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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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messire, soupira-t-elle en se tournant vers l'écuyer ducal, je crois qu'il ne me reste plus qu'à vous suivre. Mais à deux conditions.
    — Lesquelles ?
    — Vous éloignerez cette escorte armée qui donne à votre ambassade une bien déplaisante couleur. Je la crois inutile du moment où j'ai décidé d'accepter... l'invitation !
    — C'est trop naturel ! Ensuite ?
    — Mes gens m'accompagneront et attendront la fin de l'audience pour me ramener là où je vais.
    — Je vais aussi avec vous ! s'écria Van Eyck.
    — J'aime mieux pas. Allez plutôt chez Symonne et demandez-lui si elle veut bien nous accueillir cette nuit. Eh bien, messire, vous ne m'avez pas répondu : puis-je me faire accompagner de mon écuyer et de mon page ?
    Courcelles haussa les épaules avec plus d'agacement que de courtoisie.
    — On ne m'a rien dit là-dessus mais les usages de la Cour vous y autorisent et moi je n'y vois pas d'inconvénient.
    — En ce cas allons ! A tout à l'heure, messire Jean, ajouta Catherine en appuyant intentionnellement sur le « à tout à l'heure ».
    Puis, serrant ses mains l'une contre l'autre comme elle avait coutume de le faire quand elle sentait venir un combat ou simplement un instant critique, elle tourna la tête de son cheval vers le palais et, sans même attendre Robert de Courcelles qui n'eut d'autre ressource que courir derrière elle, la dame de Montsalvy se dirigea vers la demeure de son ancien amant, bien décidée à n'en sortir qu'avec les honneurs de la guerre.
    — Ainsi, c'était bien toi ! Je ne m'étais pas trompé...
    Dans la galerie étroite, presque intime sous l'éclairage doux de ses hautes bougies rouges où Courcelles avait laissé Catherine en lui recommandant d'attendre, Philippe de Bourgogne venait d'apparaître et le temps, brusquement, s'abolissait à cause de ce ton familier, de ce tutoiement affectueux qui effaçait les années..
    Autre chose encore les abolissait : le fait que le Duc n'avait pas changé. Bien sûr il y avait seulement sept ans qu'ils ne s'étaient rencontrés, depuis la tragique entrevue devant Compiègne où Catherine avait, vainement, tenté d'obtenir la libération de Jehanne d'Arc. Philippe était toujours aussi mince, aussi blond, aussi noble d'aspect... Peut-être quelques plis légers s'ajoutaient-ils à sa bouche mais, en vérité, non, il n'avait pas changé et il semblait penser qu'il en allait de même entre eux... Aussi Catherine refusa-t-elle le rapprochement.
    Pliant le genou dans un profond salut qui maintenait les distances, elle murmura :
    — Monseigneur !...
    Repoussant le cérémonial qu'elle prétendait lui imposer, le Duc fut près d'elle en trois pas rapides, la prit aux épaules pour la relever avec une force irrésistible et la maintint à bout de bras pour mieux la regarder. Elle S'étonna du changement soudain qui s'était produit en lui. Le prince froid et solennel de tout à l'heure avait complètement disparu pour faire place à un homme heureux.
    — Cela existe donc les miracles ? s'écria-t-il chaleureusement.
    Voilà tant d'années, Catherine, que j'implore le Ciel de te ramener à moi ! Quand je t'ai aperçue tout à l'heure, quand j'ai compris dans un éclair qu'il m'avait enfin entendu...
    — Il ne vous a pas entendu, monseigneur : je ne vous reviens pas...
    Sur le point de l'attirer à lui, il s'arrêta, fronçant déjà le sourcil :
    — Non ? En ce cas que fait en Flandres la dame de Montsalvy... et sous des habits d'homme ?
    — Il y a bien longtemps que j'ai, pour voyager, adopté ce costume infiniment plus commode qu'une robe à traîne dans les longues chevauchées. Vous le saviez, jadis...
    — Soit ! Mais cela ne dit pas ce que vous venez chercher dans mes États, madame, puisque apparemment la pensée... affectueuse d'en visiter le prince ne vous était même pas venue. Répondez-moi franchement : si je ne vous avais fait chercher, vous aurais-je rencontrée ?
    — Non, monseigneur. Je ne me suis arrêtée à Lille que pour une nuit...
    Elle sentit alors qu'il s'éloignait d'elle. Le duc de Bourgogne venait de reparaître dans sa majesté distante et son humeur soupçonneuse. Cela n'arrangeait pas plus Catherine que l'empressement de tout à l'heure.
    Quelle raison valable lui donner de ce voyage ? Fallait-il à lui aussi en dévoiler la vraie raison, ressusciter encore une fois avec des mots l'horreur du Moulin-Brûlé, retrouver la honte, avouer qu'elle s'en allait à Bruges chercher l'avorteuse qui la

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