire, songea Urdin. Cependant, il ne leur avouerait jamais, en dépit de la réelle affection qu'il éprouvait pour ses frères de misère. Il allait changer le destin de Claire, grâce au marché qu'il avait passé avec l'homme en noir.
    Sidonie cherchait fébrilement un sujet de bavardage plus léger, moins blessant, surtout. Elle s'accrocha au premier qui lui traversa l'esprit :
    – N'empêche, y a des sales carnes en ce lieu, mais y a aussi des bonnes dames. Cette sœur Clotilde, justement. J'suis sûr qu'elle rallonge nos rations, à cause qu'on travaille dehors dans l'froid et qu'elle a du cœur. L'abbesse aussi. Qu'elles soient bénies toutes les deux.
    – Elles le sont, affirma son frère, d'un ton convaincu. Pas comme cette vile crapaude. Ferrand la fouine ! Faut y prêter garde à c'te peste-là, j'vous l'dis. Elle mijote un sale coup dans sa vilaine tête tordue.
    – Comme quoi ? demanda Urdin.
    – J'sais pas au juste, compagnon. C'que j'sais, c'est qu'à chaque fois que je m'suis r'tourné aujourd'hui, elle collait à mon cul, en furoncle qu'elle est. Pourtant, avant, elle s'écartait au plus loin, comme si j'puais si fort que j'lui en ôtais le souffle.
    – En ce cas, intervint Évrard, nous devons redoubler de prudence pour protéger Claire. Personne ne doit la trouver.
    – Tout juste, mon gars, approuva Sidonie.
    – Le premier qui touche à Claire, j'l'crève comme le rat galeux qu'il est. Bonne sœur ou autre ! cracha Urdin, soudain venimeux.
    – Mieux vaut prévenir et se débrouiller pour que nul n'apprenne sa présence en l'abbaye, le calma Évrard. La meilleure solution consiste à surveiller à notre tour la portière afin de lui couper l'herbe sous le pied.
    L'homme-loup se tourna vers le nain et demanda d'une voix tendue :
    – Éloi, faut que j'la voie. J'sais que c'est ton secret, mais faut que tu l'partages. J'peux pas passer par le soupirail, j'suis trop grand et large. Où c'est que c'est, la deuxième entrée ? supplia presque Urdin.
    Le manque de Claire, de son sourire, lui faisait parfois monter les larmes aux yeux. Pourtant, il l'avait vue, l'avait serrée contre lui peu auparavant. L'enfante était devenue au fil des mois son unique raison de continuer, de ne pas imiter Évrard en mettant un terme définitif à une vie qui n'était que peine et fureur. Dès qu'il la voyait, sitôt qu'il frôlait sa joue ou son front, une douceur puissante comme une lame de fond faisait taire en lui tout ce qui souffrait, tout ce qui hurlait. Il respirait enfin. Il vivait enfin.
    Le nain croisa ses bras musculeux sur son torse, bouche froncée sur son silence.
    – Allez… Qu'est-ce tu crois ? On sait bien que t'es fortiche, depuis l'temps. On sait bien que t'es malin comme pas deux. Tu peux bien leur dire, le gronda sa sœur avec gentillesse.
    Elle connaissait le secret du passage, l'ayant emprunté afin d'aider son frère à meubler la chambre souterraine de Claire. Le nain hésita encore un instant, puis se décida :
    – Bon… n'empêche, ça pas été facile de l'découvrir. Fallait en avoir, là-dedans ! insista Éloi en désignant son crâne dégarni du bout de l'index
    – Nous nous en doutons, compagnon, puisque nous n'y avons pas pensé un instant, le flatta

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