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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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s'exclama madame de Baskerville d'un ton fort mécontent. Comment ai-je pu omettre cela ?
    – Sottes que nous faisons, rectifia Hermione de Gonvray, puisque je n'y ai pas plus songé que vous.
    Les deux femmes se levèrent dans un bel ensemble. Soudain urgente, Hermione lança :
    – Avec votre permission, ma mère, nous allons réparer cette bévue au plus preste.
    Feignant de lire son psautier en marchant à pas lents, Agnès Ferrand ne quittait pas du regard les deux odieux contrefaits qui s'activaient devant les fours et la boulangerie. La hargne brûlait en elle. Hargne destinée à ces quatre monstres répugnants, hargne contre cette gourde d'abbesse qui ajoutait la cécité à l'imbécillité. En effet, fallait-il être aveugle et bête pour ne pas comprendre que si Dieu, dans Son infinie sagesse, dans Sa très grande bonté, affublait certaines créatures de vices physiques évidents, c'était afin de permettre à Ses créatures chéries de les reconnaître aussitôt et de s'en méfier ! Mais non ! Plaisance de Champlois, elle, les recueillait au prétexte de charité chrétienne. Le monde allait à vau-l'eau ! Agnès avait entendu dire que certaines cours d'Europe engageaient des nains qui réjouissaient les convives de leurs bouffonneries ! Ahurissant ! Grotesque ! Une sorte d'inquiétude mâtinait le courroux de la portière. La neige n'allait pas persister indéfiniment. Il lui fallait récolter au plus vite des preuves contre les malformés. Au besoin, les exagérer, voire les tordre de façon à les rendre accablantes et, si possible, menaçantes. Jusque-là, ces abrutis n'avaient rien fait qui puisse lui permettre de bâtir une démonstration à leur désavantage. Un détail la chiffonnait pourtant. Depuis qu'elle avait décidé de ne plus relâcher sa surveillance, il s'en trouvait toujours un qui manque à l'appel. Aujourd'hui, c'était la femelle qu'elle n'avait pas vue depuis le tôt matin.
    Elle jeta un dernier regard en biais à Éloi et à Urdin, occupés à débiter des billes de bois. Quant au dénommé Évrard, elle ne voyait de cette monstruosité à apparence humaine qu'une silhouette qui s'activait dans la remise à bois. Rien ne se passerait. Elle décida de rebrousser chemin et de reprendre sa surveillance un peu plus tard. Elle allait devoir user de davantage de ruse. Le temps la pressait.
    Sidonie, dissimulée par la haie de châtaigniers qui dérobait le dépotoir à la vue, suivit du regard la retraite de la portière. Ce n'est que lorsqu'elle la vit longer le mur des celliers qu'elle rejoignit les autres, partagée entre l'appréhension et la colère.
    – Quel furoncle, celle-là ! s'exclama-t-elle.
    – T'y peux rien. C't'une mauvaise qui s'étouffe dans son fiel, commenta son frère.
    – Mais pourquoi qu'elle nous en veut tant ?
    – Parce que c't'un furoncle, justement. C'est sans doute plus facile pour elle de détester tout l'monde que de s'regarder en face. Vilaine surprise. Avoir une gueule de pustule bien mûre, tu t'rends compte ! pouffa le nain.
    – J'ai pas envie de rire, protesta la jeune fille. Et si elle nous surprenait quand qu'on va rendre visite à Claire ? J'crains pas trop pour nous autres qui passons par l'soupirail, mais pour l'Urdin qui doit sortir puis rentrer par la porterie.
    – T'en fais pas, Sidonie, la rassura ce dernier. J'me méfie d'mon ombre et j'rends visite à Claire qu'à la nuit, quand l'aut'punaise ronfle dans son dortoir.
    – Tu crois qu'elle fait des rêves cochons ? plaisanta Éloi.
    – J'sais pas. En tout cas, j'voudrais pas être à la place du pauv'gars, même en rêve !
    – C'que vous pouvez être bêtes, s'énerva Sidonie. Sérieux, j'suis inquiète !
    Évrard, qui s'était rapproché et écoutait sans rien dire depuis quelques instants, renchérit :
    – Sidonie a raison. Il ne faut surtout pas que l'on découvre que nous avons installé Claire à l'abbaye. Elles nous jetteraient dehors, ou pire. Que ferions-nous avec la princesse qui ne supporte pas la moindre lumière diurne ? Vous savez bien qu'une exposition, même brève, pourrait la tuer. L'abbaye, cette salle souterraine, est un endroit idéal. Il faut que nous puissions y demeurer. Notre sursis dure jusqu'aux beaux jours. D'ici là, tâchons de nous rendre indispensables et soyons doux comme l'agneau qui vient de naître. Je suis certain que l'abbesse parviendra à incliner la décision du chapitre à notre égard.
    – Ouais, Évrard a

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