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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l'air.
    — Le frère Anthime, conclut Gauberte en reniflant, c'est pas l'abbé Bernard ! Lui, le pauvre saint homme, il serait entré dans ce damné château pour voir ce qui s'y passait mais le trésorier, il pense autrement : il s'est contenté de faire enclouer la porte, entasser devant une montagne de madriers et boucher le souterrain qui donne sur la vallée pour que rien, et surtout pas le mal maudit, puisse sortir du château.
    Brusquement, Catherine se releva. Elle était devenue aussi blanche que sa robe de toile.
    — Enclouer la porte ? Mais... et mon époux ?... Et messire Arnaud
    ?
    Gauberte eut un geste d'impuissance en détournant les yeux.
    — Il est dedans !... souffla-t-elle enfin... mais il est peut-être déjà mort à cette heure. Ça va vite, la peste, dame Catherine, terriblement vite !... Le frère Anthime a dit qu'on n'ouvrirait le château que dans quarante jours... et pour y mettre le feu ! Qu'est-ce qu'on va faire, dame Catherine ?...
    Elle recommençait à pleurer, s'accrochant à la robe de la jeune femme qui ne semblait plus l'entendre. Le regard perdu, Catherine imaginait l'horreur de ce château enfermé dans l'étau de la peur, de ces gens qui mouraient à cette heure dans d'atroces souffrances. Elle vit, comme s'il était devant elle, son époux couché à terre, râlant et pourrissant tout vivant sans même le secours de Dieu. Et devant cette image effrayante Catherine oublia tout le mal qu'il lui avait fait, qu'il allait peut-être lui faire encore...
    Brusquement l'horreur en elle se changea en colère. Tournée vers la longue file des fuyards elle cria :
    Ce que vous allez faire ? Je n'en sais rien !... Qu'aviez-vous besoin de quitter vos maisons puisque le frère Anthime a si bien pris soin de Montsalvy en condamnant à mort votre seigneur ? Allez où vous voulez... à Saint-Projet par exemple ! Il y a là des moines, des nonnes qui vous aideront peut-être. Moi, je retourne là-haut... » Puis faisant volte-face vers le château, elle interpella Renaud dont l'immense silhouette s'érigeait entre deux créneaux : « Envoyez- moi un cheval et dites à Sara de me faire descendre tout ce qu'elle peut de remèdes.
    Je vais à Montsalvy !
    — Vous êtes folle, Catherine. Vous n'en sortirez pas vivante.
    — C'est ce que nous verrons. Faites ce que je vous demande. Je ne laisserai pas mourir le père de mes enfants sans avoir tenté l'impossible pour le sauver.
    — Mais il doit être déjà mort. La peste va...
    — Très vite, je sais ! Mais je ne croirai à sa mort que lorsque je l'aurai vu.
    — Folle que vous êtes ! Vous dévouer pour cet homme ? Savez-vous qu'il veut vous répudier, vous faire arracher d'ici par l'official de Rodez et jeter à Vin pace comme adultère ? On fera votre procès et on vous enfermera jusqu'à la fin de vos jours tandis qu'il épousera une autre femme...
    Furieux, Roquemaurel avait jeté tout cela du haut de sa tour comme un panier de pierres, souhaitant que ses projectiles eussent assez de poids pour clouer Catherine au sol de sa terre. Mais elle ne broncha pas. Droite comme une lame d'épée, elle releva la tête plus haut encore puis, calmement, déclara :

    — C'est affaire entre Dieu et lui, mais tant que je serai sa femme je ferai mon devoir !... Allons, Renaud, assez causé ! Hâtez-vous de me donner ce que je veux... et puis prenez soin de mes enfants si je ne reviens pas.
    — C'est bon, dit Renaud. Vous allez avoir ce que vous voulez...
    Et il disparut du créneau.
    Un moment plus tard la poterne s'ouvrait de nouveau, livrant passage cette fois non à un cheval mais à trois mules aux flancs desquelles pendaient des paniers couverts de linges. Sur l'une de ces mules, Sara, aussi calme que si elle s'en allait au marché vendre des choux, était assise.
    En l'apercevant, Catherine fendit le cercle suppliant qui l'entourait en l'adjurant de ne pas se sacrifier inutilement, courut à elle et l'apostropha :
    —
    Que fais-tu là ? Rentre ! Je ne veux pas de toi ! Ton devoir est de t'occuper des enfants.
    —
    Mon devoir est et a toujours été de te suivre où que tu ailles. La dernière fois, tu es partie sans moi et cela ne t'a pas tellement réussi il me semble ? Cette fois, je viens. Tu auras besoin de moi.
    —
    Je le sais parfaitement, mais les enfants...
    —
    Marie s'en occupera aussi bien que moi surtout avec l'aide de dame Mathilde qui m'en a fait promesse et qui les adore. Et puis cela sert à quoi de tergiverser ? Nous ne sommes

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