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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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présupposés soient fondés et résumons-les… avec votre permission, ajouta l'ancienne apothicaire en jetant un regard à Mary de Baskerville.
    Celle-ci opina d'un amène mouvement de tête en l'encourageant :
    – De grâce, chère sœur et consœur.
    – Donc, reprit Hermione de sa voix lente et grave, nous sommes maintenant presque certaines que, d'une façon ou d'une autre, le meurtre de Blanche était une vengeance. Pour occire quelqu'une de la sorte, il faut que le ou la meurtrière ait jugé la faute commise par la novice extrêmement grave. (Hermione marqua une courte pause. Un si long discours lui était inhabituel.) Le genre du meurtrier est encore sujet à caution : un homme seul et de belle force ou plusieurs femmes. Grâce aux confidences de cette jeune Henriette Masson – puisque madame de Baskerville est certaine de sa sincérité et de son discernement – nous avons appris que Blanche/Anne n'avait rien du doux ange dont toutes chantaient les louanges. Il semble bien qu'elle ait été versée dans les pratiques de sorcellerie, ou à tout le moins de magie noire.
    – Encore une fois, ma chère Mary, vous n'avez aucun doute sur les révélations de cette jeune fille ? interrompit Plaisance de Champlois.
    – Non pas, ma mère. Elle disait vrai, sans exagération.
    – Quel effroi rétrospectif, murmura l'abbesse. Penser que nous avions accueilli une serpente en notre sein ! Poursuivez, Hermione.
    – Pourquoi une telle femme, fort joliment tournée de surcroît, rejoindrait-elle le cloître ?
    – Afin de se repentir et faire amende honorable, risqua Plaisance sans conviction.
    – En continuant de se signer à l'envers et en manifestant un contentement malsain devant le sacrifice d'un animal ? demanda madame de Baskerville, paisible.
    – Selon moi, reprit Hermione, madame de Cerfaux se cachait, sous un nom d'emprunt. Ses… poursuivants, ennemis, que sais-je, appartenaient-ils au siècle ou à l'Église ? Étant entendu le lieu où elle a choisi de se terrer, j'opterais pour la deuxième solution.
    – L'Inquisition ?
    – C'est aussi une des deux hypothèses à laquelle j'en suis arrivée, approuva Mary de Baskerville.
    – Quelle est la seconde ? la pressa l'abbesse.
    – Elle cherchait quelque chose céans.
    – Quoi ?
    – Je n'en ai nulle idée. Il ne s'agit que d'une intuition.
    Hermione reprit :
    – Le moyen de vérifier notre première supposition, l'Inquisition, serait donc de consulter le registre des procès en cours ou des arrestations prévues de la maison de l'Inquisition d'Alençon ou d'Angers. Blanche se prénommait vraisemblablement Anne. En s'aidant de la date de son arrivée aux Clairets, je ne doute pas que nous pourrions remonter jusqu'à elle.
    – À ceci près que rien ne prouve que l'une de ces deux maisons de l'Inquisition ait été sollicitée pour éclaircir son cas. Blanche/Anne pourrait parfaitement avoir effectué un long périple pour être certaine de distancer ses ennemis. Ajoutons à cela que, avec cette neige d'une rare obstination, aucun messager ne se risquera à parcourir une lieue. Il faut toute la détermination d'un monsieur de Villanova pour braver les intempéries qui nous coupent du monde. À ce propos, sommes-nous toujours sans nouvelles de lui ? demanda l'Angloise.
    – Oui-da, la renseigna l'abbesse. Je l'attends de pied ferme. Souhaitons seulement qu'il n'ait pas péri de froid, ou qu'une bête affamée ne se soit pas jetée sur lui. Selon notre chasseur, on aurait vu des loups aux portes des villages avoisinants. Le gibier se fait rare. Ils s'enhardissent afin de chercher de la nourriture.
    – Espérons-le, en effet, acquiesça Mary d'un ton de courtoise indifférence qui lui valut un regard appuyé de Plaisance de Champlois.
    Celle-ci ne parvenait toujours pas à cerner la personnalité de sa nouvelle apothicaire.
    Hermione de Gonvray, que la santé d'Arnoldus de Villanova ne semblait pas non plus préoccuper outre mesure, revint à leur conversation en s'adressant à sa consœur :
    – Vos réserves sont justifiées, ma chère. Nous n'avons, pour l'instant, aucun moyen de remonter la piste du tueur en nous servant du passé de la prétendue Blanche de Cerfaux.
    – A-t-on songé à fouiller les effets qu'elle a abandonnés avant de passer la robe de novice ? s'enquit Plaisance.
    Les deux apothicaires se consultèrent du regard, un air de même consternation sur le visage.
    – Sotte que je fais !

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