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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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que les ardeurs guerrières de ceux qui l'entouraient constituassent une évidente preuve d'affection puisque apparemment il n'était pas un homme présent qui ne fût prêt à rompre des lances afin de lui rendre son bonheur. Mais voilà ! Est-ce que défier Arnaud en lutte ouverte serait vraiment le bon moyen de réparer son ménage ? A mesure que le temps passait et que la réflexion lui venait, elle en doutait de plus en plus.
    Et puis elle avait appris, à ses dépens, que les décisions prises sous l'empire de la colère ne sont jamais bonnes.
    Elle le dit à Sara quand elle remonta auprès d'elle pour la nuit.
    — Si tous ces gens viennent ici dimanche, comme Renaud l'espère, j'ai l'intention de leur demander de ne rien faire. Cela n'aurait d'autre résultat qu'envenimer davantage encore les choses.
    — Pourraient-elles l'être davantage ? Ton charmant époux a juré de te chasser à coups de fouet si tu osais seulement reparaître devant lui...
    — Il ne sait ce qu'il dit quand il est hors de lui...
    — Peut-être mais, ne serait-ce que par orgueil, il serait très capable de le faire. Oserais-je te rappeler qu'il a bien failli te faire pendre haut et court ?...
    Catherine se laissa tomber sur le bord de son lit et, d'une main lasse, ôta la coiffe de mousseline, cependant bien légère mais dont le poids à cette heure lui semblait écrasant.
    — Alors, toi aussi, tu me conseilles de prendre la tête d'une troupe armée, d'une bande dont une partie sera sans doute animée des meilleures intentions mais dont une autre pourrait bien ne voir dans l'aventure qu'une excellente occasion de piller un peu Montsalvy dont la richesse fait envie, sans parler de ce que contient notre château ?
    En quelques gestes rapides de prestidigitateur, Sara défit les tresses de Catherine et se mit à lui masser la tête doucement d'abord puis de plus en plus fort.
    — Je te conseille de dormir, de te reposer et de réfléchir. Depuis hier soir tu n'as guère dû en avoir le temps. Bien sûr que non, je n'ai pas envie de livrer cette bonne petite ville à des appétits toujours difficiles à contrôler. Je veux seulement que tu essaies de voir les choses en face et surtout, surtout que tu cesses de ne croire ta vie possible qu'à travers ton mari. Ne peux-tu apprendre l'égoïsme, toi aussi ? Cela ferait tellement de bien à tout le monde car c'est toi, ici-bas, qui as charge d'âmes bien plus que lui !
    — Tu as raison, soupira Catherine. Je vais dormir. Ensuite je verrai peut-être plus clair. La nuit, bien souvent, m'a porté conseil...
    Elle n'y manqua pas, cette fois encore et, en s'éveillant au matin sous la caresse d'un rayon de soleil qui lui chauffait le bout du nez, Catherine avait acquis la certitude qu'elle ne devait pas accepter d'être ramenée chez elle par la coalition des barons du voisinage parce qu'elle risquerait d'y perdre l'amitié et la confiance des gens de Montsalvy. Les seuls hommes sur les pas desquels il lui serait permis de rentrer la tête haute, c'était l'abbé Bernard, coseigneur de la ville ou encore le seigneur suzerain d'Arnaud, Bernard d'Armagnac, comte de Pardiac et de Carlat plus connu de ses amis sous le sobriquet de Cadet- Bernard, parce que eux seuls possédaient l'autorité légitime.
    Et, quand vint le dimanche et ceux que Renaud de Roquemaurel avait conviés - car ils vinrent tous à l'exception du bailli des Montagnes qui était naturellement le plus important et de la dame de La Salle - la dame de Montsalvy après en avoir longuement conféré avec Sara, Gauthier, Josse et dame Mathilde, avait pris une décision et entendait s'y tenir. Elle le dit clairement quand, après la messe, tous se retrouvèrent réunis dans la grande salle de Roquemaurel autour des fouaces chaudes et du vin aux herbes qu'on leur servait en attendant le repas.
    — Il ne me sera jamais possible, messeigneurs, de vous exprimer la reconnaissance et l'émotion que j'éprouve à vous trouver tous ici réunis. Je veux y voir la preuve d'une amitié qui m'est précieuse entre toutes. Aussi, avant de vous donner mon sentiment sur l'affaire qui nous occupe je tiens à vous dire que, ce geste généreux, ni moi ni mes enfants ne l'oublierons jamais et que, tant qu'il nous restera un souffle de vie, vous pourrez compter, en retour, sur notre fidèle amitié...
    Elle s'arrêta un instant pour permettre à son regard de se poser sur chacun de ces visages si différents, jeunes ou vieux, beaux ou laids, mais de

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