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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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qu'ils croyaient morte et qui leur revenait miraculeusement ! A la suite de quoi ils avaient appelé autour d'eux les principaux seigneurs de Metz, qui avaient fait le voyage de Reims au moment du sacre, le seigneur Nicole Louve et une foule d'autres afin qu'ils reconnussent la merveille et partageassent leur joie. Et tous, avec ensemble, avaient reconnu cette jeune fille qui, pour gagner la Lorraine depuis la mystérieuse retraite où elle était demeurée cachée si longtemps, avait pris le nom de Claude mais que tous, à présent, nommaient Jehanne...
    — J'aurais bien juré qu'ils la reconnaîtraient tous, confia à Catherine Gauthier qui, cette fois, s'était chargé de l'enquête. Et savez-vous combien d'entre tous ces braves gens avaient déjà vu la Pucelle avant cette arrivée miraculeuse ? Un seul : ce messire Louve qui fut à Reims et qui vit Jehanne là-bas... ; d'un peu loin bien sûr ce qui ne l'empêche pas d'être formel : c'est bien Jehanne d'Arc !
    — Un seul ? Vous oubliez les frères ? J'ajoute qu'il y a là quelque chose de troublant, d'inquiétant... encore qu'il puisse s'agir d'une reconnaissance d'intérêt, destinée à ramener sur la famille d'Arc les générosités du Roi !

    — Peut-être, mais je croirais plutôt que les frères en question ne sont peut-être pas non plus les véritables mais des complices dûment stylés avec lesquels il aura été facile de s'entendre à l'avance.
    Souvenez- vous de ce qu'a dit le curé de Domrémy : la famille d'Arc habite une île à Orléans et elle y est pratiquement entretenue par les gens de la ville. Or, la prétendue Jehanne a fait chercher, ici, à Metz, ses frères « qui habitent dans la région... ».
    — En tout cas, il faut croire que la ressemblance est grande entre Jehanne et cette créature, soupira Catherine... Souvenez-vous que mon époux qui, lui, connaissait bien Jehanne, l'avait approchée, avait combattu à ses côtés, demeure persuadé que celle-ci est l'authentique Pucelle... alors qu'il a vu, de ses yeux vu, la véritable Jehanne dans les flammes du bûcher !
    — Il y a des ressemblances étonnantes... et il y a encore plus de gens qui meurent d'envie de croire au miracle ! Peut-être vous-même serez-vous prise, dame Catherine, si vous rencontrez cette femme !
    — Certainement pas ! Jehanne, je la connaissais bien, moi, beaucoup mieux que mon époux... Je suis même certaine que je pourrai confondre l'aventurière. Le tout est de la rejoindre... ce qui semble moins facile que je n'aurais cru, conclut Catherine avec un soupir.
    En effet, l'espoir de rejoindre la « Pucelle » à Metz s'était évanoui. Les gens de la ville étaient fort prolixes sur l'événement miraculeux de leur été mais ne pouvaient dire au juste où l'héroïne se trouvait présentement. Tout ce que l'on savait, c'était qu'elle avait été conduite à Arlon, chez la duchesse de Luxembourg qu'elle tenait essentiellement à voir, qu'elle y avait reçu le meilleur accueil, qu'on l'avait revue deux mois plus tard, casquée et cuirassée, brandissant un étendard qui était l'exacte réplique de l'original et qu'enfin, après une courte visite, elle était repartie en Luxembourg avec la bruyante troupe de seigneurs qui lui faisaient escorte...
    La nouvelle avait de quoi surprendre, même quelqu'un d'aussi persuadé que Catherine que l'on avait affaire à une imposture. La duchesse de Luxembourg était la tante par alliance de Philippe le Bon, lequel avait de grandes chances d'être son héritier car elle était sans enfant. Elle était aussi la cousine du fameux général bourguignon Jean de Luxembourg, sire de Beaurevoir, qui avait livré Jehanne d'Arc aux Anglais et il était difficile de comprendre ce qu'entendait faire auprès d'elle celle qui se prétendait la Pucelle.

    — Il n'y a rien à comprendre, conclut Gauthier philosophe, cela ressemble de plus en plus à une histoire de fous...
    Pourtant, cette ville de Metz qui se révélait si décevante pour Catherine allait tout de même lui offrir une bonne nouvelle, la première depuis bien longtemps : au cours de ses investigations, Gauthier trouva la trace du passage d'Arnaud de Montsalvy dans une auberge proche de l'église Saint-Thiébault. Deux hommes y avaient séjourné trois ou quatre jours deux mois plus tôt. L'un, que la servante interrogée décrivit comme étant « mi-soudard mi-valet », répondait assez bien au signalement de Cornisse. Quant à son maître « un seigneur très

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