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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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jaune fusa d'une lanterne sourde, se mit à fouiller le tas de foin.
    — Vous êtes là, dame Catherine ?...

    L'instant suivant, la dame de Montsalvy et la femme de Noël Cairou, le maître toilier, s'embrassaient comme deux sœurs en pleurant comme des Madeleine.
    — Notre pauv' dame ! ne cessait de répéter Gauberte en serrant sa châtelaine sur son vaste giron, notre pauv' dame ! Si c'est pas une pitié de voir ça !...
    — Mais enfin qu'est-ce que tout cela veut dire ? s'écria Catherine quand la première émotion fut un peu calmée. Que s'est-il passé ici ?
    — Ici ? Pas grand-chose. C'est plutôt dans la tête de messire Arnaud qu'il s'est passé quelque chose !... On ne le reconnaît plus, au village. Pire qu'un loup, il est devenu !
    Avec un soupir à faire tomber les murs de bois, Gauberte se laissa choir dans le foin, réveillant Bérenger qui dressa aussitôt sa tête ensommeillée.
    — Tiens, le page ! Il vous est resté fidèle, celui- là ? C'est déjà quelque chose !
    Du geste, Catherine arrêta la protestation indignée du jeune garçon qui eût entraîné toute une polémique.
    — Racontez, Gauberte... et surtout dites-moi bien tout !
    Ayez crainte ! Je n' suis pas près d'oublier tout ça !... Quand messire Arnaud est rentré, la veille de la Chandeleur, on a commencé par le reconnaître, ou plutôt on ne l'a reconnu que d'un côté... parce que de l'autre il a une grande blessure qui le coupe en deux. Mais c'est pas seulement son visage qu'on a eu du mal à reconnaître. L'est plus le même, dame Catherine, l'est plus le même du tout ! Je crois que je le reverrai toujours comme je l'ai vu ce jour-là, franchir la porte d'Aurillac et descendre la grand-rue au pas de son cheval, sans regarder personne.
    « La neige était tombée toute la nuit et y en avait épais. Alors on était toutes dehors, à déblayer, à balayer. Et tout à coup, on l'a vu s'avancer, tout vêtu de noir, à son habitude, avec son grand manteau étalé sur la croupe du cheval mais tête nue. Alors on a lâché les balais, on s'est précipitées mais il nous a écartées en disant seulement : «
    Bonjour ! bonjour... » Pas un sourire, pas un regard ! Et les hommes qu'il avait avec lui nous ont repoussées tout de suite. Il était si sombre, si glacé qu'on a cru à un malheur. On a cru... qu'il vous était arrivé quelque chose et quelqu'un a crié : « Et dame Catherine ? Où est notre dame Catherine ?... » Alors il s'est arrêté, il a tiré son épée et il a crié... pardonnez-moi, not' dame, il faut que je dise tout ! Il a crié : «
    Le premier qui ose prononcer devant moi le nom de cette putain, je lui mets les tripes à l'air !... » Et puis il a continué son chemin avec ces étrangers sur ses talons. C'est alors qu'on a vu la femme...
    Le cœur de Catherine manqua un battement.
    — La femme ?... Quelle femme ?
    — Tout d'abord on n'a pas su. Elle était sur un cheval mais empaquetée, voilée avec en plus un capuchon qui lui descendait jusqu'au menton. Elle suivait sans rien dire et ils sont tous allés s'engouffrer dans le château qui s'est refermé comme un piège. Mais une heure après, nos hommes étaient convoqués dans la grande salle, comme autrefois, vous vous souvenez ? Ils y sont allés, conduits par notre bailli, Saturnin Garrouste... qui vous dit bien des amitiés, en passant ! Mais quand ils sont ressortis, ils pleuraient presque tous, sauf l'Antoine Couderc, le maréchal- ferrant qui roulait des yeux furibonds et crachait par terre comme s'il avait bu du poison. Messire Arnaud leur avait donné ses ordres devant la bande de ruffians de mauvaise mine qu'il a ramenés avec lui : quiconque vous permettrait d'entrer dans Montsalvy serait
    pendu immédiatement, qu'il soit homme, femme ou enfant ! Tous les jours, dès l'ouverture des portes, on devait envoyer un garçon veiller sur la route pour signaler votre arrivée afin qu'on referme ces portes et qu'on puisse vous préparer une réception dans les idées de votre gentil époux. Celui qui ne viendrait pas prévenir...
    — Je sais, coupa Catherine. Jacquot Malvezin m'a dit...
    — Alors moi j'ai décidé qu'on pouvait pas vous laisser tomber comme ça dans la gueule du loup et j'ai donné un petit mot d'écrit à Tiennou, l'innocent qui n'est pas si innocent qu'on pense et qui vous vénère presque autant que la Sainte Vierge depuis que - j vous avez failli mourir pour lui Lui, il est tout le temps dehors alors ça n'étonnait personne

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