La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon

l’intervention jalouse de ces divinités offensées. Il commençait lentement à sortir de sa stupeur pour se révolter ouvertement contre ce nouveau ciel et cette nouvelle terre qu’on lui avait imposés. Et, pendant ce temps-là, Akhénaton poursuivait son rêve à Tell el-Amarna.
    Le problème de la succession au trône revêtait donc une importance cruciale, et les intrigues allaient bon train. Comme il n’y avait pas d’héritier mâle, l’intérêt se concentrait sur un groupe de fillettes, dont l’aînée ne devait guère avoir plus de quinze ans à la mort de son père. Si jeune fût-elle, cette princesse, qui portait le nom de Méritaton, devait être mariée depuis quelque temps déjà, car, durant les deux dernières années du règne d’Akhénaton, nous trouvons son mari associé à la régence du royaume. Vaine tentative pour éviter la crise que même Akhénaton, ce rêveur invétéré, devait avoir pressentie. Méritaton ne goûta pas longtemps au pouvoir, son époux, Smenkhérê, étant mort peu après Akhénaton. Il est même possible, comme un certain nombre d’objets trouvés dans cette tombe l’attestent, qu’il soit mort avant lui, sans doute assassiné par une faction rivale. Quoi qu’il en soit, il disparut de la scène, et sa femme avec lui. La succession était ouverte.
    La seconde fille, Makétaton, était morte très jeune, sous le règne d’Akhénaton. La troisième, Ankhsenpaaton, avait épousé Toutankhaton – c’était son nom à ce moment-là –, le Toutankhamon que nous connaissons. Cette union avait-elle eu lieu du vivant d’Akhénaton ? Avait-elle été hâtivement conclue tout de suite après sa mort pour assurer la succession ? Nous ne le savons pas de façon certaine. Les jeunes souverains, en tout cas, étaient encore des enfants. Ankhsenpaaton, née dans la huitième armée du règne de son père, ne pouvait donc avoir plus de dix ans. Et nos dernières découvertes nous font penser que Toutankhamon n’était alors lui-même qu’un garçonnet. Toujours est-il que, durant les premières années du règne de ces deux enfants, le pouvoir dut être exercé par « une autorité compétente » et nous pouvons, sans trop nous tromper, mettre un nom sur ce personnage. Dans tous les pays du monde, en cas de succession douteuse ou fragile, il convient de prêter attention aux mouvements du dignitaire le plus puissant de la cour. En l’occurrence, c’était incontestablement Ay, le grand prêtre, qui cumulait toutes les fonctions importantes. Ay était un ami personnel d’Akhénaton, et sa femme, Ti, était la nourrice de la reine Néfertiti. Rien de ce qui se passait dans le palais ne leur échappait. Ay montera d’ailleurs sur le trône après la mort de Toutankhamon. La présence de son cartouche, dans la chambre funéraire de la tombe nouvellement découverte, nous apprend d’autre part que c’est lui qui a présidé aux cérémonies funéraires de Toutankhamon, même s’il n’a pas personnellement procédé à la construction de la sépulture. C’est un fait sans précédent dans la Vallée des Rois de trouver le nom du successeur sur les murs du monument funéraire d’un roi. Cela semble indiquer l’existence d’une relation spéciale entre les deux personnages et l’on peut avancer sans grand risque que Ay avait été en grande partie responsable du couronnement du jeune roi. Il est fort possible qu’il ait déjà convoité le trône à cette époque, mais que, ne se sentant pas assez sûr de lui, il ait préféré attendre et profiter des nombreuses occasions que lui procurait sa qualité de conseiller pour consolider sa position. Quand on sait que Ay fut lui-même supplanté par un autre grand dignitaire de la cour d’Akhénaton, le général Horemheb, alors qu’aucun des deux ne pouvait légitimement prétendre à la couronne, on peut admettre que cette courte période de l’histoire (de 1375 à 1350 avant J.- C.) fut particulièrement fertile en coups de théâtre.
    Mais tenons-nous-en aux faits. Que savons-nous vraiment de ce Toutankhamon qui nous est aujourd’hui si étrangement familier ? Presque rien quand on y réfléchit. Dans l’état actuel de nos connaissances, on ne peut rien affirmer avec certitude si ce n’est qu’il est mort et qu’il fut enterré ! De l’homme lui-même – s’il parvint jamais à l’état d’adulte – et de sa personnalité, nous ignorons tout. Quant aux événements qui se déroulèrent sous