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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Elle est faite de courage, de foi, de bon sens et de générosité vraie. Ici on sait garder fidélité sans se sentir esclave, servir sans se sentir
    1 Clé du Rouergue, Montsalvy était une ville de passage où l'on payait.
    amoindri... sans compter que certaines de nos filles sont bien jolies...
    On venait de tourner la corne du bois quand un filet de musique nasillarde et mélancolique vint jusqu'à eux et fit tressaillir de joie Bérenger.
    — Vous entendez, dame Catherine ? On nous joue un petit air de cabrette pour notre retour...
    Et, incapable de maîtriser son impatience, il piqua son cheval qui partit d'un élan. Catherine le suivit, entraînant Gauthier, mais le tournant franchi trouva son page arrêté auprès d'un petit bonhomme en sarrau brun, bossu et contrefait, que cependant il embrassait avec ardeur.
    — Regardez, dame Catherine ! s'écria-t-il en apercevant sa maîtresse, c'est notre innocent, c'est Étienne la Cabrette qui nous donnait la sérénade de bienvenue. Et il y a aussi Jacquot ! Eh bien...
    mais qu'est-ce que tu as ?
    Lâchant l'innocent il se tournait vers un jeune homme, vêtu lui aussi comme un paysan, et qui était j debout auprès de lui. Ce garçon, Catherine le connais- 1 sait bien car il était l'aîné des fils d'Antoine Malvezin, le cirier de Montsalvy, et pourtant, au lieu de venir à elle avec un sourire de bienvenue, il la regardait avec une sorte d'épouvante et... mais oui, avec des larmes dans les yeux !
    — Dame Catherine ! balbutia-t-il, dame Catherine ! C'est pas vrai !... fallait que ça m'arrive à moi !
    Bérenger déjà le secouait comme s'il cherchait à l'éveiller d'un cauchemar.
    — Enfin, Jacquot, ça ne va pas ? Bien sûr, c'est dame Catherine
    !... et c'est moi, Bérenger de Roquemaurel. On était amis avant mon départ.

    — Oh ! je vous reconnais bien, gémit le garçon. Mais que ce soit moi qui sois là quand vous arrivez, que ce soit moi qui doive...
    Le comportement de Jacquot était si extraordinaire que Catherine sauta à bas de son cheval et voulut s'approcher mais, à mesure qu'elle venait à lui, le jeune homme reculait et ses larmes redoublaient.
    — Jacques ! s'écria-t-elle impatientée. Venez ici ! Que signifie cette comédie ? Vous me regardez comme si j'étais le diable !
    — Non !... oh non, dame Catherine ! Croyez pas ça ! Mais... oh mon Dieu ! Faut que j'y aille !
    — Mais où ?...
    Toujours à reculons, sans cesser de la regarder et de pleurer, le jeune Malvezin allait prendre sa course vers la ville qui était en vue à présent. Ce que voyant, Gauthier lança son cheval, attrapa le garçon par le col de sa blouse et le ramena, gigotant, ses pieds touchant à peine terre, jusqu'à la jeune femme.
    — Chez moi, mon garçon, quand la maîtresse pose une question on répond ! Alors, tu vas t'expliquer bien gentiment si tu ne veux pas tâter du fourreau de mon épée. Qu'est-ce que tout ça signifie ?
    Jacquot regarda Catherine avec un mélange de désespoir et de crainte qui la bouleversa, se remit à pleurer, puis, finalement lâcha :
    — Il faut... que j'aille prévenir le corps de garde que vous arrivez !
    — Ça me paraît normal, commenta Gauthier, et il n'y a pas de quoi te mettre dans cet état.
    — Oh... oh que si ! Je... je dois prévenir pour qu'on ferme les portes de la ville devant dame Catherine.
    Il y eut un silence, si grand que l'on n'entendit même plus les respirations. Bérenger retenait la sienne et Catherine était suffoquée :
    — Quoi ?... exhala-t-elle enfin. Que l'on ferme... les portes devant moi ?
    C'est messire Arnaud qui le veut ! continua le malheureux visiblement au supplice. Oh, dame Catherine, je vous en supplie, m'en veuillez pas, je ne peux pas faire autrement ! Tous les jours, messire Arnaud envoie quelqu'un garder la route et on doit le prévenir tout de suite de votre retour. Celui... qui vous laisse rait approcher serait tué sur l'heure... lui et toute sa famille !
    Catherine eut un cri d'horreur :
    — Tué ? Avec toute sa famille ?... Mais c'est impossible ! Mais il est fou !...

    — Je... je crois que oui mais c'est pas ma faute... Et il faut que j'y aille ! On doit nous voir, de là-bas...
    — D'accord ! s'écria Gauthier. Je vais t'y ramener, moi, à Montsalvy, et tu vas pouvoir faire toutes les mauvaises commissions que tu voudras. Mais je vais entrer avec toi et ton messire Arnaud je vais aller lui dire ce que j'en pense !
    — Non, Gauthier ! Je vous le défends !... Lâchez

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