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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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ce garçon... C'est un ordre, ajouta-t-elle si durement que l'écuyer finit par obéir. » Puis plus doucement : « Je ne veux pas être cause de la moindre effusion de sang... Tous ces gens d'ici, je les aime, je vous l'ai déjà dit !
    — Si c'est ça leur fameux courage ! On leur ordonne de vous chasser et ils s'exécutent sans rien dire ? Je commence à croire que le personnage du capitaine la Foudre tient fort au cœur de votre époux !
    Qu'allons-nous faire ? Rester ici ? Passer la nuit devant ces murailles, ces portes que l'on va refermer devant vous, comme si vous aviez la peste !... Regardez-le votre Jacquot ! Il court comme un lapin...
    Le jeune Malvezin, en effet, avait déjà atteint les maisonnettes et galopait vers le pont-levis. Avec un geste découragé, Catherine prit son cheval par la bride et gagna le couvert des arbres. Ce coup si brutal l'assommait, anéantissant sa joie, lui enlevant tout courage...
    Fallait-il qu'Arnaud l'ait prise en haine pour avoir donné des ordres aussi cruels, aussi impitoyables ? Tuer toute une famille si on la laissait approcher ? Tuer quelques-uns de ces gens de Montsalvy qu'il aimait, qui l'avaient vu naître, qu'il avait toujours défendus farouchement ? Mais que s'était-il passé ?... Et où étaient ses amis à elle : Josse et Marie Rallard qui avaient été ses compagnons d'aventures avant de prendre racine à Montsalvy ? Et l'abbé Bernard ?
    Et Saturnin Garrouste, le vieux bailli, et Gauberte Cairou, la plus forte commère de la ville et son amie dévouée elle aussi ? Et Sara... Si Arnaud pourchassait ainsi ceux qui aimaient sa femme, Dieu seul savait...
    L'angoisse qui lui tordit le cœur fut telle que, défaillante, elle se laissa tomber assise au pied d'un châtaignier non loin de l'innocent qui s'était remis à jouer de son instrument comme si de rien n'était.
    Gauthier, exaspéré, allait lui arracher sa cabrette quand, soudain, sans cesser de jouer, il tira quelque chose de blanc de sa poche et, d'un geste habile, le jeta sur les genoux de Catherine. Un morceau de papier.

    — L'est parti ! souffla-t-il— Personne peut voir ! Lire... Dame Catherine, lire... Etienne s'en va !
    Il se levait en effet et sans plus s'intéresser aux autres que s'il avait été tout à fait seul, reprit son chemin sans cesser de jouer son petit air aigrelet qui sentait la pluie et le feu de bois.
    Le papier portait quelques mots d'une écriture effroyable et d'une orthographe pire encore.
    « Allai a ma granjeu deu laitan. Vitte ! Jeu viain... »
    C'était signé : Gobairrete...
    Cet invraisemblable message que Gauthier contemplait sans comprendre rendit miraculeusement courage à la jeune femme. Que Gauberte sache écrire c'était déjà un événement et une nouvelle mais il y avait là en outre quelque chose de réconfortant :
    — La grange de l'étang, traduisit-elle pour ses deux compagnons.
    Ce n'est pas loin. Allons-y ! Gauberte dit qu'elle va venir. Allons, Bérenger, secouez- vous ! Venez... Elle dit qu'il faut y aller vite.
    Le jeune garçon, en effet, semblait changé en statue. Planté au milieu du chemin, il regardait la ville avec des yeux pleins d'horreur et d'indignation. Il tremblait comme une feuille, sous le soleil qui faisait briller les larmes sur ses joues.
    cachait la clef afin qu'elle pût se mettre à l'abri en cas de pluie. En arrivant avec ses jeunes compagnons, la jeune femme n'eut aucune peine à la trouver à sa bonne place.
    À l'intérieur il régnait une chaleur de four mais cela sentait bon le foin qui emplissait une grande partie du petit bâtiment et Bérenger alla d'un élan s'y jeter et s'y rouler comme s'il cherchait à intégrer son corps à cette masse odorante. Plus calmement, Catherine et Gauthier s'y assirent après avoir attaché les chevaux à l'abri des arbres et en avoir ôté les sacoches.
    — Le soleil se couche, dit l'écuyer. Cela m'étonnerait que nous allions plus loin ce soir...
    — Plus loin ? pourquoi irions-nous plus loin ? fit Catherine âprement. C'est ici ma terre, ma demeure. C'est ici que vivent mes enfants. Je ne veux pas m'en éloigner...
    Avec un soupir de lassitude, Gauthier jeta au sol les derniers sacs contenant leurs affaires personnelles.
    — Peut-être le faudra-t-il, ne fût-ce que pour mieux préparer votre retour... Vous ne pouvez pas camper ici...

    — Non, mais peut-être bien devant la porte de Montsalvy, et y crier et y réclamer justice jusqu'à ce que l'on m'entende enfin, que l'on

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