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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d'ailleurs était presque entièrement responsable de son entrée en religion. Il était donc inutile de relever son propos et les pensées de la jeune femme ne s'y attardèrent pas.
    Ce qu'elle cherchait à comprendre c'était la raison qui avait conduit Amandine à réduire Mathieu à un état si misérable puisqu'elle régnait déjà sur lui au point d'en avoir obtenu qu'il chassât de la maison sa propre sœur. Il eût été plus simple de le tuer. A moins, bien sûr qu'il fallût à tout prix le garder en vie le plus longtemps possible. Mais alors pourquoi ?...
    Voir II suffit d'un amour, tome I.
    Le dos étayé par de gros oreillers confortablement bourrés de duvet de canard, l'oncle Mathieu dévorait d'épaisses tartines de boichet1 qu'il trempait dans un bol de lait grand comme un petit saladier. Depuis qu'il était sorti de l'étrange sommeil dans lequel ses bourreaux le plongeaient dans la journée au moyen d'un mélange d'herbes, il semblait ne pouvoir se rassasier. Et il eût dévoré à longueur de journée si Catherine ne s'était gendarmée pour lui imposer des heures de repas régulières.
    — Il n'est pas bon de s'empiffrer après avoir souffert de la faim, mon oncle, prêchait-elle. Cela pourrait vous conduire à un engorgement dangereux capable de vous mener de vie à trépas.
    — Bah !... Pour ce que me réserve la vie, à présent !...
    — Il vous reste, grâce à Dieu, mon oncle, bien des moyens de vivre doucement le temps qu'il vous accordera encore. Vous serez vite remis sur pieds et vous aurez alors le choix entre plusieurs solutions.
    1 L'ancêtre du pain d'épices.
    Ou bien vous retirer à Marsannay, dans vos vignes où vous trouviez la vie si douce...
    — Tu me vois, tout seul à Marsannay... à présent que ma pauvre Jaquette, ta sainte mère à qui j'ai fait tant de peine, n'y reviendra plus
    ? J'y végéterais comme un vieux croûton...
    — Alors venez vous installer à Montsalvy. Le pays vous avait plu quand vous y êtes venu pour le baptême d'Isabelle. Vous fîtes même amitié avec Saturnin Garrouste, notre bailli et chacun serait heureux de vous revoir. Et puis il y a les enfants que vous verriez grandir...
    Mon petit Michel vous aime beaucoup...
    — Mais ton mari, lui, ne m'aime guère ! Je ne peux pas le lui reprocher d'ailleurs : c'est un seigneur, un guerrier et je ne suis moi qu'un ancien drapier... un rappel désagréable de ta condition première, ma fille ! Et puis c'est un grand voyage. Enfin, le climat est rude dans ton pays de montagne.
    — Eh bien, soupira-t-elle, il vous reste encore une possibilité : Loyse, je veux dire la mère Agnès de Sainte-Radegonde, vous offre de venir vous établir auprès d'elle dans une maison avec jardin que son couvent possède à Tart-le-Bas. Vous y seriez...
    — Aspergé d'eau bénite, enfumé d'encens et accablé de patenôtres du matin au soir et du soir au matin ! Madame l'abbesse ne m'a pas caché son sentiment en nous quittant ce matin : il est temps que je songe à demander pardon de mes péchés et à faire mon salut car je n'ai plus longtemps à vivre et, si je ne m'amende, messire Satan m'attend déjà en ricanant, en attisant ses chaudières et en remoulant sa grande fourche. Merci bien ! J'aime encore mieux périr de solitude à Marsannay ! Au moins il me restera mon vin !... Loyse me mettrait à l'eau claire et au pain sec du repentir !...
    L'entrée d'une petite femme, si petite que sa grande coiffe en toile de Frise empesée lui mettait le visage à mi-chemin des pieds, dispensa Catherine d'un nouvel effort de conciliation et elle se leva pour la laisser approcher du lit, non sans un secret sentiment de soulagement.
    Bertille, qui avait nourri de son lait Symonne-Sauvegrain dans sa petite enfance, lui tenait lieu, à présent, de femme de charge. Elle était connue de tout Dijon et cela lui conférait une sorte d'autorité.
    Pour l'instant, elle apportait un onguent qu'un valet venait de chercher à l'officine de maître Bourillot, le grand apothicaire du bourg, afin de soulager les nombreuses écorchures, dues à la vermine.
    Elle s'approcha du malade et jeta un regard scandalisé sur le plat qui avait contenu le boichet et qui ne contenait plus que le couteau.
    — Vous mangez trop, Mathieu Gautherin ! dit-elle sévèrement. Ce n'est pas que l'on songe à vous mesurer la nourriture, mais vous vous faites du mal.
    Sous sa crinière poivre et sel qui lui donnait assez l'air d'un vieux lion hargneux, Mathieu lui

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