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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Catherine.
    — Non. Il respire encore mais il est inconscient. C'est comme s'il était sous l'influence d'une drogue, dit Roussay. En tout cas, il n'est pas brillant et on dirait qu'il était temps que vous arriviez, les nièces !
    On va le porter dans la cuisine.
    — Je vais dire à la servante de faire chauffer de l'eau, dit Gauthier.
    Il faut le laver pour pouvoir l'examiner.
    — Entendu ! Occupez-vous de ça ! » reprit le capitaine avec un visible soulagement. Puis, se tournant vers Amandine qui faisait des efforts désespérés pour se libérer de la poigne de ses gardiens : «
    Alors, la belle ? Qu'as-tu à dire à ça ? Il a un drôle d'aspect, ton patron, pour un homme parti courir les grands chemins. J'imagine que tu vas nous dire qu'il s'est enfermé tout seul dans le poulailler et que tu n'en savais rien ?
    Elle cracha comme une chatte furieuse.
    — Croyez ce que vous voulez et allez au diable ! S'il est venu là c'est que le Diable l'y a mené ! Sur tous les saints du Paradis je peux jurer qu'on le croyait parti...
    — Vraiment ! Eh bien ! tu pourras jurer autant que tu voudras sur les outils de maître Arny Signart, notre tourmenteur-juré, ma jolie.
    Reste à savoir s'il te croira. Allez ! qu'on m'emmène tout ce beau monde à la maison du Singe 1 sans
    1 La prison.
    Oublier, bien sûr, le petit frère qui nous attend sagement dans la boutique. Moi, je vais de ce pas raconter l'histoire au vicomte mayeur.
    Deux soldats transportèrent le malheureux drapier auprès de. la cheminée de la cuisine désertée par la servante. Puis, tandis que Roussay emmenait ses prisonniers à travers les huées et les jets de pierre de l'attroupement qui s'était reformé spontanément dans la rue, les deux sœurs entreprirent de débarrasser leur oncle toujours inconscient de son cocon nauséabond avec l'aide de Marthon que Symonne Morel-Sauve- grain avait laissée tandis qu'elle rentrait chez elle pour en ramener des serviteurs et un brancard.
    — Vous ne pouvez demeurer dans cette maison, dit-elle à Catherine. Vous logerez chez moi. Votre oncle y aura tous les soins nécessaires et nous enverrons un gardien pour que la maison ne soit pas pillée.

    Elle n'avait rien voulu entendre des protestations de Catherine et les avait balayées d'un désinvolte mouvement d'épaules.
    — Ma maison est neuve et elle est immense ! En outre, elle est loin d'être pleine car mon époux se trouve actuellement à Gand auprès du Duc...
    Il n'y avait plus qu'à s'incliner.
    — L'hospitalité qu'elle t'offre est sans arrière-pensée, remarqua Loyse lorsque la belle nourrice eut disparu. C'est simplement un mouvement du cœur. Vois-tu, la duchesse Isabelle a fort bien choisi la nourrice de son fils car Symonne est certainement la femme la plus généreuse que je connaisse.
    En attendant, les deux sœurs détortillaient Mathieu plus qu'elles ne le déshabillaient car son emballage de draps et de couvertures pourris l'entravait au moins autant qu'il le recouvrait. Parfaitement inerte, le pauvre homme bien que très amaigri représentait encore un poids assez considérable et sans l'aide de Gauthier, elles n'y fussent probablement pas arrivées. Quant à Bérenger, pris d'une nausée, il était allé respirer dans la rue.
    Chez Catherine, la pitié et l'inquiétude dominaient le dégoût mais Loyse, elle, accomplissait son devoir de charité filiale avec une fureur qui grandissait d'instant en instant à constater l'état affreux de son oncle car, à mesure que les loques immondes étaient jetées au feu, le corps couvert de plaies se révélait d'une maigreur tragique.
    — Regarde-moi ça ! vitupérait l'abbesse en attrapant avec les pincettes de l'âtre un lambeau que Catherine venait de couper avec les grands ciseaux de la boutique. Regarde dans quel état ce vieux fou s'est laissé réduire par sa ribaude ! Ce n'est pourtant pas faute de l'avoir prévenu...
    — Je crois qu'il l'aimait... Tu sais, quand on aime, on ne voit rien, on n'entend rien, on ne comprend rien...
    — Je devrais savoir que tu es orfèvre en la matière ! susurra Loyse avec un regard oblique. Quant à moi je n'aurai jamais assez de grâces à rendre au Seigneur d'avoir daigné me protéger de telles turpitudes...
    Catherine choisit d'ignorer l'intention acide. Depuis la détestable aventure vécue dans sa jeunesse aux mains du boucher Caboche, durant l'insurrection parisienne de 1413', Loyse montrait, pour l'amour, une aversion proche de l'horreur qui

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