Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
raison, réfléchit Urdin.
    La perspective de revoir le front et les joues de sa princesse dévorés de cloques suintantes et d'irritations le rendait malade. De plus, s'ils étaient contraints de partir, qui pouvait dire qu'ils ne seraient pas séparés ? Les uns rachetés par des montreurs de foire, les autres jetés dans un cul-de-basse-fosse au prétexte d'un chapardage de miche de pain ou de fromage. La cohésion de leur groupe de déshérités, lié par une véritable amitié mais également par la certitude que l'on survit mieux lorsque l'on se serre les coudes, tranquillisait Urdin. S'il lui arrivait malheur, s'il ne pouvait plus s'occuper de Claire, les trois autres prendraient la relève sans faillir. L'enfante ne serait jamais abandonnée à elle-même et c'était la seule chose qui importait. Livrée à elle-même, Claire ne pourrait pas résister plus de quelques jours. De surcroît, ils devaient rester céans jusqu'à ce que l'homme en noir retrouve ce qu'il cherchait si désespérément. Ensuite, Claire serait guérie. Elle ne mourrait plus. Jamais. Le reste serait alors de peu d'importance.
    Éloi martyrisait la bille sur laquelle il était assis à califourchon de petits coups de hache, le front plissé de concentration.
    – Bon, ben alors, y a pas à tortiller. Quand l'Urdin ira rejoindre Claire, l'un d'nous l'suivra et fera le guet pour être sûr que c'te verrue de bénitier lui colle pas au cul. Du coup, l'gars Urdin est prié de pas s'éterniser sous terre pour pas qu'on s'la gèle. J'sais pas pour vous autres, messeigneurs, mais dans mon cas, c'serait vraiment dommage !
    Urdin lui balança une grande claque amicale sur l'épaule et sourit :
    – Et modeste ! Ben, tu d'vrais p't-être proposer tes services à la portière. P't-être qu'elle deviendrait plus affable avec nous autres.
    Éloi, le visage crispé de répulsion, se plia sur le côté, faisant mine de vomir.
    Redevenant sérieux, l'homme-loup déclara d'un ton sans appel :
    – Pour le reste, personne me suit ! Si j'me fais r'pérer, c'est pas la peine qu'un de vous autres plonge avec moi. Et puis, ajouta-t-il sèchement, j'suis pas une pucelle ! J'ai pas besoin qu'on me tienne la main ! Compris ?
    Tous acquiescèrent en silence.
    D'humeur sombre, assise sur son lit de l'hostellerie, Alexia de Nilanay remâchait son isolement.
    Un coup léger porté contre sa porte la fit sursauter.
    Marguerite Bonnel pénétra, les yeux rougis des sanglots qu'elle s'autorisait une fois seule. En dépit du chagrin que lui causait l'affreux trépas de sa tendre sœur de sang, elle venait s'enquérir de la bonne santé de madame de Nilanay. Le cœur d'Alexia se serra et elle se précipita, mains tendues, vers la femme jadis si gaie qui luttait contre les larmes.
    – Ma chère bonne Marguerite, je ne sais que vous dire, si ce n'est que je partage votre peine. Rolande, vous le savez, m'avait offert son amitié. J'éprouvais une grande affection pour elle.
    La femme entre deux âges baissa le regard et ses joues tremblèrent lorsqu'elle demanda d'une voix hachée d'émotion :
    – Mais… qu'avez-vous découvert au juste en la chapelle Saint-Augustin ?
    – Je ne puis vous le décrire, ordre formel de madame notre mère. Quand bien même ne l'aurait-elle pas exigé, je vous conjure de ne pas chercher plus avant, en tendresse.
    – Était-ce donc épouvantable à ce point ?
    Ce fut au tour d'Alexia de baisser les yeux. Elle s'en voulut d'être incapable de mentir à cette femme dévastée. Offrir un mensonge de compassion est un acte de véritable générosité. Elle ne le pouvait. Marguerite était une femme solide, une femme qui se tenait droite face à l'adversité, en dépit de la souffrance qui ternissait son regard. Mentir eût été inacceptable dans son cas. Elle tenta une bien piètre dérobade, tout en s'en voulant d'y avoir recours :
    – Il nous faut, pour l'amour d'elle, nous souvenir de Rolande telle qu'elle était. Bonne, scrupuleuse, fiable, vive d'esprit. Son âme repose en très grande paix.
    Marguerite hocha la tête en admettant :
    – Vous avez belle raison. Toutefois, c'est là que je n'y comprends goutte, pourquoi s'en prendre à Rolande qui n'a jamais blessé âme qui vive, pas même involontairement ? (Elle parut réfléchir et ajouta :) Voyez-vous, ma chère, je crois que l'imagination du pire me ronge davantage que ne le ferait la vérité.
    Alexia de Nilanay songea que Marguerite, qui avait vécu presque

Weitere Kostenlose Bücher