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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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charmante, tant pis pour eux.
    – Pourrions-nous les examiner ? insista Mary.
    – Certes, certes, s'affola l'autre. Où avais-je la tête ?
    Elle se précipita vers les tringles scellées entre deux murs opposés, auxquelles était suspendue une armée de vêtements, vérifiant les étiquettes qui pendaient d'un col ou d'une manche, tout en poursuivant :
    – Mes sœurs, avec tout mon respect, et bien que j'ai ouï dire qu'une enquête était en cours, je mettrais ma main au feu qu'il s'agit du crime d'un vagabond, entré à la faveur de l'ouverture d'une porterie, ou même d'un serviteur laïc libidineux et ivre. Personne ne pouvait en vouloir à Blanche. Un ange. Tout le monde l'adorait. Elle ne savait que faire pour rendre service. Et quelle joie elle abritait en elle. Quelle joie !
    Hermione fixa le bout de ses socques qui dépassaient de sa robe. Mary de Baskerville encouragea la maîtresse de noviciat d'un chaleureux sourire.
    – Ah, voilà, voilà ! Nous avons donc un touret de laine parme retenu par une barbette 1 de soie grise, une robe d'épais cendal prune à manches justes 2 avec coudières 3 de soie grise afin de rappeler la coiffe. Un mantel de laine du même gris que les coudières, doublé de zibeline. Enfin, une ceinture avec fourreau suspendu de daguette 4 , en fin cuir tressé d'une chaînette d'or, terminée de perles. Une magnifique parure, déclara-t-elle d'un ton rêveur. Se reprenant, elle ajouta, un peu gênée : car on peut être moniale et avoir l'œil pour les belles choses.
    – Si fait, c'est même une obligation. L'art et la beauté nous viennent de Dieu. Les ignorer ou les mésestimer serait d'une rare outrecuidance, approuva madame de Baskerville.
    – Vous remarquerez comme tout est bien préservé. Je veille personnellement au remplacement des sachets de myrte, de cèdre et de cannelle qui repoussent tous les vils insectes dévoreurs de précieux tissus.
    – Judicieuse précaution, acquiesça Hermione, que cette conversation commençait à distraire.
    – Je me souviens très bien que Blanche était arrivée avec de forts beaux bijoux, déclara Suzanne Landais en pointant de l'index en direction d'un coffre bombé, renforcé d'arceaux de métal.
    Elle récupéra l'une des clefs du trousseau pendu à sa ceinture et souleva le couvercle massif. Elle entreprit de sortir une légion de petits sacs de toile, noués avec soin et étiquetés eux aussi. Enfin, elle s'écria :
    – Ah, le voici !
    Elle en renversa avec précaution le contenu sur le sol dallé. Des bagues, des bracelets et un sautoir glissèrent dans un fragile cliquetis. Les deux apothicaires se penchèrent vers le petit monticule scintillant.
    Poussant les bijoux du bout des doigts, Mary détailla :
    – Un anneau de pouce, serti de perles grises et noires. Deux bagues d'index, l'une en topaze, l'autre en émeraude. Une bague de majeur, une petite merveille de rubis et de saphir. Une bague d'auriculaire, avec une large pierre noire, de l'onyx, peut-être. Attendez, je crois bien qu'elle est gravée.
    Mary récupéra le bijou et l'examina, Hermione penchée sur son épaule.
    – Une intaille. On dirait un cercle, hésita Mary de Baskerville en plissant les yeux.
    – C'est un serpent qui se mord la queue, à peine entaillé, presque invisible.
    – Tant de symboles sont liés au serpent, bons ou mauvais.
    Mary de Baskerville serra la bague au creux de sa paume et s'intéressa aux derniers bijoux étalés au sol, qu'elle ramassa.
    – Trois bracelets d'or et d'argent et un long sautoir de gouttes d'améthyste serties dans des anneaux d'or, auquel est suspendu une miniature dessinée sur nacre… représentant Blanche, à n'en point douter. Ma chère Suzanne, me permettez-vous de conserver l'intaille quelque temps afin de la montrer à notre mère ? Elle vous sera bien vite restituée.
    – Si fait, si fait, s'empressa la maîtresse de noviciat.
    – De plus, voudriez-vous avoir l'extrême obligeance de faire porter par une servante laïque tous les vêtements de notre défunte novice dans son bureau ?
    En dépit de son étonnement devant une telle requête, Suzanne Landais acquiesça.
    Hermione de Gonvray jeta un regard surpris à l'Angloise, se demandant en quoi des atours de dame vieux de plusieurs mois pouvaient l'intéresser. Un sourire taquin lui répondit.
    Lorsque Mary de Baskerville, flanquée d'Hermione, rejoignit le bureau du palais abbatial, Alexia de Nilanay venait de remporter une

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