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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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duchesse. Cette fois, elle n'avait plus du tout envie de rire.
    — Jehanne, fille d'Ysabeau? De cette putain d'Ysabeau ? L'ange fille de la boue ? Voilà ce qu'a trouvé votre soi-disant Pucelle, cette misérable créature qui ose se faire passer pour la plus noble, la plus sainte, la plus pure créature que Dieu ait jamais créée en dehors de la Vierge Marie ? Et il se trouve des gens pour croire à ces mensonges éhontés, à ces tromperies infâmes ? Des gens tels que vous ?
    — Madame ! Je vous interdis...
    — Vous ne pouvez rien m'interdire : je ne suis pas de vos sujettes, Altesse ! Comment une grande princesse, petite-fille et nièce d'empereur, a-t-elle pu ajouter foi à de telles infamies ?
    — Je n'ai ajouté foi qu'à la vérité ! Jehanne est arrivée ici escortée d'hommes qui tous l'avaient connue jadis, qui juraient et attestaient son identité. Pourquoi ne les aurais-je pas crus ? Je vous trouve bien impudente... et bien imprudente d'oser, vous une inconnue, venir ici pour me jeter un démenti aussi insolent et semer la discorde...
    — Je ne sème pas la discorde, madame la duchesse. Cette femme a, je le vois bien, su à merveille vous circonvenir et surprendre votre cœur. Mais moi, j'en jure Dieu, elle ne me circonviendrait pas, elle ne me surprendrait pas ! Dites-moi seulement où elle se trouve et je saurai bien lui arracher la vérité...
    L'indignation faisait la duchesse aussi rouge que sa robe. Tellement que Catherine se demanda si elle n'était pas en train de jouer sa tête mais, sur ce chapitre, elle n'avait plus rien à perdre. Cependant, d'une voix haussée de plusieurs tons, Elisabeth s'écriait :
    — Vous n'aurez pas loin à aller. Jehanne est ici même... Vous allez la voir et, à mon tour, je jure que vous ne sortirez pas d'ici sans avoir proclamé que vous en avez menti, que vous avez cherché indignement à salir ma protégée, sans avouer que vous n'avez agi que par une basse jalousie de femme abandonnée... Votre époux...
    — S'il plaît à Votre Altesse impériale, nous laisserons le comte de Montsalvy en dehors de ceci, fit Catherine froidement, et nous nous en tiendrons à cette femme. Si elle est ici, je supplie Votre Altesse de la faire chercher et d'ordonner qu'on l'amène ici même, dans ce lieu fait pour la prière, afin qu'elle y répète pour moi ses prétentions.
    — Soit !
    Elisabeth de Gorlitz frappa dans ses mains. La grosse femme qui avait introduit Catherine reparut.
    — La dame des Armoises doit être à l'armurerie, lui dit-elle en français. Va la chercher, Bathilde !
    — Encore un mot, ajouta vivement Catherine. Puis-je espérer que mon nom ne sera pas prononcé ? Il pourrait la mettre en garde.
    — Il ne le sera pas. Une fille de Dieu n'a pas besoin de ces mises en garde ! dit la duchesse avec un superbe mélange de hauteur et de dédain.
    L'oratoire, un instant, retomba dans le silence. La duchesse, oubliant délibérément sa visiteuse importune, était retournée s'agenouiller sur ses carreaux et priait de nouveau comme si elle était seule. Retirée dans l'ombre d'un pilier, Catherine la regardait, déçue.
    Elle avait espéré tellement mieux de la part de cette femme investie de puissance ! Plus de générosité, de grandeur et surtout de largeur de vues. Avec quelle facilité, quelle incroyable crédulité n'avait-elle pas accepté l'invraisemblable invention d'une aventurière, elle qui s'agenouillait si aisément devant un Dieu auquel cependant elle refusait le pouvoir d'accorder une étincelle de sa divinité à une humble fille des champs ! Parce que Jehanne avait commandé à des princes il fallait qu'elle fût princesse ! Parce que la légende était trop belle il fallait la ramener aux dimensions sordides d'une Ysabeau de Bavière !
    Quel manque de foi et quelle dérision !...
    Un pas autoritaire résonnant à l'extérieur de l'oratoire la tira de ses pensées amères. La porte s'ouvrit, une silhouette juvénile s'y encadra qui pouvait être celle d'un jeune garçon fastueusement vêtu de satin blanc et de velours bleu. Mais quand la silhouette s'avança dans la lumière, Catherine recula comme si une main invisible l'avait frappée et, par trois fois, en hâte, se signa, refusant de croire le témoignage de ses yeux car le visage de la nouvelle venue était celui-là même de Jehanne.
    Un instant, Catherine chercha son souffle. Une telle ressemblance était hallucinante. Elle ne pouvait venir que de Dieu... ou du Diable ! Rien

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