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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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façon à ce que chacun puisse supposer qu'elle s'adressait à lui tout particulièrement. Les naïvetés de la jeunesse l'ayant quittée depuis beau temps, elle savait, à présent, le pouvoir de ses yeux couleur de violette et celui plus grand encore de son sourire. Mais quand elle regarda Archambaud de La Roque, celui-ci en profita pour remarquer :
    — Ce préambule n'est pas très encourageant, dame Catherine.
    Encore qu'il soit fort agréable à entendre.
    Devons-nous en conclure que vous n'êtes pas décidée à rentrer chez vous par la force de nos armes ? Ce serait dommage. Nous sommes tous prêts à mourir pour vous, ajouta-t-il galamment.
    C'était un très beau garçon d'environ trente-cinq ans, aussi brun que pouvait l'être Arnaud à qui d'ailleurs il ressemblait un peu grâce à un cousinage lointain ; mais ses yeux noisette avaient une douceur et un humour qui avaient toujours été fort étrangers au seigneur de Montsalvy. Et en dépit de ses propositions belliqueuses, c'était un lettré, un artiste et son aspect avait une élégance qui tranchait vigoureusement sur celui, beaucoup plus rude, de ses compagnons.
    Catherine lui sourit :
    — Je vous ai dit mon émotion, messire Archambaud. Mais il est vrai que je regrette la hâte affectueuse apportée par nos amis Roquemaurel à vous appeler aux armes. Ce sont moyens rudes et irrémédiables que l'épée, la lance et la hache et, avant d'y recourir, je crois qu'il faut d'abord épuiser tous les autres moyens, ceux qui sont sans danger pour quiconque. J'entends par là le raisonnement, la diplomatie, la patience, la prière...
    — Le jour où l'on verra Montsalvy sensible à ce genre d'arguments, je veux bien qu'on m'ôte la tête ! s'écria Gontran de Fabrefort qui était l'inséparable complice des Roquemaurel en beuverie, coups de mains et autres réjouissances hautement édifiantes.
    Aura raison celui qui sera capable de lui faire entrer son point de vue dans la tête à coups de masse d'armes.
    — Il aura peut-être raison mais mon époux sera mort et ce n'est pas ce que je souhaite ! répliqua Catherine sèchement. Comprenez donc qu'en parlant raison je veux surtout éviter que la mésentente s'installe par la suite dans la région. Messire Arnaud, mon époux, ne vous pardonnerait pas de vous faire mes champions. Vous êtes ses compagnons de bataille, ses
    amis de toujours et je ne suis après tout qu'une étrangère, même si je suis aussi sa femme.
    — En admettant que ce soit vrai, votre fils n'est pas un étranger, lui, coupa Hughes de Ladinhac, vieux seigneur aux cheveux blancs et au profil d'oiseau de proie. Or, son père manque à la loyauté en ramenant sur nos campagnes qu'ils ravageaient hier encore les écorcheurs de Béraud d'Apchier. Pardonnez-moi mes paroles, dame Catherine, mais la femme qu'il a ramenée ne nous intéresse pas.
    Chacun de nous est libre d'avoir une ou plusieurs concubines et il est peu de maisons seigneuriales sans bâtard. Mais en introduisant lui-même d'anciens ennemis dans sa ville, Montsalvy rompt le contrat féodal et ses vassaux sont en droit de le récuser. Or, comme ces braves gens en sont bien incapables, c'est à nous, ses pairs, qu'il appartient de lui rappeler ses devoirs.
    — Alors tous en groupe, tels que vous êtes, allez le voir et faites-lui entendre ce que vous venez de me dire !
    — Certains y sont allés parmi ceux qui avaient combattu avec lui sous Paris : Amaury de Roquemaurel, Fabrefort, La Roque...
    cela n'a servi à rien.
    — Montsalvy nous a clairement laissé entendre qu'il souhaitait nous voir nous mêler de ce qui nous regardait, soupira ce dernier, moyennant quoi nous continuerions à entretenir les meilleures relations. Il est bien certain que, seuls, sans quelqu'un d'autorisé nous étions sans pouvoir puisque l'abbé Bernard est réduit à l'impuissance. Mais vous êtes là à présent et vous possédez tous les droits légitimes de votre fils.
    — Peut-être... Cependant je ne veux pas dresser le fils contre le père. Pas encore tout au moins ! Ne pouvons-nous attendre un peu ?
    — Attendre quoi ? riposta âprement Jean de Méallet qui n'avait encore rien dit. Qu'Arnaud s'avise de votre présence ici... et cela ne saurait tarder, croyez- moi ! Qu'il attaque Roquemaurel avec sa bande, le réduise, vous reprenne et vous tue ?
    — Même s'il en arrivait là, il ne tuerait pas son fils...
    — Et, si vous le permettez, grogna dame Mathilde, je doute qu'il ait raison si

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