Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
chance de s'en tirer mais elle connaissait trop le démon qui la dévisageait de ses beaux yeux sans pitié pour savoir qu'elle n'avait rien à attendre de lui, rien que la pire cruauté...
    Même parvenue au fond du désespoir, elle avait trop de courage pour s'abandonner sans lutte. Une vague de dégoût et de haine qui s'enfla dans sa gorge la sauva de la peur et la remit debout, brûlante de colère. Et comme son gardien s'approchait pour la rejeter à terre, elle l'évita d'un saut de côté et levant la main, le gifla de toutes ses forces avant de se retourner vers Robert de Sarrebruck.
    — J'aurais dû me douter qu'un piège aussi bas ne pouvait avoir été tramé que par vous ! Car c'est un piège n'est-ce pas ? Les deux malheureux garçons que vous avez fait enlever sont morts, à cette heure, sans doute ?...
    — Morts ? Que non pas ! Vous avez fait suffisamment diligence pour qu'ils soient encore en vie... et entiers. On vous les amènera tout à l'heure. Je n'ai qu'une parole !
    — Une seule en effet ! lança Catherine méprisante, et comme vous n'en avez qu'une, vous la reprenez volontiers afin qu'elle puisse encore vous servir !
    Le visage lisse du seigneur bandit verdit subitement comme si le fiel de son âme s'infiltrait sous sa peau délicate.
    — À votre place je prendrais garde à ma langue, belle dame !
    Vous n'êtes guère en état de jeter l'insulte à qui vous tient en sa puissance... J'ajoute...
    — Finissons-en ! Que voulez-vous pour rendre la liberté à mes serviteurs ?
    Un lent sourire entrouvrit les lèvres du Damoiseau découvrant des dents blanches et pointues.
    — Moi ? Rien !...
    — Comment, rien ?
    Le sourire s'accentua tandis que, fouillant sous sa robe monastique, le beau Robert en tirait une petite boîte d'or qu'il ouvrit pour y prendre un clou de girofle dont il avait toujours sur lui une provision. Il se mit à le mâcher lentement afin de conférer à son haleine une douce senteur d'œillet.
    — Ma foi, non : rien ! Admirez mon élégance car je pourrais, vous tenant en ma puissance, me venger des désagréments sans nombre que je vous dois... depuis Châteauvillain. Eh bien ! non je n'en ferai rien.
    — Alors pourquoi m'avoir fait venir ici ?
    — Pour que justice soit rendue à quelqu'un qui, aujourd'hui, a beaucoup souffert par votre faute...
    Il claqua des doigts et, de la masse confuse des routiers et des truands qui encombraient le caveau, une femme vêtue de noir sortit et marcha vers Catherine d'un pas pesant. À son aspect, celle-ci sentit un frisson courir désagréablement le long de son dos. Le visage blême, les traits tirés, Amandine La Verne n'avait plus rien de l'accorte commère qui emplissait de ses minauderies la maison de Mathieu Gautherin. Les lèvres à demi retroussées sur ses dents comme une louve dont elle avait la maigreur tragique, elle s'enroulait d'un grand manteau noir, comme un spectre de son suaire.
    Au fond de leurs orbites creusées, ses yeux, comme deux quinquets sinistres, brûlaient des feux de la folie. Elle était effrayante et Catherine épouvantée se sentit perdue.
    Le Damoiseau qui observait les deux femmes avec un méchant sourire désigna Catherine de sa main blanche où une énorme escarboucle brillait d'un éclat sanglant.
    — Voilà celle que tu m'as demandée, femme. A présent tiendras-tu la parole donnée ?
    — Je la tiendrai dans un instant à condition que tu m'abandonnes entièrement cette garce qui a fait tuer mon homme. Me la donnes-tu ?
    — Que veux-tu en faire ? La tuer ?
    — Bien sûr... mais pas tout de suite, pas trop vite ! Il faut qu'elle me paie au centuple ce que j'ai enduré ce matin, au Morimont...
    Le cri poussé par Catherine lui coupa la parole.
    Cette femme est folle ! Ce n'est pas les tortures infligées à un vieillard sans défense que son amant a payées ce matin, c'est tout un passé de vols, de crimes et de fraudes et vous le savez très bien, Robert de Sarrebruck ! Vous savez cela, vous savez aussi qui je suis. Pourtant en vertu de je ne sais quel marché infâme vous allez me livrer à cette furie. Et vous osez vous dire chevalier ?...
    Le rire du Damoiseau passa sur ses nerfs comme une râpe.
    — La -chevalerie ? Ne me dites pas que vous croyez encore à ces vieilles lunes, pauvre sotte ! La chevalerie, de nos jours, ce n'est rien d'autre qu'un ornement, un peu ancien, un peu désuet mais toujours seyant. Cela impressionne la piétaille et fait rêver les filles. Voilà tout
    ! —

Weitere Kostenlose Bücher