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La dottoressa

La dottoressa

Titel: La dottoressa Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Graham Greene
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un enfant. »
    Il me dit : « Quoi ? Tu attends un enfant ?
Mais dans ce cas l’histoire avec Maja ne tient plus. Je ne peux pas te faire ça. »
Et une fois rentré à la maison, il s’est assis pour écrire à Maja à Crémone et
lui dire qu’elle partirait toute seule pour l’Amérique, qu’il avait une femme
avec un fils, laquelle était de nouveau enceinte, et qu’il ne l’abandonnerait
pas. Ça a fait une de ces histoires ! Don Domenico était ravi. Gigi a dit :
« Je ne suis pas une canaille, non, ce n’est pas le genre de chose que je
fais. » Et moi je me demandais ce que ça changeait qu’il fasse ci ou ça, ou
ne le fasse pas. C’était un peu une désolation, oui, sans doute.
    Peu après, nous sommes partis… Aucune personne dans mon état
ne pouvait rester à Positano : tout y était extrêmement primitif, il n’y
avait même pas d’hôpital. Ce qui fait que nous sommes allés vivre chez les
beaux-parents de Bâle. C’était l’époque du carnaval, et malgré les conseils de
la belle-famille, j’ai voulu y aller, à leur Baseler Karneval, toute grosse et
énorme que j’étais, oui, et dès le premier dimanche après mon arrivée, j’ai dû
entrer à l’hôpital de la maternité de Bâle, et la petite fille est née. Ce fut
une naissance normale, cette fois, pas comme la première. Difficile, mais sans
intervention chirurgicale.
    Donc, nous vivions maintenant chez les parents de Gigi à
Bâle, et nous étions des gens mariés, avec enfants… La petite fille, on l’appela
Julia, Giulietta, et quand je suis sortie de l’hôpital et revenue chez mes
beaux-parents avec le bébé, Ludovico a été très malheureux à cause de cette
sœur. Il avait alors cinq ans et n’en voulait pas, de sœur. Ça ne nous a
frappés que lorsqu’on a monté la petite dans la chambre, pour la coucher. Il y
avait de très jolis rubans roses à son berceau, et quand nous sommes montés de
la salle à manger, nous avons découvert que Ludovico avait coupé tous les
rubans en petits morceaux, il n’en restait plus rien.
    La naissance avait eu lieu en mars 1921 ; trois
semaines plus tard, nous quittions Bâle pour nous rendre tout droit à Capri, et
à Anacapri.

DEUXIÈME PARTIE

LA TYPHOÏDE À CAPRI
    Voici comment il se fait que nous soyons allés à Capri. Ce
fut un coup de chance. Un de ces coups de chance comme il y en a toujours dans
ma vie. Ritzenfeld trouve sa juive qu’il ramène à Positano, et sa juive c’est
Frieda ; résultat : je vais à Positano avec Alfi, en route pour l’Afrique,
et je tombe sur Gigi en caleçon de rameur… Et de même pour Capri – simple
hasard, simple visite, cette première fois, et pour finir je devais y demeurer
plus de quarante années.
    Il faut savoir que parmi les relations de Gigi il y avait un
certain Italo Tavolato, qui vivait à Anacapri. Tous deux s’étaient pas mal vus
à Florence, et ce fut cet Italo Tavolato qui lui trouva une maison à Anacapri ;
c’est là que nous vînmes habiter, en plein sur la Piazza Caprile ; la
maison est toujours là, comme la place.
    Quel merveilleux mois de juillet – un rêve ! Nous
allions régulièrement nous baigner au pied du phare, moi portant la petite… et
là-dessus voilà que j’attrape la typhoïde, une très mauvaise typhoïde. Apparemment,
ça venait de l’eau de Pozzo, du lait coupé et de la grosse chaleur. Il y a eu
énormément de cas, et on a fait appel au professeur Rispoli. Mon mari travaillait
chez Lady Gordon Lennox ; il peignait des fresques. Et Lady Gordon Lennox
a déclaré quelle s’arrangerait pour qu’une religieuse, une des cordelières de
la Villa Helios, vienne me soigner ; chose dite, chose faite, la
religieuse en gris est venue veiller sur moi. En ce temps-là, la typhoïde était
sans aucun rapport avec ce quelle est aujourd’hui, où on a tous ces antibiotiques.
À l’époque on se contentait de vous faire absorber un peu de quinine, avec
trois quarts de litre de lait par jour et de l’eau minérale… oui, et de vous
donner aussi un brin d’espoir. Ce qui comptait le plus, c’étaient les soins. On
vous faisait des enveloppements contre la fièvre, qui était très forte, des
enveloppements de linges froids et humides autour du corps ; oui, c’est ainsi
qu’on traitait encore la typhoïde et la fièvre, comme au bon vieux temps.
    Ce fut affreux. Tout le jour. Gigi travaillait chez Lady
Lennox ; il rentrait la nuit venue. Je prenais bravement ma

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